L’Algérie ouvre les «frontières de l’espoir» à son voisin

La Libye à la recherche de son âge d’or

La Libye, un pays déchiré par la violence et des conflits civils complexes qui ont duré près de dix ans. L’échec de la démocratisation par la guerre a plongé le pays dans une crise politique, sociale et économique grave.

Aujourd’hui, les autorités de Transition, installées juste après la signature du cessez-le-feu permanent avec effet immédiat, en octobre dernier, tentent de reconstruire le pays et partent à la reconquête de leurs fidèles alliés, dont l’Algérie, qui se dit prête à l’accompagner dans la mise en œuvre de son escouade de relances économiques et sociales qui caractérisent trois grands blocs du plan de chantiers énergétiques, industriels et agricole. L’Algérie qui partage avec la Libye près de 1.000 km de frontière examine la réouverture des liaisons maritimes et terrestres (poste frontalier Deb Deb-Ghadamès), ainsi que l’éventuelle remise à jour et réactivation des accords de coopération signés entre l’Algérie et la Libye devant aider à faire démarrer les chantiers de réformes institutionnels et économiques, de concert avec les autorités algériennes.
Le succès de la période de Transition en Libye dépend en grande partie du succès de la réhabilitation des secteurs énergétiques, productifs, industriels et de l’investissement étrangers pour surmonter les difficultés financières du pays. L’Algérie a toujours tendu la main à son voisin pour l’aider à mieux gérer le douloureux héritage de la guerre qui a paralysé le pays pendant deux décennies. La visite inédite du chef du Gouvernement libyen d’unité nationale, Abdelhamid Dbeibeh, en Algérie avait une portée plus symbolique que politique. Cette visite s’inscrit, entre autres, dans le cadre du renforcement des liens de coopération économique et sociale, durant laquelle les deux pays ont échangé sur l’ensemble des questions d’actualité et des domaines d’intérêt commun.
Avant de quitter l’Algérie vers la Libye, M. Abdelhamid Dbeibeh s’est entretenu avec le président de la République, Abdelmadjid Tebboune qui a réitéré l’attachement de l’Algérie au dossier libyen, offrant ainsi un lot d’espoirs et d’attentes que le peuple libyen nourrit depuis des mois. Lors du «Forum économique algéro-libyen», organisé en marge de cette visite, plusieurs projets de coopération ont été remis à jour, à l’instar de la relance des investissements dans le secteur de l’énergie, de l’habitat, de l’agriculture et de l’éducation. Les participants à ce forum se sont accordés sur l’impératif d’accélérer «les mesures logistiques et techniques liées à l’opérationnalité du poste frontalier (Deb Deb-Ghadamès) pour le transport de marchandises en vue d’une ouverture officielle dans les plus brefs délais», et se préparer, ainsi, à la création éventuelle d’une Zone franche entre les deux pays. Un espace commercial commun qui permettra le renforcement des échanges commerciaux et la promotion des produits locaux.
Cette première rencontre unique dans son genre vise, selon le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, à encourager «la coopération entre les opérateurs algériens et libyens pour le développement de projets communs et intégrés dans les différents domaines, notamment, dans le domaine des énergies renouvelables à base du solaire». La mise en œuvre du plan de coopération exige, toutefois, certaines conditions d’ordre sécuritaire, réglementaire et conventionnel. Il a été procédé, dans cet objectif, la conclusion d’«un accord pour la réactivation des accords déjà signés par l’Algérie et la Libye dans le secteur du travail et de l’emploi, et de tirer profit de l’expérience de l’Algérie dans ce secteur». Un moteur d’action plutôt que d’ambition qui permettra aux deux pays d’avancer et de dépasser les menaces sécuritaires.
La Libye mise sur ses relations historiques et stratégiques avec l’Algérie pour relancer son économie et reconstruire son pays. Bénéficier par conséquent de l’expérience des entreprises algériennes dans le secteur des hydrocarbures (retour imminent de Sonatrach en Libye). Ce qu’a affirmé le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, El-Hachemi Djaâboub qui a indiqué, lors d’une rencontre avec son homologue libyen que les «perspectives de coopération entre les deux pays sont prometteuses et qu’il existe des opportunités pour les Algériens d’aller travailler en Libye qui propose à l’Algérie des opportunités d’emploi dans les secteurs des hydrocarbures, de la mécanique et des grandes industries». Une façon de lutter contre le chômage dans la zone frontalière, notamment, avec la réouverture du poste frontalier Deb Deb-Ghadamès et la création d’un espace commercial commun devant booster les échanges commerciaux.
Sur ce plan, le chef du Gouvernement d’unité nationale libyen a estimé que cette coopération devra profiter à l’Algérie qui «commercialise l’énergie produite à partir des ressources renouvelables vers la Libye pour être exportée par la suite vers d’autres pays à travers des interconnexions électriques». Plusieurs projets de partenariats ont été étudiés lors des rencontres (B.to.B) entre les opérateurs économiques libyens et algériens. Pour rappel, le «Forum économique algéro-libyen» qui s’est déroulé entre les 29 et 30 mai en cours à Alger, sous le thème «Algérie-Libye : prometteuses perspectives de partenariat et de coopération économique», a regroupé plus de 700 opérateurs économiques.
Samira Takharboucht