Impacts du texte littéraire

Parler quotidien

Il y a dans la société une diversité de locuteurs, donc une grande variété de manières de parler et différents niveaux de langue qui évoluent normalement au fur et à mesure sous l’influence des lectures au quotidien.

Les échanges langagiers sont divers. Cela se voit facilement lorsqu’on observe les masses qui échangent des paroles à longueur de journée. Il y en a qui passent leur temps à palabrer pour rien, d’autres qui chuchotent parce que le sujet exige de la discrétion, pendant qu’à côté on parle à haute voix pour dire des banalités. Mais il n’y a plus de langage relevé entre connaisseurs dignes des grands sages habitués des grands thèmes qui exigent des débatteurs des connaissances et beaucoup d’expérience de la vie.

Influence du langage littéraire sur le parler quotidien
Le langage littéraire est celui des écrivains comme Tahar Ouattar, Abdelhamid Benhadouga, Amine Zaoui qui écrivent dans un arabe parfait, ou Mohamed Dib, Kateb Yacine, Malek Haddad, Mouloud Mammeri ayant la maîtrise du français et écrivant dans leur langue d’expression. Ces écrivains constituent des références pour les utilisateurs de la langue, mais il en existe d’autres, nationaux ou étrangers qui peuvent être choisis, par goût ou affinités, pour des lectures profitables. A condition d’avoir lu attentivement et régulièrement les œuvres, modèles de textes esthétiques qui apportent aux lecteurs au fur et à mesure des lectures les matériaux linguistiques nécessaires à l’enrichissement de ses moyens d’expression. Et pour pouvoir tirer le plus grand profit de ses lectures, il faut comprendre les textes.
On lit avec le maximum de concentration et de patience pour pouvoir mémoriser les mots nouveaux, retenir la structure des phrases, comprendre les particularités du génie créature de l’auteur. On lit un auteur par amour et non pas sous la contrainte avec l’espoir de retenir quelque chose d’utile pour soi. L’auteur : conteur, nouvelliste, poète, essayiste romancier, dramaturge auteur d’œuvres orales, compose une œuvre dans l’espoir d’intéresser le public, il met en œuvre toute sa stratégie de mise en forme ainsi que ses moyens d’expression qui conduisent à produire un texte qui soit intéressant. A partir d’une trame ou d’un scénario il cherche à construire quelque écrit qui plaise au public, seul juge de la valeur d’un texte. En ce moment Yasmina Kadra occupe le devant de la scène dans le paysage littéraire. L’écrivain selon ses préférences, ses capacités, les désirs du public, compose dans la prémonition. La fiction, le réalisme.
Il choisit aussi le mode d’expression qui lui convient pour mieux servir son public virtuel : chronique, récit de faits anciens, histoires fantastiques à caractère fictif, fables, poésie, roman historique ou psychologique, pièce de théâtre ; chacun choisit son genre, mais sans oublier qu’il écrit pour un public qui doit en tirer profit. Les œuvres en arabe ou en français doivent servir de modèles pour ceux qui les lisent, car sur qui les lecteurs acquièrent-ils le vocabulaire dont ils ont besoin pour s’exprimer à leur tour ainsi que les tournures de phrases dont ils ont besoin pour communiquer. Mais la lecture d’œuvres littéraires ne peut être profitable que si celle-ci se fait régulièrement ne serait-ce qu’en lisant un quart d’heure chaque jour.

Les œuvres littéraires à l’heure de l’internet
On continue de croire, au sein de la majorité, que l’internet est largement suffisant pour s’instruire, se cultiver. Mais qu’on se détrompe. L’ordinateur et l’internet ne peuvent pas remplacer le livre. On est moins libre dans l’internet. Mais qu’est-ce qu’on lit par voie numérique : des œuvres écrites et tout ce qu’on peut désirer dans d’autres domaines. On n’a pas ce qu’on désire comme œuvres littéraires : ils ne sont pas tous disponibles et ne sont tous téléchargeables. Avant d’arriver à l’internet, c’est des œuvres produites par des écrivains de tous les temps, parfois talentueux.
Seulement dans l’internet, il n’y a pas que les livres, il y a même des rubriques malsaines et tentantes. Au lieu de s’adonner à des lectures saines, utiles, enrichissantes, on se laisse aller aux tentations malsaines culturellement appauvrissantes, voire abrutissantes. Dans tous les pays où la lecture reste une activité culturelle incontournable, on continue d’entretenir l’habitude de lire pour tous les âges, la lecture est reconnue comme ayant de nombreux profits : la concentration quotidienne, la mémoire sollicitée régulièrement, de même que l’imagination, l’intelligence, l’observation développée au jour le jour, conduisent à une élévation du niveau culturel.
Dans l’ancien temps il y avait à la disposition des jeunes et de tous ceux qui pouvaient être intéressés des conteurs : grand-mères, grand-père, tantes, voisins férus de littérature populaire et maîtrisant la langue qui racontaient des histoires d’animaux fantastiques et pleines d’intérêt pour les jeunes qui en restaient marqués à vie. Et que de légendes, de poèmes anciens, de contes merveilleux ils connaissaient et qu’ils récitaient dans un langage relevé. Ceux qui les écoutaient essayaient de retenir leurs récits et surtout leur belle langue. C’étaient les dignes représentants de la littérature orale. Maintenant ils ont disparu et il n’y a personne pour les relever et même s’ils étaient vivants il n’y a plus personne pour les écouter. Ainsi les bienfaits de la lecture de textes littéraires oraux et écrits sont reconnus.
On en a eu la preuve par les écoliers et les lycéens d’antan qui lisaient régulièrement et qui obtenaient d’assez bonnes en langue. L’acquisition de la langue est une œuvre de longue haleine, contrairement à l’apprentissage des autres matières. Un témoin nous a appris que des enfants qui lisaient régulièrement des bandes dessinées destinées aux élèves de l’école primaire réussissaient admirablement non pas seulement en langue mais dans toutes les matières. Que se passait-il, au bout des années de lecture ; ces jeunes retenaient des mots qu’ils employaient dans les phrases et ils ressortaient cela les jours d’examen le plus naturellement. Les mots nouveaux rencontrés en contexte sont mémorisés en enrichissant les jeunes lecteurs. On arrive à retenir même les structures de phrases.

Que se passe-t-il lorsqu’on ne lit pas les textes littéraires ou textes choisis ?
Chez les jeunes d’aujourd’hui puisque c’est d’eux qu’il s’agit, l’apprentissage qui les concerne en premier lieu pour préparer l’avenir est nul. Nos ancêtres disaient et ne cessaient de répéter que c’est la jeunesse qui travaille pour la vieillesse. Les bases d’une bonne formation s’acquièrent dès les années de jeunesse. Dans le cas contraire, lorsque les jeunes décident de se connecter tous les jours, toute l’année et toutes leurs plus belles années, à l’internet, par le biais de la tablette, il faut imaginer la suite. Le temps passe dans la vie facile qui n’apporte rien de positif. Au bout de dix ans vingt ans et plus, on fait son bilan, il est tristement négatif. Il y a les écrivains publics qu’on paie pour remplir les chèques et tous les imprimés.
Abed Boumediene