Les Iraniens aux urnes vendredi pour élire un successeur à Hassan Rohani

Iran

Près de 60 millions d’Iraniens sont appelés aux urnes vendredi pour élire un successeur à Hassan Rohani à la Présidence de la République islamique d’Iran, à qui la Constitution interdit de briguer un troisième mandat consécutif de quatre ans. Les électeurs auront finalement à choisir leur futur président parmi seulement quatre candidats en lice, trois désistements de dernière minute ayant été enregistrés.

Ainsi, le premier candidat à avoir fait part du retrait de sa candidature est Mohsen Mehralizadeh, ancien vice-président et l’un des deux réformateurs en lice. Les deux autres candidats ayant jeté l’éponge mercredi, dernier jour de la campagne électorale, sont deux ultraconservateurs, le député Aliréza Zakani, et Saïd Jalili, ancien secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale. Tous deux ont appelé à voter pour le chef de l’Autorité judiciaire, Ebrahim Raïssi. Agé de 60 ans, Ebrahim Raïssi fait figure d’archifavori, faute de concurrents à sa mesure après la disqualification de ses plus gros adversaires politiques par le Conseil des gardiens de la Constitution, organe non élu chargé du contrôle de l’élection. Les trois autres prétendants sont le député Amirhossein Ghazizadeh-Hachémi, le gouverneur de la Banque centrale, Abdolnasser Hemmati et l’ancien commandant en chef des Gardiens de la Révolution, le général Mohsen Rézaï.
La campagne électorale s’est achevée officiellement jeudi à 7h (2h30 GMT). Et les trois débats télévisés entre les candidats ont été jugés globalement ennuyeux par la presse. M. Raïssi semble être le seul à avoir réellement tenu quelques rassemblements d’envergure. Selon les rares sondages disponibles, l’abstention pourrait dépasser le record des 57% enregistrés lors des législatives de 2020. A cet effet, les autorités iraniennes ont appelé à une «participation massive» à cette élection qualifiée de «compétition sérieuse» par Téhéran même si le président a des prérogatives limitées en Iran, où l’essentiel du pouvoir est aux mains du guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei.

Des défis majeurs attendent le futur président
La présidentielle iranienne se tient dans un contexte particulier marqué par une grave crise économique et sociale exacerbée par le Covid-19, le pays étant durement frappé par cette pandémie. Elle doit avoir lieu également alors que se tiennent à Vienne des négociations entre la République islamique et la communauté internationale pour sauver l’accord sur le nucléaire iranien. Le vainqueur de la présidentielle aura donc la lourde tâche de redresser l’économie du pays, c’est la première des priorités. En 2018, la sortie des Etats-Unis de l’accord international sur le nucléaire iranien et le rétablissement des sanctions américaines que ce pacte avait permis de lever ont plongé l’Iran dans une violente récession, aux effets amplifiés par la Covid-19.
Tous les candidats à la présidentielle l’affirment : la priorité est d’obtenir la levée de ces sanctions à l’issue des négociations en cours à Vienne sur un retour de Washington dans l’accord, pour permettre à l’économie de repartir. Sortir le pays de la crise sanitaire est l’autre principale priorité du futur président iranien. Pays du Proche et du Moyen-Orient le plus touché par la pandémie, l’Iran a pris du retard dans sa campagne de vaccination, en partie à cause des sanctions américaines, qui ont entravé les efforts du pays pour obtenir des vaccins. Un allègement des sanctions ainsi que la possible mise sur le marché à court terme d’un ou plusieurs vaccins de conception iranienne pourrait faciliter la tâche du prochain gouvernement, a-t-on estimé. Les questions environnementales, absentes des trois débats télévisés entre les candidats à la présidentielle, figurent aussi parmi les priorités du successeur de Hassan Rohani. Par ailleurs, plus de 500 journalistes représentant 226 médias étrangers couvriront la 13e élection présidentielle iranienne, d’après le vice-ministre iranien de la Culture et de l’Orientation islamique pour la Presse et l’Information, Mohammad Khodadadi.
R. I.