Une guerre du pétrole mène à la déroute des matières premières

Le marché économique et financier mondial extrêmement volatile

La crise interne qui secoue l’Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep), depuis quelques jours, a provoqué la baisse des investissements dans la production et a déclenché un nouveau niveau de volatilité sur le marché pétrolier.

A la clôture du marché vendredi soir, les prix du pétrole ont repris des couleurs, soutenus par la baisse du dollar et des stocks américains, mais les incertitudes économiques pèsent encore sur le marché qui s’inquiète de la stratégie des Emirats arabes unis en désaccord avec les autres membres de l’Opep et de leurs alliés. Ces derniers sont préoccupés par l’inflexibilité d’Abu Dhabi qui a fait échouer le Sommet Opep+ et par les intentions de ce pays à pomper le maximum de l’or noir sur le marché, ce qui pourrait inonder le marché du brut et faire sombrer les prix du pétrole et provoquer un nouveau choc pétrolier ainsi que la déroute des prix de matière premières. Un retour à la case de départ. C’est le scénario que redoutent les spécialistes du domaine qui craignent le déclenchement d’une nouvelle guerre des prix qui fera plonger un marché économique déjà vulnérable en raison de l’incertitude qui plane autour des variantes du Covid-19 qui pourraient affecter la reprise de l’économie, freiner les échanges commerciaux et la circulation des voyageurs. ­
Le désaccord observé entre les membres de l’Opep a remis en question la capacité de ce groupe à gérer et maîtriser le marché pétrolier. Nombreux sont ceux qui s’interrogent sur l’avenir de l’Opep+ si aucun consensus ne sera trouvé. Sachant qu’aucune décision concernant la stratégie à adopter ne peut être prise sans l’aval d’Abu Dhabi qui a montré ses muscles face à Riyad, la semaine dernière. Cette rupture commence à avoir une connotation négative et peut conduire à des réactions agressives de la part des autres membres influents du cartel et de ses alliés qui ont déjà subi les conséquences aléatoires et néfastes de la guerre des prix qui a opposé, il y a un an, la Russie à l’Arabie saoudite. Un an après, l’Opep+ connaît une nouvelle crise aussi grave depuis quelques jours, alors que le marché pétrolier et boursier s’attendait, lundi dernier, à un accord entre les membres de l’Alliance sur l’augmentation de la production d’«environ 400.000 barils de pétrole par mois jusqu’à la fin de l’année».
Les Emirats ont rejeté ce plan mis à table depuis jeudi, 1er juillet 2021, et il est resté sans suite en raison du véto d’Abu Dhabi. Malgré les tentatives d’apaisement faites par les autres membres, la réunion n’a pas eu lieu et a été reportée sine die. Aucun rendez-vous n’a été programmé à ce jour. Ce qui signifie, la reconduction du volume de production du mois de juillet, dans les meilleurs des cas. Dans le cas contraire, la production sans quotas pourrait bouleverser le marché mondial de matière première et les indices boursiers en raison du repli des investissements dans le domaine. Les compagnies pétrolières guettent le marché pétrolier avec attention et craignent une autre surprise de l’Opep, en rupture. Le calme avant la tempête. De nombreux analystes s’attendent à une hausse des cours du pétrole en raison de la vente massive du produit ce qui épuisera l’offre et créera un nouveau déséquilibre entre l’offre et la demande. De nombreux analystes estiment que la situation va «s’empirer avant de s’améliorer à nouveau».
L’économie mondiale ne pourra pas supporter un nouveau choc pétrolier. Cette discorde ne pourra pas «durer longtemps» et la Russie devra intervenir comme juge de paix. Moscou interviendra non seulement pour résoudre ce problème, mais surtout pour empêcher la baisse drastique des cours du pétrole en raison de l’augmentation de la production américaine et, par conséquent, de leurs stocks, ce qui entraînerait la baisse des prix. Une nouvelle crise pétrolière pourrait être fatale pour les petits producteurs de pétrole dont l’économie est déjà ravagée par la crise sanitaire et économique. Egalement faire exploser les prix des matières premières en hausse depuis une semaine. Ce qui plombera les indicateurs macro-économiques, déjà vulnérables. L’Algérie a dû, ces deux dernières années, baisser sa production conformément aux décisions de l’Accord Opep+, ce qui a engendré la baisse de ses revenus pétroliers, alors que les dépenses publiques ont explosé. Aujourd’hui, le quota de l’Algérie n’excède pas 900.000 bj. L’Algérie s’est toujours conformée aux décisions de l’Opep+ prise dans l’objectif de réguler les prix du pétrole et absorber le surplus de l’offre brute. Après presque deux ans de sacrifices et d’efforts communs, les Emirats perturbent les prévisions sur marché pétrolier et créent un véritable malaise en exigeant la réévaluation de la production de référence.
Samira Takharboucht