Une réforme institutionnelle autour de grands pôles économiques régionaux

Afin de favoriser, l’unité nationale, un développement équilibré et solidaire et d’atténuer les tensions sociales

La sécurité et l’unité nationale sont la priorité face aux récents évènements pas seulement dans le Sud mais dans la majorité des régions du pays existant un lien dialectique entre sécurité et développement rendant urgent de profondes réformes structurelles loin des replâtrages.

Dans plusieurs contributions nationales et internationales parues entre juin et septembre 2005, suite au malaise suscité dans les régions du Sud, donc cela ne date pas d’aujourd’hui j’avais déjà attiré l’attention des différents gouvernements, sur l’urgence d’aller vers de grands pôles économiques régionaux ((voir notre contribution American Herald Tribune, USA et Tribune Fr « l’Algérie une économie léthargique rongée par la corruption) et www.google.com mebtoul 2005/2009 ) afin de rapprocher l’Etat du citoyen, ce qui implique un changement de la mentalité rentière bureaucratique, de revoir cette gestion centralisée largement dépassée et donc de comprendre l’évolution de la société loin des bureaux climatisés. L’objet de cette contribution, est un rappel de mes contributions sur ce sujet, devant être élargie à l’anthropologie culturelle, devant poser la problématique d’une réelle décentralisation, inséparable de la bonne gouvernance et de l’efficacité des institutions.

1- Les recherches actuelles à portées opérationnelles montrent que les institutions ont un rôle dans la société, notamment des prix Nobel de sciences économiques montrent que les institutions ont un rôle dans la société, déterminant la structure fondamentale des échanges humains, qu’elles soient politiques, sociales ou économiques et qu’elles constituent un des facteurs déterminants du développement économique de long terme. Sur le plan opératoire, la version actualisée des indicateurs de gouvernance dans le monde, montre que certains pays progressent rapidement dans le domaine de la gouvernance tout en reconnaissant que les données font aussi apparaître des différences sensibles entre les pays. Les progrès sont en rapport avec les réformes dans les pays où les dirigeants politiques considèrent la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption comme des facteurs indispensables à une croissance durable et partagée. Cette politique devra s’inscrire dans le cadre de l’espace euro-méditerranéen et africain, qui est l’espace naturel de l’Algérie.
Aussi, il s’agit pour les riverains sub sahariens d’imaginer des zones tampons de prospérité, de ne pas voir ces zones sous des angles négatifs d’assistance financière (assistanat) mais en privilégiant le co- développement. La réelle décentralisation économique qui ne saurait s’assimiler à déconcentration par la création d’autres entités bureaucratiques, que les nouvelles technologiques en réseaux peuvent éviter confère à la région un rôle et un statut économique propre, caractérisé par une autonomie relative mais non indépendant de l’Etat régulateur central pour les grandes orientations stratégiques tant politiques qu’économiques, cette autonomie étant donc encadrée par l’autorité nationale. D’une manière plus générale, la mise en place de la décentralisation doit avoir pour conséquence un meilleur gouvernement réel ressenti comme tel par la population, l’argument de base résidant dans la proximité géographique. Cela signifie qu’il existe une solution locale aux problèmes locaux et que celle-ci est nécessairement meilleure qu’une solution nationale.
La diversité des situations locales impose une diversité de solutions pour s’adapter aux conditions locales spécifiques, supposant une clarté dans l’orientation, évitant des tensions et conflits entre le pouvoir local et central permettant un nouveau cadre de pouvoir avec des nouveaux acteurs, de nouvelles règles et de nouveaux enjeux avec des nouvelles stratégies élaborées, favorisant un nouveau contrat social national afin d’optimaliser l’effet de la dépense publique et rendre moins coûteux et plus flexible le service public. Une centralisation à outrance, favorise un mode opératoire de gestion autoritaire des affaires publiques, une gouvernance par décrets, c’est-à-dire une gouvernance qui s’impose par la force et l’autorité loin des besoins réels des populations et produit le blocage de la société.
Une réorganisation du pouvoir local dont la base est la commune, pour une société plus participative et citoyenne s’impose, réorganisation fonction de la revalorisation de la ressource humaine renvoyant à l’urgence de la révision du statut de la fonction publique. Après la «commune providence » du tout Etat, l’heure est au partenariat entre les différents acteurs de la vie économique et sociale, à la solidarité, à la recherche de toutes formes de synergie et à l’ingénierie territoriale. permettant de passer du stade de collectivités locales providences à celui de collectivités locales entreprises et citoyennes responsables de l’aménagement du développement et du marketing de son territoire.

2- Il s’agit, d’opérer un nécessaire changement qui passe par une approche basée sur une identification claire des missions et responsabilités et une restructuration des fonctions et des services chargés de la conduite de toutes les activités administratives, financières, techniques et économiques. Cette organisation institutionnelle implique d’avoir une autre organisation tant des Ministères que des wilayas par des regroupements évitant les micros institutions, l’éparpillement des ministères et également des wilayas étant budgétivores devant être regroupées en adéquation avec ceux des ministères. Il convient de prendre le soin de ne pas confondre l’espace géographique avec l’espace économique qui, intègre le temps, l’espace étant conçu comme surface, distance et comme ensemble de lieux. La recomposition du territoire s’inscrit dans un vaste projet inséparable des réformes structurelles à, tous les niveaux en cours. La conception volontariste étatiste de l’aménagement du territoire en Algérie, fondée sur la fameuse théorie des pôles de développement ou de croissance entraînant, a été un leurre et n’a pas eu les effets escomptés. L’aménagement du territoire ne peut être conçu d’une manière autoritaire, interventionniste, conception du passé, mais doit être basé sur la concertation et la participation effective de tous les acteurs sociaux.
Il doit dépasser cette vision distributive à l’image des programmes spéciaux mais doit concourir à optimaliser la fonction du bien être collectif. L’aménagement du territoire plaçant l’homme pensant et créateur au cœur du développent doit réaliser un triple objectif : une société plus équilibrée et plus solidaire, la croissance au service de l’emploi et favoriser e couple justice sociale et croissance économique. Il ne s’agira pas d’opposer le rural à l’urbain, les métropoles aux provinces, les grandes villes aux petites mais d’organiser leurs solidarités. Pour cela, il s’agira de favoriser une armature aubaine souple à travers les réseaux, la fluidité des échanges, la circulation des hommes et des biens, les infrastructures, les réseaux de communication étant le pilier. Cela implique une nouvelle architecture des villes, des sous systèmes de réseaux mieux articulés, plus interdépendants bien que autonomes dans leurs décisions. incluant la protection de l’environnement, souple dans son organisation, dont le rôle essentiel est la prospective du territoire en évitant le centralisme administratif,l’hégémonie des grandes agglomérations en évitant que plus de 95% de la population vive sur moins de 10% du territoire afin de construire un socle productif sur plus d’individus et davantage d’espace.
L’efficacité de ces mesures d’aménagement du territoire pour favoriser les activités productives, impliquent la refonte des finances locales et des taxes parafiscales sans laquelle la politique d’aménagement du territoire aurait une portée limitée devant s’appuyer sur le système de péréquation entre les régions pauvres et riches. (contribution d’ Abderrahmane Mebtoul, membre du conseil scientifique de la revue internationale Cafrad/Unesco: « bonne gouvernance, réformes institutionnelle, rôle de l’Etat régulateur et nécessaire décentralisation en Algérie » n°71/2008). La structure qui me semble la plus appropriée pour créer ce dynamisme, ce sont les chambres de commerce régionales qui regrouperaient l’Etat, les pouvoirs publics en tant que régulateur et non gestionnaire, les entreprises publiques/privées, les banques, les centres de formation professionnelle, et les universités/centres de recherche, lieu de concertation et d’actions concrètes pour les populations locales d’impulsion pour la concrétisation de projets fiables et durables tenant compte des avantages comparatifs des régions. La mise à la disposition des futurs investisseurs de toutes les commodités nécessaires ainsi que des prestations de services divers (réseau commercial, loisirs) est fondamentale Cette symbiose entre ces différentes structures et certains segments de la société civile doit aboutir à des analyses prospectives fondamentales, à un tableau de bord d’orientation des futures activités de la région, afin de faciliter la venue des investisseurs.
En résumé, l’Algérie, pays à fortes potentialités, est un grand pays et ne peut fonctionner sur un système centralisé à outrance. La pleine réussite du processus complexe éminemment politique de la décentralisation, renforçant l’unité nationale et la cohésion sociale grâce au rôle de l’Etat régulateur, implique de poser le rôle de l’Etat et son articulation avec le marché dans la future stratégie socio- économique ce qui renvoie au mode de gouvernance tant local que national largement influencé par les nouvelles mutations mondiales. Tirons les leçons de ces récents évènements par une nette volonté politique d’aller vers cinq à six grands pôles économiques régionaux homogènes qui favoriseront le développement local et une société plus participative et citoyenne. Par ailleurs, soyons réaliste en nous éloignant de la démagogie : le chômage touche toutes les régions et il n’appartient pas à Sonatrach déjà en sureffectifs, de créer des emplois, étant assimilé actuellement à une banque primaire qui par son financement doit permettre la dynamisation d’autres segments créateur de valeur, ajoutée. Car, tout en garantissant l’équilibre régional par une profonde justice sociale, qui ne saurait signifier distribution de salaires sans contreparties productives, les régions de tout le pays et notamment du Sud recèlent d’importantes potentialités autres que les hydrocarbures.
Professeur des universités, expert international Dr Abderrahmane Mebtoul