Des entreprises algériennes pour réaliser des stations de dessalement

Problématique de l’eau

Une première en Algérie. Deux entreprises publiques, la société nationale de Génie civil et bâtiment (GCB) , une filiale de Sonatrach et Cosider canalisation, vont réaliser trois stations de dessalement d’eau de mer.

Les lettres d’engagements concernant ces projets entre Algerian Energy Company, une filiale de Sonatrach et les entreprises chargées de la réalisation de trois stations de dessalement à l’Est d’Alger dotées d’une capacité journalière de 150.000 m3 d’eau potable ont été signés avant-hier. Cet accord constitue un tournant dans la politique adoptée par les pouvoirs publics dans la réalisation et la gestion des stations de dessalement. En 2003 et suite à une grave sécheresse, ayant particulièrement sévit au centre du pays, le Gouvernement de l’époque décide de lancer un ambitieux plan visant la construction de treize grandes stations de dessalement d’eau de mer tout au long de la cote algérienne. Algerian Energy Company (AEC), une filiale de Sonatrach et de Sonelgaz, sera chargée de la réalisation de ce programme.
Le Gouvernement de l’époque avait opté pour le partenariat avec les compagnies étrangères pour construire ces unités. Le mode BOT (Build Operate and Transfert), qui signifie Construire, Exploiter et transférer, sera adopté. Sur les treize grandes stations projetés, seulement onze seront réalisée. Les partenaires étrangers seront propriétaires d’au moins la moitié des parts des stations construites. Un peu plus de trois milliards de dollars seront mobilisés pour financer la construction de ces stations dotées d’une capacité de production de 2,1 millions de m3 d’eau potable, soit près de 750 millions de m3 annuellement. De quoi répondre aux besoins d’une population de huit millions d’habitants. Treize ans après la mise en service de la première station, celle du Hamma à Alger, le bilan est tout de même mitigé.
La plus grande station au monde, celle d’El-Mactaa à Oran, dotée d’une capacité de 500.000 m3 d’eau, ne fonctionne actuellement qu’à 50% de ses capacités. La station de Souk Tleta à Tlemcen, de 200.000 m3 par jour est à l’arrêt. Le copropriétaire de ces deux stations est une société singapourienne Hyflux Ltd. Elle est en litige avec la filiale de Sonatrach AEC et le groupe Kouninef. Résultat, une quantité de 450.000 m3 d’eau potable manque aux populations de l’Ouest du pays en plein stress hydrique. L’autre problématique, l’eau dessalée coûte chère, en moyenne 45 dinars le m3. Les sociétés propriétaires des stations vendent l’eau potable à l’Algérienne Des Eaux (ADE) selon les termes contractuels et c’est l’Etat qui paye la différence entre le prix d’achat à la sortie de la station et celui cédé aux consommateurs.
Le prix de l’eau potable en Algérie est soutenu par l’Etat. Evidemment, les compagnies étrangères ne travaillent pas à pertes. L’actuel Gouvernement est-il en train de revoir sa politique concernant les ressources en eaux non-conventionnels ? L’Algérie et en tant que pays d’Afrique du Nord est exposée au stress hydrique. Les ressources en eaux conventionnelles ne suffisent plus à répondre aux besoins des populations et à développer le secteur agricole qui ne peut plus s’en passer de l’irrigation. En l’espace d’une décennie et grâce à de lourds investissements, l’Algérie est devenu le plus grand producteur d’eau dessalée en Afrique et au Moyen-Orient, juste après quelques pays du Golfe. L’aggravation du stress hydrique, surtout cette année, tend vers la construction de nouvelles unités de dessalement d’eau de mer pour sécuriser l’approvisionnement des populations.
Une sécurisation qui ne peut s’accommoder d’une totale dépendance des compagnies étrangères. La signature jeudi dernier des lettres d’engagement entre les deux filiales de Sonatrach, AEC et GCB, avec la société Cosider canalisation pour la réalisation de trois stations de dessalement constitue une première dans l’implication des entreprises algériennes dans ce domaine. Les trois stations d’une capacité de 150 milles m3 doivent sécuriser l’alimentation en eau potable des populations de l’Est d’Alger. Le délai accordé aux entreprises algériennes pour réaliser ces infrastructures ne doit pas dépasser les douze mois, vu qu’il s’agit d’un plan d’urgence. L’industrie nationale et la recherche et développement doivent être associés à l’effort national pour la maîtrise du processus de dessalement de l’eau de mer et la maintenance des équipements.
Nadji C.