Enjeu d’image et d’influence pour les pays du Golfe

Football

L’arrivée de Lionel Messi au Paris Saint-Germain, c’est aussi un nouveau coup d’éclat du Qatar. Le propriétaire du club parisien, comme d’autres États du Golfe, mise beaucoup sur le sport et notamment le football.

Parce que le pétrole et le gaz qui ont fait leur fortune ne sont pas inépuisables et parce que leur influence internationale se joue aussi sur les terrains de sport, plusieurs monarchies du Golfe ont massivement investi dans le football ces dernières années. Les Émirats arabes unis sont propriétaires du club anglais de Manchester City et les noms des compagnies aériennes émiriennes s’affichent sur les maillots du Milan AC ou du Real Madrid. Récemment, l’Arabie Saoudite a manqué de peu le rachat de Newcastle et elle convoiterait désormais l’Olympique de Marseille. Quand au Qatar, il possède le Paris Saint-Germain depuis une dizaine d’années et débourse sans compter pour lui offrir des stars de l’envergure de Neymar et Messi. Et c’est au Qatar que se déroulera la Coupe du monde de football 2022.
Petit émirat de la péninsule arabique, le Qatar doit sa richesse au gaz naturel. L’Émir Tamim, comme son père avant lui, a façonné l’image d’un pays actif sur la scène internationale, multipliant les efforts de médiation et diffusant sa vision du monde sur les antennes de sa chaîne de télévision Al Jazeera. Avec le PSG renforcé par Messi et l’organisation du Mondial 2022, le Qatar peut se présenter comme un acteur-clé du football mondial. Il lui faut néanmoins faire face à des critiques récurrentes sur les conditions de travail des ouvriers étrangers sur les chantiers de construction des infrastructures de la Coupe du monde.

Le match Qatar-Émirats arabes unis
Pour les Émirats arabes unis également, le football est un élément d’une stratégie d’influence et de diversification. Quitte à connaître quelques ratés, lorsque les Émirats et Israël ont annoncé la normalisation historique de leurs relations en 2021. Dans la foulée, un investisseur émirien a annoncé le rachat de 50% du Beitar Jérusalem. Le projet a fait du bruit, notamment en raison du racisme anti-arabe affiché par une partie des supporters du club israélien. La vente n’a jamais eu lieu et n’a pas permis aux deux pays ce symbole footballistique des «Accords d’Abraham».
Pour les monarchies du Golfe, l’enjeu d’image est parfois synonyme de rivalité. Ces dernières années, une crise inédite a opposé le Qatar à plusieurs de ses voisins parmi lesquels l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Depuis, la tension est en partie retombée. Mais dans la construction de leur soft power, chacun de ces pays rêve toujours de marquer des buts contre ses voisins. Ainsi le Qatar et les Émirats arabes unis s’apprêtent à disputer un match délicat sur fond de pandémie, en organisant deux rendez-vous internationaux à un an d’intervalle : l’Expo Universelle de Dubai à partir d’octobre prochain, puis la Coupe du monde de football au Qatar à l’automne 2022.
R. S.