Mak et Rachad : chronique d’un complot avorté

Tentative de déstabilisation

Mercredi passé, Ferhat Mhenni, le chef du groupuscule terroriste le mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK) demande une enquête internationale sur les violents incendies qui ont ravagés la région de Kabylie faisant des dizaines de morts.

En parallèle, le mouvement Rachad lance une offensive sur les réseaux sociaux accusant les services de sécurités d’être derrière cette tragédie. En appuie, un site marocain diffuse une vidéo où apparait un hélicoptère qui largue de l’eau sur un foyer d’incendie et qui, à défaut de l’éteindre le fait raviver. Le montage vidéo est commenté par des personnes parlant un dialecte algérien. Cette même vidéo a déjà été diffusé lors des incendies de forêts qui se sont déclenchés l’année passée et rediffuser ce mois d’août pour soutenir les allégations de Rachad et du MAK. Depuis la conférence de presse animée par le directeur de la police judiciaire et la présentation des premiers présumés accusés de l’assassinat et du lynchage du jeune Djamel Bensmaïl, une violente campagne est menée sur les réseaux visant à décrédibiliser l’enquête menée les services de sécurités tout en accusant les «moukhabaretes» d’être les responsables des incendies qui ont ravagés les forêts d’une vingtaine de wilayas du pays et causant surtout plusieurs de dizaines de victimes. L’implication des réseaux marocains dans cette virulente campagne qui cible particulièrement l’Armée Nationale Populaire n’est plus à démontrer. Selon le journal «Orient XXI» le Makhzen finance pas moins de 4.000 sites d’informations dont la principale mission consiste à s’attaquer à l’Algérie.

Revenants maintenant aux faits
Le lundi 9 août, les feux de forêts ravagent depuis presque deux semaines la Turquie et la Grèce. A Tizi Ouzou et plusieurs wilayas de l’Est du pays, la température n’est pas descendue sous la barre des 44 degrés depuis plusieurs jours. Comme d’habitude, durant la saison estivale, tous les facteurs sont réunis pour des départs de feux. Sauf que dans la nuit du 9 au 10 août, plus d’une vingtaine d’incendies sont signalés dans la wilaya de Tizi Ouzou et plusieurs autres dans la wilaya de Béjaïa. La sécheresse et le vent vont attiser les feux et les rendent rapidement incontrôlable. Le nombre d’incendies passe à plus d’une centaine dans la nuit du mardi à mercredi et les moyens mobilisés par la Protection civile et l’Armée populaire nationale arrivent difficilement à contenir les brasiers. Le mardi 10 août, l’Algérie est sous le choc. Le premier bilan fait état de la mort de 25 militaires et de 17 civils tués. Mais les feux ne vont pas se limiter aux seules wilayas de Tizi Ouzou et de Béjaïa. D’autres départs de feux sont signalés dans au moins dix huit autres wilayas. L’ampleur des incendies, leur nombre ainsi que leurs départs simultané ne laisse aucun doute. La piste criminelle n’est plus à écarter même si les conditions climatiques favorisent les départs de feux. Les auteurs de ces incendies voulaient créer une situation telle que les institutions de l’Etat serait rapidement dépassé par la catastrophe.
Ce qui ouvrirait la voie à certains de dénoncer l’abandon des populations de Tizi Ouzou et de Béjaïa à leur triste sort. Et c’est France 24, cette chaîne TV proche du Makhzen, qui donnera le holà. Dans un reportage diffusé le mardi 10 août dans son journal, un jeune occupé à éteindre le feu, pas loin de son village, déclare : «Nous sommes livrés à nous-mêmes, il n’y a pas d’Etat ici, seule la Protection civile est présente sur les lieux». Comme si la Protection civile est une association et non pas un corps dépendant du ministère de l’Intérieur. Mais le nombre élevé de décès parmi les éléments de l’Armée nationale populaire va battre en brèche la propagande de ceux qui voulaient le chaos dans les wilayas de Tizi Ouzou et de Béjaïa. Dès les premières heures du déclenchement du désastre les unités de l’Anp ont été mobilisées pour soutenir la Protection civile et évacuer les populations. Et à partir de mardi, un impression mouvement de solidarité nationale s’organise pour venir en aide aux populations touchées par le sinistre.
Des centaines de jeunes, de toutes les régions du pays, prendront la direction des régions touchées pour aider à éteindre les feux. Et encore une fois, certains vont tenter de briser cet élan de solidarité. Djamel Bensmaïl, un jeune de Miliana venu aider à l’extinction des feux est accusé d’être un pyromane et assassiné sauvagement par une foule surchauffée à blanc à Larbaâ Nath Irathen. Tout le pays est sous le choc. Il est clair que l’assassinat de Djamel ne peut s’expliquer par la réaction d’une population en colère qui s’en est pris à un jeune accusé à tort d’être un incendiaire. L’acte abominable avait un objectif bien étudié, briser l’élan national de solidarité avec les populations de Tizi Ouzou, attiser la discorde, la haine et la division du peuple algérien. L’assassinat de Djamel n’est le fait que d’un groupe bien organisé et dont les actes sont bien étudiés. Au mois de juin 2018 le chef du groupuscule terroriste MAK, Ferhat Mhenni et à partir de Londres, appelle ses disciples dans une vidéo, à créer «des groupes de contraintes». Dans cette vidéo il dira : «Pour que cette indépendance devienne réalité, j’appelle la Kabylie, j’appelle le peuple kabyle à accepter de bonne grâce et en toute conscience la mise sur pied d’un corps de contrainte, d’une organisation de sécurité de la Kabylie». Avant d’ajouter : «Il faut que l’autorité soit remplacée par l’autorité kabyle. J’appelle même la jeunesse à s’engager dans ce corps de contrainte et ce corps de sécurité». Qui dit corps de sécurité, dit groupe armé. Le groupe de jeunes qui a accusé Djamel d’être un incendiaire, qui a chauffé la foule et pris d’assaut le commissariat ne peut-être que cette organisation à laquelle a appelé à constituer F. Mhenni en 2018. Le témoignage du présumé assassin de Djamel est édifiant à plus d’un titre : «Je suis monté dans le fourgon de police et j’ai frappé Djamel. Ensuite un jeune présent sur le lieu m’a donné un couteau. J’ai asséné des coups de couteaux à Djamel».
On peut sous la colère frapper, pour une raison ou une autre, une personne qu’on ne connait pas, mais de là à ce qu’une autre personne vous donne un couteau et sans réfléchir vous passez à l’irréparable, ceci relève de l’inconcevable. Le même exemple revient avec cet autre présumé coupable qui témoignera : «On nous a demandé de prendre le corps à la place Abane Ramdane pour le bruler et on s’est exécuté». Dans la foule de ce jour fatidique qui a coûté la vie à Djamel, il y avait un groupe déterminé, bien organisé et où chacun avait une mission à accomplir. La diffusion des vidéos choquantes sur le déroulement de ce crime abominable étaient voulues et visées une réaction violente de la part de la population de Miliana et même des autres régions du pays. Même cas pour les départs des feux de forêts. Le nombre élevé des départs de feux dépasse les moyens humains et matériels de la Protection civile de la wilaya de Tizi Ouzou et celle de Béjaïa. Les renforts doivent alors venir des wilayas limitrophes. Mais, là aussi, d’autres feux vont éclater à Blida, Médéa, Ain Defla, Bouira, Sétif et plusieurs autres wilayas. Et là le choix devient difficile, faut-il envoyer les renforts en Kabylie en abandonnant les autres régions du pays ? D’où l’implication massive des moyens de l’armée dans la bataille. Le 20 mai 2021 Ferhat Mhenni effectue une visite en Israël. Evidemment, Mhenni n’a pas été en Israël pour faire du tourisme et visiter le mur des lamentations. A Tel Aviv, le chef du groupuscule terroriste Mak a sollicité l’aide d’Israël pour réaliser «ses objectifs politiques» en Algérie.
Les Israéliens ne donnent jamais rien pour rien. S’il y a une aide, il y a toujours une contrepartie. Les disciples de Ferhat Mhenni en Algérie peuvent constituer un potentiel réservoir du renseignement au profit d’Is raël. Juste après cette visite, Mhenni se lie d’amitié avec Bernard Henry Levy. Ce dernier avait joué un rôle important dans la déstabilisation de la Libye et de la Syrie. Les dramatiques évènements qui ont secoués notre pays avait coïncidé avec la visite officielle, les 11 et 12 août, du ministre israélien des Affaires étrangères Yaïr Lapid au Maroc. Le 12 août et au moment où l’Algérie pansait ses blessures et poursuivait la lutte contre les incendies le ministre israélien s’attaquait à l’Algérie à partir de la capitale d’un pays soit-disant frère  : «J’exprime mes inquiétudes au sujet du rôle de l’Algérie dans la région, son rapprochement avec l’Iran et la campagne qu’elle a menée contre l’admission d’Israël en tant que membre fondateur de l’Union africaine», dira le chef de la diplomatie israélienne. Un message on ne peut plus clair sur les intentions d’Israël et du Maroc au Maghreb et en Afrique subsaharienne. Et surtout du rôle que doivent jouer le MAK et Rachad, en tant que mercenaires, dans l’exécution de ce nouveau plan de déstabilisation de l’Algérie.
Nadji C.