Les géants du streaming veulent renouveler l’industrie musicale arabe

Musique

Les géants du streaming veulent renouveler l’industrie musicale arabe. Une industrie qui a pris un certain retard à l’ère du numérique payant. Avec une jeunesse ultra-connectée, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord : seraient-ils les nouveaux Eldorados des plateformes de diffusion musicale «en streaming» ?

C’est le numéro mondial Spotify qui ne cache pas cette ambition de vouloir s’imposer sur cette zone géographique difficile, en permanence soumise à des crises politiques et économiques. Alors Spotify : un Viking à la conquête de l’industrie musicale du monde arabe ?

Le géant suédois
Entreprise tech européenne, le géant suédois s’est lancé il y a douze ans à l’assaut d’un marché détérioré par le piratage, et le téléchargement illégal de la musique en ligne. Aujourd’hui Spotify est présent dans 92 pays, compte près de 300 millions d’utilisateurs, dont 138 millions payants. L’entreprise affiche un catalogue de 60 millions de titres, de quoi pavoiser sans complexe, face à des concurrents nord-américains comme Amazon Music, Apple Music, YouTube Music.
Claudius Boller, directeur exécutif de Spotify au Moyen-Orient et en Afrique ne cache pas sont enthousiasme auprès de l’AFP : «Aujourd’hui, la musique et les artistes arabes sont présentés dans le monde entier et découverts grâce à Spotify» et il met en avant à titre d’exemple l’acteur et rappeur égyptien Mohamed Ramadan, qui dépasse le million d’auditeurs sur Spotify. Une performance saluée dans un tweet en octobre dernier : «Toutes nos félicitations ! Mohamed Ramadan est le premier Égyptien à toucher plus d’un million d’auditeurs sur Spotify.»

11,4 milliards de dollars
Question consommation locale et catalogue, Claudius Boller affirme que : «Les artistes les plus demandés sont tous locaux», et cite en exemple : le Marocain Stormy, l’Egyptien Marwan Moussa ou encore la rappeuse koweïtienne Queen G. Selon la Fédération internationale de l’industrie phonographique : les revenus mondiaux du streaming représentent avec 11,4 milliards de dollars, plus de la moitié de l’ensemble des revenus de la musique. Et l’industrie musicale arabe qui a pris du retard dans la distribution de sa production sur les plateformes de streaming serait un marché émergent plein d’avenir. Conscient de cette opportunité, c’est ce que Talal Ibrahim Al Maiman, PDG de KHC, avait indiqué, lors des accords avec Deezer en 2018 : «Les investissements de Kingdom Holding dans les technologies numériques sont au cœur de notre stratégie d’investissement pour le futur. Les plateformes digitales constitueront assurément dans le futur les moyens privilégiés d’échange de littérature et de divertissement à travers le monde». Deux ans à peine, Deezer, la plateforme française de musique en ligne, annonçait avoir levé 160 millions d’euros auprès du fonds souverain saoudien, Kingdom Holding Company (KHC), d’Access industries, de l’opérateur français Orange, et du fonds de capital-investissement LBO France. Une transaction qui avait valorisé Deezer à 1 milliard d’euros. La société avait également signé un accord Rotana pour distribuer en exclusivité son catalogue musical et vidéo : l’un plus important label de la région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Mais la société semblerait encore peu présente sur ce marché.

Un marché payant encore frileux ?
Anghami, la plateforme libanaise face aux géants du streaming dit mieux connaître les goûts des auditeurs et surtout se flatte d’un catalogue très riche en chansons arabes. Pour Arun Sajjan, chef des droits de diffusion de «la start-up», interrogé par l’AFP : «Les artistes doivent s’adapter aux nouvelles technologies et orienter davantage d’utilisateurs vers les services payants […] la plupart des artistes continue de diffuser gratuitement leurs morceaux sur YouTube.»
C. P. Tiré du site le Mouvement