Roi en subterfuge et en mensonge

Le chef du gouvernement marocain

En plaidant, faussement, une fois encore, l’acte isolé, à propos de la sortie intempestive du représentant du Maroc à l’ONU, le 14 juillet 2021 à New York, proclamant une position «pro-autonomie de la Kabylie», le chef du gouvernement marocain, Saâd Eddine El Othmani veut montrer qu’il a pris conscience de la gravité des faits par rapport au droit international.

En fait, il s’agit d’une pirouette inscrite dans un nouvel agenda anti-algérien de la même veine que la «main tendue» hypocritement par Mohamed VI dernièrement. D’abord, cette réaction marocaine officielle est tardive, 45 jours après l’incident, et bien après le rappel de l’ambassadeur d’Algérie à Rabat. Ensuite, le chef du gouvernement marocain, qui est en même temps secrétaire général du Parti Justice et du Développement (PJD, islamiste), ne peut pas ignorer que le représentant du Maroc à l’ONU a exprimé une position officielle et non pas un avis individuel dans une déclaration improvisée. L’ambassadeur du Maroc à l’ONU, Omar Hilale, n’a pas fait de déclarations ni prononcé de discours sur le prétendu «droit à l’autodétermination du peuple kabyle», mais a présenté une «note verbale officielle» à ce propos «qui engage le Roi et toutes les institutions de l’Etat marocain», a souligné, ce vendredi, l’ancien ambassadeur d’Algérie à Bruxelles, Amar Belani.
La mise au point de l’ambassadeur Belani intervient en réaction aux déclarations du chef du gouvernement marocain, Saad Eddine El-Othmani. Dans une déclaration à Echorouk Online, Amar Belani a qualifié les justifications avancées par El-Othmani, de «fausses», soutenant que le chef du gouvernement marocain «tente de tromper tout le monde par de fausses déclarations». En fait, l’aveu de Saad Eddine El-Othmani est un subterfuge et un mensonge (encore un de la part des officiels marocains) destiné à tromper l’opinion publique des deux pays et à faire revenir l’Algérie sur la sage décision prise de rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc. Rappelons que lors de l’entrevue périodique avec des représentants des médias nationaux diffusée dimanche 8 août 2021, le Président Abdelmadjid Tebboune avait fait savoir que le Maroc n’avait alors pas réagi suite à ce problème, après la convocation par l’Algérie de son ambassadeur à Rabat pour consultation au sujet des déclarations graves du représentant marocain auprès des Nations unies. Le Makhzen n’a pas cru devoir répondre, jusqu’à la décision prise par Alger de rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc.
Là, les réactions hypocrites ont fusé : d’abord, le communiqué du ministère des Affaires étrangères du Maroc, puis cette déclaration du chef du gouvernement marocain. L’ambassadeur du Maroc à l’ONU, Omar Hilal, a été recadré également par notre ambassadeur aux Nations unies, Sofiane Mimouni, à propos du processus de décolonisation du Sahara occidental en lui rappelant que la question du Sahara occidental a été et demeure inscrite à l’ordre du jour de l’AG de l’ONU, depuis 1963, et a bénéficié de l’appui de trois pays voisins, à savoir, l’Algérie, le Maroc et la Mauritanie. Ces trois pays, a-t-il insisté, «ont fermement soutenu, depuis lors, à l’occasion de chaque session de l’Assemblée générale de l’ONU, le droit du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination et à l’indépendance».
Sofiane Mimouni a tenu aussi à rappeler à Omar Hilal que «le sommet des chefs d’Etat de l’OUA qui s’est tenu à Rabat en juin 1972 a adopté une résolution sur le Sahara dit espagnol par laquelle les chefs d’Etat africains dont le roi du Maroc ‘’déplorent’’ la lenteur avec laquelle l’Espagne procède à la décolonisation de ce territoire». «C’est dire que le soutien du Maroc au droit légitime du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination et à l’indépendance était on ne peut plus clair», a-t-il poursuivi. «Naturellement, le Royaume du Maroc n’a aucun droit moral de s’ériger en donneur de leçon surtout lorsqu’on connait sa politique expansionniste basée sur un système de répression totale, son manque de respect pour la légalité internationale et le peu de cas qu’il fait de la communauté internationale», a-t-il souligné, Sofiane. Mimouni a ainsi dénoncé «la mauvaise foi du Maroc et son refus de s’inscrire dans une démarche visant le règlement sincère et de bonne foi du conflit du Sahara occidental». Enfin, il est utile de rappeler que la Mauritanie, elle-même, a pâti des visées expansionnistes du Maroc qui n’a pas voulu, pendant longtemps, reconnaître son indépendance.
L. A.