Hasni ordonne «la mobilisation de tous les cadres de la SEAAL sur le terrain»

Poursuite de la réalisation des programmes de distribution d’eaux potables

Au lendemain de l’annonce officielle de la rupture définitive de l’Algérie avec le groupe français Suez qui s’occupait de la gestion de l’eau dans la wilaya d’Alger et de Tipasa depuis 2006, le ministre des Ressources en eau et de la Sécurité hydrique, Karim Hasni, s’est rendu au siège de la Société des eaux et de l’assainissement d’Alger (SEAAL) en vue d’encourager la nouvelle équipe installée mardi.

Il a mis au défi la nouvelle équipe dirigeante (100% algérienne) pour gérer la crise hydrique, ordonnant «la poursuite du travail et l’exploitation de toute les opportunités disponibles en vue d’assurer l’approvisionnement en eau potable des citoyens au vu des circonstances actuelles notamment le stress hydrique et la réduction des quantités d’eaux superficielles stockées au niveau des barrages», a indiqué un communiqué du ministère de tutelle. S’adressant au nouveau staff dirigeant, installé la veille au cours de la cérémonie de passation de consignes entre le désormais ex-directeur général, Yves Fagherrazi, du Groupe Suez et le nouveau directeur général, Lyes Mihoubi, M. Hasni qui faisait, autrefois, partie de l’équipe dirigeante de la SEAAL avant de devenir ministre, a enjoint «la mobilisation de tous les cadres sur le terrain afin de réaliser les objectifs tracés en poursuivant la réalisation des différents programmes en sus de l’application efficiente des programmes de distribution d’eaux».
Le départ définitif du groupe français Suez de l’Algérie marque la fin du monopole français et surtout l’échec de la stratégie du groupe dans la gestion de la crise de l’eau qui touche les deux wilayas depuis quelques années. La situation cette année a échappé au contrôle du groupe Suez qui n’a pas su gérer la crise de l’eau que connaît la wilaya d’Alger et de Tipasa depuis quelques mois, alors que la demande est en croissance en raison de la période de canicule et la crise sanitaire qui vient aggraver la situation. La pénurie d’eau s’est installée dans la durée et les coupures d’eau sans prévenir sont devenues régulières et créent un véritable malaise au sein de la société qui commençait à se révolter contre la politique de la SEAAL. Un programme de rationnement de l’eau dans les quartiers des deux villes a été mis en place par la SEAAL qui procédait, en parallèle, à la réparation des problèmes techniques auxquels sont confrontées quotidiennement les stations de pompage.
L’échec de la stratégie de la société et son partenaire français à gérer la crise de l’eau a incité les pouvoirs publics à intervenir et prendre des mesures coercitives à l’égard de plusieurs responsables du secteur et de la société. Vingt-six cadres ont été limogés au début de l’année pour mauvaise gestion de l’eau qui se profilait depuis des mois. L’ex-ministre des Ressources en eau exprimé explicitement son intention de mettre un terme au contrat de la SEAAL avec le groupe français Suez qui s’occupait de la gestion de l’eau dans la wilaya d’Alger et de Tipasa depuis plus de 15 ans. Quelques mois plus tard, l’Algérie confirme sa séparation avec le groupe Suez et remplace le staff dirigeant par des compétences 100% algériennes. La SEAAL est détenue à 70% par l’Algérienne Des Eaux (ADE) et à 30% par l’Office nationale de l’assainissement (ONA). Seize ans après l’arrivée du groupe français Suez, les autorités algériennes décident de se séparer de ce groupe et de gérer elles-mêmes les eaux dans la capitale Alger et Tipasa.
Le divorce entre les deux parties contractantes a été acté mardi dernier. La date à laquelle la SEAAL devient officiellement 100% algérienne et reprend seule la gestion de l’eau dans ces deux villes. La nouvelle équipe dirigeante se chargera de l’exécution du programme de distribution équitable de l’eau potable, mais aussi de la mise en œuvre du plan de prévention des risques d’inondation en prévision de la saison hivernale. Intervenant dans ce registre, M. Amine Hamadene nommé, mardi dernier, au poste de directeur général adjoint, chargé des services publics de l’eau et de l’assainissement a affirmé que «depuis près d’une année nous étudions la situation et nous nous préparons à tous les scénarios possibles pour la gestion de la problématique de la baisse de pluviométrie ayant mené à une baisse du niveau des eaux de surfaces». Les autorités ont déjà lancé les travaux de réalisation de trois nouvelles stations de dessalement de l’eau de mer dans la wilaya d’Alger, à Annaba et à Skikda afin de garantir l’approvisionnement de ces wilayas en eau potable afin de prévenir une éventuelle crise de l’eau qui risque de menacer la santé et la sécurité alimentaire en Algérie.
Samira Takharboucht