La révolution avec un ballon !

Boubekeur Abderahmane

,Boubekeur Abderahmane est sans risque de nous tromper le meilleur gardien de but que l’Algérie ait enfanté.

Il est né le 20 avril 1932 à Alger, plus spécialement à Bologhine, côté mer, où il a signé sa première licence dans les catégories jeunes avec l’OM Saint-Eugène (OMSE), club pourvoyeur de talents pour l’USM Alger et qui a enfanté les Mustapha Zitouni, Cheikh, Tahir, Meziani Abderahmane, Aftouche, Belbekri, Keddou et autres.
Abderahmane Boubekeur est un gardien de but d’un calme olympien en toute circonstance, le coup d’œil du maître et une souplesse de chat ont fait de lui, un portier hors pair. Son sang-froid et son agilité ont caractérisé la carrière de Boubekeur Abderahmane. Il savait faire parvenir le ballon à ses coéquipiers le plus rapidement et dans les meilleures conditions.
Boubekeur Abderahmane possédait une carrière trop riche dans le domaine footballistique avec lequel il avait connu des hauts et des bas, il était considéré comme l’un des meilleurs portiers algériens de tous les temps, il a débuté très jeune l’apprentissage du ballon rond et son choix de devenir gardien de but a été mûrement réfléchi car il était doué à ce poste et sa morphologie athlétique de grand gabarit lui avait permis de taper dans l’œil des dirigeants de l’AS Monaco, club de première division (France), qui viennent le chercher à Saint-Eugène pour lui faire signer une licence pour la principauté où il retrouve un autre Saint-Eugénois Mustapha Zitouni.
Boubekeur Abderahmane avait des placements très judicieux et son autorité à l’intérieur des dix huit mètres lui vaut une présence de titulaire indiscutable au sein de la formation monégasque.
Avec son comparse Mustapha Zitouni, dans une certaine complicité défensive, ils ont réalisé des prouesses que bien souvent les attaquants adverses en ont fait les frais.
A chaque rencontre de football, Boubekeur Abderahmane et Mustapha Zitouni sont plébiscités par la presse française ainsi que par la Fédération française de football qui voulaient les enrôler dans l’équipe des Bleus, celle que l’on surnomme les Cocorico qui voyait en Abderahmane un grand gardien de but qui ressemblait par sa corpulence à l’inoubliable Lev Yachine de l’URSS. Cependant, l’Algérien a préféré rejoindre en 1958, la grande équipe de football du Front de libération nationale qui s’était rassemblée à Tunis pour participer au combat libérateur de l’Algérie.
Il n’avait pas le choix : l’Algérie avant tout, comme il le disait souvent à ses coéquipiers, car pour lui, la patrie ne se négocie pas et de là commença son grand voyage à travers divers pays pour présenter la cause algérienne dans le monde entier. Abderahmane Boubekeur est un footballeur franco-algérien qui a été découvert par l’AS Monaco en 1954 alors qu’il était footballeur à l’O Saint-Eugène. Sans attendre, il lui font signer une licence dans la principauté où il restera plus quatre années, et où il joue plus de 69 matches dans la division Nationale 1 de la Ligue française, et de là l’équipe des Cocorico avait un œil sur lui malheureusement pour eux.
Abderahmane prit la poudre d’escampette sans attendre pour rejoindre l’équipe du Front de libération nationale où il joua 91 rencontres de 1958 à 1962.
L’Algérie libre et indépendante, Boubekeur Abderahmane rentre en Algérie et à cette époque là, il avait 30 ans, et comme pour gardien de but il n’y a pas d’âge pour raccrocher les crampons, il fut sélectionné officiellement à la rencontre internationale entre l’Algérie et la Bulgarie où il remporta sa première victoire avec les Verts.
Il a signé une licence avec l’USM Alger où son expérience a joué un rôle important pour l’attribution du titre de champion d’Algérie, et ce, deux années consécutives. Abderahmane avait une grande corpulence, il était imbattable sur les balles aériennes. Convoité par le club rival, il opte pour le Mouloudia club d’Alger sans grand succès.
Atteint par la limite de l’âge, il tente de faire une carrière d’entraîneur, mais apparemment la flamme de la passion pour le football s’est éteinte bien qu’il tenta une nouvelle expérience avec la JS Kabylie.
Voir Boubekeur Abderahmane dans les bois, était un fabuleux spectacle et jusqu’à aujourd’hui le football n’a pas trouvé d’égal dans certains domaines, estime-t-on dans les milieux spécialisés.
Son premier match fut à l’âge de 30 ans et 10 mois à Alger le 6 janvier 1963 contre la Bulgarie avec les entraîneurs Firoud, Khabatou et Ibrir. Son dernier match à l’âge de 32 ans et 8 mois à Alger avec l’entraîneur Ibrir. Il a participé à 13 matches amicaux, et porté le maillot national plus de 15 fois.
Que dire de lui en tant que personne si ce n’est de lui reconnaître son amour patriotique, sa passion pour le football, il voulait devenir l’un des meilleurs gardiens du monde, il voulait ressembler au grand et magnifique Lev Yachine, cependant, il n’a pas hésité un seul instant pour répondre présent à l’appel de la patrie. Il n’a jamais pensé qu’un jour, il deviendrait un moudjahid sans arme mais seulement avec un ballon, il allait défendre la noble cause de son pays, l’Algérie en voyageant dans divers pays étrangers et hisser le drapeau du «One two, tree viva l’Algérie».
En tout et pour tout, plus d’une trentaine de joueurs activant dans le professionnalisme en outre mer rejoindront l’équipe de FLN pour porter la voix du gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). C’étaient de vrais héros et l’Algérie officielle ne doit pas les oublier, la plupart sont partie et d’autre au nombre amoindri sont malades. Boubekeur Abderahmane est décédé en date du 20 juillet 1999 à Cagnes sur mer (France).

Kouider Djouab