Dites-nous ce qu’est un entraîneur moderne

En attendant l’entrée en scène de la nouvelle saison de football 2021/2022, des sujets nés des différentes rencontres de la saison ou des saisons antérieures remontent à la surface, nous donne une belle occasion d’en parler, notamment ce qu’est un entraîneur moderne et la place qu’occupe la presse sportive dans cette belle mécanique footballistique.

On peut évoquer, pour les entraîneurs, une cohésion sociale, même si elle a pu connaître quelques variations. Nous avons tous constaté, ici ou ailleurs, que si «cette cohésion sociale est affirmée, c’est parce que beaucoup d’entre eux ont effectué le même parcours professionnel et partagé les mêmes valeurs au sein de la famille du football». Dans un document rédigé par Laurent G., cet entraîneur professionnel européen auteur d’une recherche pointue, ne rate pas l’occasion d’évoquer certaines crises, à l’image de «celle vécue dans les années 1960 qui questionnait sur l’efficacité des entraîneurs, ou d’autres moments difficiles vécus à l’intérieur de la corporation qui ont pu menacer cette cohésion».

Des exemples, un repère
Un exemple a été pris et reste tel un repère pour expliquer l’une de ces crises. Il citera le cas de Guy Roux qui refuse de quitter son siège d’administrateur de l’UNECATEF auprès de la Ligue nationale de football en 2001, alors qu’il n’a pas été réélu à la présidence du syndicat qui a donné mandat à Pierre Repellini et Joël Muller pour être ses représentants à la Ligue de football professionnel. Ce cas reste à ses yeux comme une parfaite illustration des divisions que peut connaître cette profession « qui, pas plus que toute autre, n’est à l’abri des querelles de pouvoir».

Le football a besoin d’entraîneur
Exploitant ses notes de professionnels, il cochera sur son carnet que chaque famille du football professionnel composée d’entraîneurs, joueurs, dirigeants, supporters, médias, a une représentation particulière de la profession d’entraîneur, qui affecte l’identification de chaque technicien à sa profession. Il explique qu’en retour, ce sentiment d’appartenance et l’existence de cette communauté ont des répercussions sur les pratiques quotidiennes des entraîneurs. Mettant son expérience à l’œuvre dans sa littérature, il n’admettra pas de parler du 12e môme, en l’occurrence le public sportif, lequel sait que le football a besoin d’entraîneurs et il leur accorde la popularité que quelques dirigeants abusifs cherchent à leur contester. C’est encore bien le cas en 2021.

Qu’en est-il de la presse sportive ?
Bien évidemment, sa recherche serait incomplète s’il n’évoque pas le rôle de la presse sportive dans le monde du football. A ce sujet, il se penchera sur l’année 1960 où la connivence qui existe entre les entraîneurs et la presse nationale spécialisée, ne tardera pas à s’effriter, même si celle-ci qui se traduit souvent par «un pacte de non agression réciproque et par un soutien inconditionnel des seconds envers les premiers».
Quelles sont les causes de cet effritement ? Pour l’auteur, les causes de ces lézardes tiennent à plusieurs facteurs : le climat ambiant de moins en moins propice à l’indulgence envers l’ensemble des acteurs du football français victime de ses mauvaises performances, auxquelles les entraîneurs sont désormais associés.
Les crises passagères se règlent
de façon courtoise
«L’arrivée d’une nouvelle génération de journalistes, qui ne sont plus les missionnaires des débuts du football, à l’image de Robert Vergne, collaborateur à l’Humanité avant de devenir journaliste à l’Equipe et à France Football, et donc moins enclin à défendre à tout prix cette profession ; la personnalité de certains entraîneurs, méfiants et peu coopératifs envers la presse. Malgré tout, les crises passagères se règlent de façon courtoise et l’image des entraîneurs véhiculée dans la presse reste largement positive jusque dans les années 1980», lorsqu’il s’agit de l’ensemble de la profession.

Le journaliste renseigne
Pour l’entraîneur auteur de cette recherche, «jusqu’à cette période, le journaliste de la presse écrite est souvent l’ami des sportifs, sur lesquels il ne porte donc pas de regard critique, que ce soit de manière consciente ou non. Dans les années 1980 et 1990, une nouvelle génération de journalistes prône cette recherche d’autonomie qui se traduit, entre autres, par une volonté affichée d’impertinence, de distance critique». Il en résulte des conséquences évidentes sur le traitement infligé aux entraîneurs de football français : lorsqu’il s’agit de traiter un sujet sur la profession dans son ensemble, la presse écrite est unanime à décréter son caractère indispensable et à apporter son soutien inconditionnel, à l’image de la Une de l’Equipe : «Les bancs éjectables». L’entraîneur : un rassembleur des énergies.

S’adapter à la modernité
Il est certain que l’histoire de la profession d’entraîneur connaîtra comme tout groupe professionnel des évolutions nouvelles, même si, selon Alain Perrin, elle semble avoir atteint l’ère de la modernité. «Dites-nous ce qu’est un entraîneur moderne ! Alain Perrin : c’est un préparateur, un catalyseur des qualités des joueurs, un rassembleur des énergies, un révélateur des potentialités. Un entraîneur moderne tient compte des données scientifiques nouvelles, comme la physiologie de l’effort ou l’aide médicamenteuse, il envisage le statut du joueur, sa ‘volatilité’ lors des deux périodes annuelles de transfert, donc sa non sédentarisation comparativement à l’époque où il réalisait la quasi-totalité de sa carrière dans un ou deux clubs seulement. L’entraîneur moderne, pour le dire simplement, s’adapte à la modernité».

Synthèse de H. Hichem