L’OPEP pris au piège des «quotas» !!

Le pétrole frôle les 80 dollars soutenu par une forte demande

Depuis quelques semaines, l’éclaircie économique se précise grâce à la vaccination massive des populations du monde contre la Covid-19 et la reprise accélérée de l’activité manufacturière et stratégique à travers le mondeLes prochains mois s’annoncent plutôt meilleurs qu’attendu pour l’économie mondiale, à la lumière des données publiées ces derniers jours. Le regain de l’activité industrielle mondiale et la hausse de la demande dédiée à la production d’électricité et du gaz à l’approche de l’hiver pourrait amener les pays producteurs de pétrole (Opep) et leurs alliés qui se réunissent aujourd’hui, par visioconférence, à réviser leur plan de production.A 15h52, les prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre a augmenté de 1,05 %, pour clôturer à 79,13 dollars à Londres, après une légère baisse à la clôture du marché, vendredi dernier, impacté par un Dollar fort et la hausse des stocks américains. Deux jours plus tard, soit à la veille du Sommet très attendu de l’Opep+, les cours du pétrole sont passés en territoire positif soutenu par une demande croissante et une offre insuffisante. Cette situation a mis la
pression sur les cours de l’or noir et les pays membres de l’Alliance, appelés à réagir et à ouvrir davantage leur vanne. Cette décision sera prise au cours de la réunion ministérielle d’aujourd’hui et devrait être adoptée à l’unanimité. L’Opep+ optera, peut-être, à changer sa politique ou à reconduire sa stratégie d’augmentation progressive des quotas. Ce qui est peu probable. La prudence a, jusque-là, aidé le groupe informel Opep+ à maîtriser le marché pétrolier, dans un contexte macroéconomique moins favorable qu’aujourd’hui. En effet, la forte hausse qu’ont connu les cours du pétrole et de gaz ces dernières semaines s’explique par la croissance de la demande comparée à une offre très faible sur le marché. Un rebond stimulé aussi par la série de problèmes techniques survenus sur des installations de GNL (gaz naturel liquéfié), perturbant la production de gaz qui a connu, jeudi dernier, un nouveau record. Malgré les perspectives positives sur la demande mondiale du pétrole et du gaz, le groupe informel Opep+ devrait rester prudent pour éviter tout imprévu pouvant bouleverser l’ordre des prix de l’or noir sur le marché mondial. L’écosystème du secteur pétrolier et gazier demeure instable et incertain. C’est un point de vue que partage de nombreux analystes qui ne s’attendent pas à «l’augmentation des quotas de production du groupe». Pour Dmitry Marinchenko, analyste à Fitch, repris par l’AFP, «les pays déjà très gourmands en pétrole tels que l’Arabie saoudite et le Koweït au Moyen-Orient, ainsi que le Japon et la Corée du Sud en Asie sont les plus susceptibles d’opérer ce basculement». Un des facteurs qui encourage la forte hausse des cours du gaz et du pétrole ces dernières semaines,
notamment, à l’approche de l’hiver. Les pays dépendants, particulièrement du chauffage électrique ou de gaz, tentent de garantir un approvisionnement suffisant pour faire face à un éventuel hiver plus froid. L’agence Goldman Sachs relève ses prévisions et annonce «jusqu’à 1,35 million de barils par jour pour la production d’électricité et 600.000 barils par jour dans l’industrie en Asie et en Europe si les prix du gaz continuent à crever le plafond». Ce volume de
production devrait, selon le rapport de l’Opep, devrait passer «l’an prochain la barre des 100 millions de barils par jour». Un chiffre exagéré, selon S&P Global Platts, repris par le site d’information spécialisé, Leprixdubaril.com, qui estime que «la demande supplémentaire de pétrole liée à l’effet d’aubaine qu’il représente vis-à-vis du gaz est difficile à évaluer, mais serait de 320.000 barils par jour au cours des six prochains mois en Asie et en Europe». Actuellement, les cours du gaz et du pétrole risquent de grimper encore en raison de la hausse de la demande comparée à la faible offre sur le marché. Ce déséquilibre influence les prix de l’or noir et du gaz, devenus très compétitifs. L’écart entre ces deux produits brut pourrait se creuser dans les semaines à venir. Le gaz européen est deux fois plus onéreux qu’un baril de Brent. Certains pays européens, à l’instar du Royaume-Uni subissent déjà les conséquences du choc de demande de gaz, indispensable pour générer de l’électricité et de carburants. Le pays fait face à un certain nombre de pénuries, dont l’essence, ce qui explique la hausse vertigineuse des cours du gaz. Cette situation a été prédite par de nombreux spécialistes qui ont lancé, quelques mois plutôt, des messages d’alerte sur l’avènement d’une éventuelle crise énergétique.
Samira Takharbouc