Le gouvernement dissout la Coordination contre le racisme et l’islamophobie

France

Elle n’aura pas résisté longtemps au rouleau compresseur de la dissolution enclenché par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, la Coordination contre le racisme et l’islamophobie (CRI) subit le même sort peu enviable qu’ont connu, avant elle, le CCIF et Baraka City : elle a été officiellement désagrégée, mercredi dernier, en Conseil des ministres.Treize ans après son émergence dans l’Hexagone, la CRI est littéralement rayée de la carte, sous l’effet puissant du levier actionné par le gouvernement. Aux commandes, Gérald Darmanin brandit le décret, entériné par le Président de la République, qui lui a permis de faire disparaître du paysage associatif français la structure fondée en 2008 par le militant lyonnais, Abdelaziz Chaambi.
Marquée au fer rouge de « la haine, de la violence et de la discrimination », la CRI est accusée des pires maux par les autorités, lesquelles lui reprochent notamment d’«œuvrer activement, en particulier par l’intermédiaire des réseaux sociaux, à cultiver le soupçon d’islamophobie au sein de la société française».
«A cette fin, elle instrumentalise des évènements qu’elle présente comme islamophobes et utilise les réseaux sociaux comme vecteur de communication directe, ses publications visant à provoquer des réactions violentes et un sentiment de révolte auprès de son public».
A l’issue du conseil des ministres qui scella son sort, Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, lui asséna le coup de grâce lors de son point presse hebdomadaire, en déclarant que la CRI distille, dans ses propos, de «la haine et de l’antisémitisme».
Scandalisée, l’association, dont Abdelaziz Chaambi est le fer de lance, voit dans cette dissolution la «preuve manifeste de l’islamophobie officielle».
«Ce qu’on nous reproche n’est rien d’autre que de nous exprimer librement et de défendre des victimes de l’islamophobie.
Tout le monde connaît le sport national dans lequel Darmanin se veut le champion en dépassant Le Pen et Z», en référence à Eric Zemmour, s’est insurgée la CRI sur Twitter, tout en faisant part de son intention d’intenter un recours judiciaire pour démontrer «l’absurdité d’une telle décision politique». Alors que la course effrénée à la présidentielle a déjà démarré, en ne nous épargnant aucun dérapage odieux, on aimerait bien que Gérald Darmanin, le ministre chargé d’actionner la machine infernale à dissoudre les associations luttant contre l’islamophobie, mette autant d’énergie, si ce n’est plus, à stopper net la percée politique intolérable, effrayante, et en tout point indigne des valeurs républicaines, de l’un des fauteurs de troubles les plus dangereux et pervers qui soient : le multirécidiviste de la haine et du racisme, Eric Zemmour. Condamné à maintes reprises par la justice, furieusement islamophobe, xénophobe, homophobe, misogyne, et plus étrangement pétainiste, alertant à tous les micros sur l’imminence d’une guerre civile qu’il appelle secrètement de ses vœux, ce triste sire des salons feutrés du parisianisme, dont le visage est défiguré par la haine, jouit, lui, d’une complaisance de la part des hautes sphères aussi excessive que blâmable.
Et pourtant, son ascension sur la scène publique en horrifie plus d’un, dans la sphère intellectuelle, journalistique et politique, jusqu’au sein même du gouvernement.
C.P.