Une fidélité sans faille à son pays

Afin que nul n’oublie : Soukhane Mohamed

Il a combattu le colonisateur avec un ballon de football. C’est un homme à principe avec beaucoup de courage et d’abnégation, un joueur de football très sérieux qui ne triche pas. Il n’a pas hésité un seul instant à répondre présent pour la noble cause, celle de faire partie du Onze de la liberté. Un Onze constitué des meilleurs professionnels algériens qui évoluaient en France.
Il avait une force de frappe très puissante et la logique footballistique veuille que l’on fasse le portrait de Mohamed avant son frère Abderrahmane étant donné qu’il est l’aîné. Certes, ils ont fait le même parcours, ils avaient débuté tous les deux à la JS El Biar avant d’aller s’engager en outre mer pour faire une brillante carrière professionnelle au sein du club Athlétique du Havre (France), puis la sélection algérienne post indépendante sans oublier la glorieuse équipe du Front de libération nationale avec les Rachid Mekhloufi, Mohamed Maouche, Abdelhamid Kermali, Amar Rouai, Abderahmane Boubekeur, Abdelhamid Zouba…
Mohamed Soukhane est un footballeur Franco-Algérien né le 12 octobre 1931 à El Biar. Il a évolué au Havre AC de 1956 à 1958 et de 1962 à 1964. Entre 1958 et 1962, il fait partie de la glorieuse équipe de la liberté, le Onze de l’indépendance, représentant le Front de libération nationale, mouvement luttant pour l’indépendance de l’Algérie. Il était un titulaire indiscutable que ce soit à la JSEB, au Havre FC, de l’équipe de la Liberté ainsi que de la formation des Verts post indépendance.
Entre Abderrahmane et Mohamed, deux frères footballeurs professionnels qui ont eu le même parcours footballistique dans la vie, mais une seule chose les différencie, c’est le fait que Mohamed Soukhane occupe le poste de défenseur central tandis que Abderrahmane jouait en attaque, inter gauche comme véritable meneur de jeu. Une chose est sûre, et nous le disons sans risque de nous tromper, dans l’histoire du football algérien, jamais deux frères n’ont été alignés, ni n’ont eu le privilège de jouer côte à côte dans une même rencontre internationale officielle avec la sélection algérienne. Mohamed Soukhane était un joueur très brillant et qui dispose d’une bonne morphologie athlétique et physique.
Sa première licence fut avec la JSEB, club rival du SCU El Biar. Il était doué, technicien hors pair, doté d’une frappe de balle d’une rare puissance. On l’a souvent vu marquer des buts d’anthologie sur balles arrêtées du centre du terrain. Soukhane Mohamed a été repéré par le Havre, club qui participait dans le championnat de deuxième division de France.
Il a été, en quelque sorte, la porte d’accès pour son jeune frère Abderrahmane qui voyait en lui son idole. C’est dans cette association sportive que Mohamed va abandonner son poste d’intérieur gauche pour une présence dans l’entre jeu ou sa conduite de balle et sa clairvoyance préparaient de meilleures disponibilités à ses coéquipiers. Lorsque l’Algérie a acquis son indépendance, Mohamed était âgé de 31 ans, mais cela n’empêche qu’il fut convoqué en date du 28 février 1963 pour affronter la Tchécoslovaquie à Alger avec comme entraineur Ibrir, El Kamel et Firoud. Sa dernière rencontre internationale jusqu’à l’âge de 33 ans pour affronter en date du 4 novembre 1964 l’URSS avec pour entraineur Ibrir. Soukhane Mohamed a défendu les couleurs algérienne plusieurs fois et a porté le maillot plus de sept fois dans l’équipe des Fennecs. Il a été entraîneur du Widad de Tlemcen et de l’équipe nationale Junior.
Il rejoint le club de ses premiers amours, la JSEB, où il signe une licence en qualité d’entraineur joueur, et c’est là justement que le trio Ibrir, El Kamel et Firoud le retient parmi les Verts pour lui confier le poste d’arrière latéral. Mohamed avait un sens remarquable du placement et surtout une merveilleuse lucidité dans sa propre surface de réparation défensive qui lui permettait de donner une certaine assurance à ses coéquipiers. Il était l’idole de tous les Algériens, il avait de l’audace et ceux qui l’ont vu jouer, ont sans doute apprécié son courage, son habileté à construire à partir de l’entre jeu.
Les entraîneurs qui l’ont connu disent de lui qu’il avait du culot et de la vocation défensive avec de grandes capacités physiques. Il est devenu par la force du temps l’un des meilleurs arrières latéraux que l’Algérie ait connu. Il brillait par sa vitesse d’intervention, son sens de l’interception et sa clairvoyance, quand il s’agissait soit de relancer le jeu, soit de le casser pour permettre à ses coéquipiers de s’organiser.
Cependant, pour Mohamed Soukhane les meilleurs moments de son existence c’est d’avoir fait partie de la glorieuse équipe du FLN avec les meilleurs joueurs d’outre-mer pour le combat d’une noble cause. Il disait qu’il avait la chance d’être un combattant, un Moudjahid qui avait choisi sa destinée en prenant une arme, c’est-à-dire un ballon dans les jambes pour représenter dignement son pays et hisser haut et fort l’emblème algérien dans divers continents. D’ailleurs, s’il n’avait pas eu cette chance, il serait monté au maquis les armes à la main. Bravo à la JSEB d’avoir enfanté des footballeurs de la trempe de la trempe de Mohamed et Abderrahmane, deux footballeurs aux qualités énormes qui ont fait vibrer le cœur de tous les Algériens.
Kouider Djouab