L’ambiguïté

C’est un Conseil de sécurité divisé qui a procédé vendredi à la prorogation du mandat de la mission des Nations unies au Sahara Occidental en vertu d’une résolution «déséquilibrée» présentée par les Etats-Unis et marquée surtout par l’empreinte de la France. Le mandat de la Minurso n’a pas fait l’objet d’un renouvellement consensuel au sein du Conseil de sécurité depuis 2017, suscitant une nouvelle fois les critiques objectives de plusieurs membres de l’instance onusienne. Le ton a été donné par la Russie qui a vigoureusement dénoncé que les contributions de sa mission à l’ONU n’aient pas été prises en compte. «Les consultations sur le projet n’ont pas tenu compte de nos commentaires raisonnables et de nos solutions de compromis recommandées. Un certain nombre de propositions constructives d’autres membres du Conseil de sécurité sont également restées lettre morte», a regretté Dmitri Polyanskiy, l’ambassadeur adjoint russe à l’ONU. Critiquant le travail mené par le porte- plume, en l’occurrence les Etats Unis, sur ce dossier, le diplomate russe a rejeté les tentatives visant à estomper les paramètres du règlement de ce conflit vieux de plus quatre décennies. Polyanskiy a déploré les nouveaux éléments de langage introduits ces dernières années dans les résolutions prorogeant le mandat de la Minurso, citant en cela les références dans ces textes à la nécessité de s’en tenir à une «approche réaliste» ou à «des compromis». Les termes utilisés de «démarches réalistes» et de «compromis prolongent l’ambiguïté» et sapent les travaux du Conseil de sécurité, nuisant ainsi aux perspectives d’un dialogue direct entre les deux parties au conflit, le Front Polisario et le Maroc, a expliqué la délégation russe. Pour Moscou, le texte adopté ne contribuera pas aux efforts de l’Envoyé personnel pour relancer ces négociations directes.