«Nous avons des joueurs brillants»

Kamel Berroudji (ex-international) :

Kamel Berroudji 76 ans, aujourd’hui arrière grand- père, accorde rarement d’interviews aux médias. Il préfère s’infiltrer dans des débats et discussions entre amis que d’accorder des entretiens.Il le dit ouvertement, et lorsque vous l’approchez, il vous pose la question de savoir s’il s’agit d’ une interview ou d’une discussion hors médias. Nous avons, pour notre journal, réussi à le convaincre, et il nous livre ses impressions sur les prochains matches  comptant pour les éliminatoires de la Coupe du monde que s’apprête à livrer notre sélection nationale nationale.

La Nouvelle République : Merci de nous accorder cet entretien. Beaucoup de souvenirs défilent lorsqu’on évoque votre nom, et pour ceux qui ne vous connaissent, que peut-on leur faire rappeler ?
Kamel Berroudji : J’ai commencé à jouer très jeune. J’ai intégré le club de l’OM Ruisseau vers les années 60/70, avant de rejoindre l’USM Alger, pour terminer ensuite comme entraîneur de l’équipe de Reghaia. Aujourd’hui à 76 ans, j’active comme trésorier de l’Association des anciens internationaux. J’ai joué 13 matches de coupe, puis entraîneur de l’équipe de si Mustapha en 85. Disons que c’est l’OMR qui m’a propulsé, qui m’a permis de me forger, mais avant ce club il y avait la rue, comme tous les jeunes algériens amoureux de la balle ronde.

Donc la rue et l’OMR ont fait de Kamel un excellent ailier droit…
Et devenir un des meilleurs joueurs du moment, bien entendu, j’ai joué en junior. Je n’oublierai jamais Smail Khabatou, que Dieu ait son âme. C’est lui qui m’a énormément aidé, orienté et conseillé. Petit à petit, comme dit le vieux dicton, l’oiseau fait son nid, et jusqu’au jour où l’international Pelé m’a remarqué lors du match Algérie-Brésil joué à Oran en juin 1965. On affrontait en ce moment-là l’Allemagne, champion d’Europe à l’époque. Je me rappelle que ma prestation avait marqué les esprits de mes dirigeants, notamment après l’excellente victoire de deux buts à un.
Avez-vous évolué en équipe nationale ?
Oui, c’était en 1962, et en tout j’ai joué 50 matches en EN.

Et après l’OMR, vous avez déménagé vers l’USMA, en 72 me disiez-vous jusqu’à 76, soit quatre saisons ?
Oui c’est exacte. J’ai gagné un titre de champion de division deux, et participé à trois finales de Coupe d’Algérie, c’était déjà pas mal. Malheureusement, on n’a pas pu gagner le trophée. Il y a un joueur que j’estime toujours, c’est un grand Monsieur, il s’agit de Omar Betrouni. Ce joueur du MCA est un baroudeur, véritable moteur, très bien médiatisé. Il avait des tirs foudroyants, chaque tir était un but ou la balle frappait le poteau. Il y avait aussi les Bachi, Tahir, Bencheikh et consorts.

Merci pour ce tour d’horizon, dites-nous, les Verts s’apprêtent à affronter comme vous le savez le Djibouti et le Burkina Faso, un mot ?
Ce sont deux équipes comme tant d’autres. Le sélectionneur, lui, ne fait pas très attention à leur valeur, il considère que toutes les équipes se valent, et qu’il va falloir les traiter de la même manière. Sur le terrain, il sait comment piloter son équipe pour aller le plus loin possible, il ne s’endort pas. Ce qui l’intéresse, c’est de mobiliser ses troupes pour veiller à ce que chaque joueur ne souffre d’aucune blessure et qu’ils soient tous en forme moralement et psychologiquement. Il connaît parfaitement ce que valent ses éléments, il sait également comment construire le jeu et venir à bout de son adversaire. Ils sont sur une excellente lancée donc pour moi, ils sont favoris.

Beaucoup d’infos sur Djibouti et le Burkina ?
Ce qui se dit n’intéressait pas Belmadi, encore moins les joueurs. Il ne cherche pas à savoir ce qui se dit, mais seul comment gagner les parties l’intéresse. Les scores se travaillent sur le terrain avec des joueurs préparés pour concrétiser ensuite. Chaque joueur produit, se donne à fond et se concentre pour compléter et confirmer la stratégie de jeu travaillée et mise en forme par le sélectionneur. Mais, je reconnais par ailleurs, qu’aucun entraîneur ne peut produire une nouvelle stratégie de jeu puisque tous les systèmes de jeu sont exploités tant chez nous qu’ailleurs. Sur le terrain, seule la force de cette envie de gagner et l’entente entre joueurs comptent. Depuis 2018, soit depuis la venue de Belmadi, toute la nation est tranquille. Nous avons des joueurs brillants, avec des critères qui se trahissent sur le terrain, en l’occurrence leur caractère, leur disposition à vivre ensemble pour réussir.

Vous avez certainement réagi à la colère de Belmadi après le constat fait sur la pelouse du terrain du stade de Tchaker ?
Oui, il a parfaitement raison. S’il a réagi de cette manière, ce n’est certainement pas uniquement pour l’Equipe nationale, mais pour l’image de ce grand pays d’Afrique, l’Algérie. Il est inconcevable qu’après avoir atteint un tel niveau, nous puissions recevoir des équipes africaines sur un terrain massacré. Le gouvernement a réagi, c’est une excellente chose. Aujourd’hui, le terrain est en parfait état.

Interview réalisée par H. Hichem