Grandes manifestations des partisans d’Abiy à Addis Abeba

Ethiopie

En Ethiopie, tout semble se diriger vers une guerre civile sanglante. Au moment où les rebelles du Tigré, en conflit armé depuis un an avec le gouvernement fédéral, menacent de marcher sur la capitale Addis Abeba, un rassemblement de partisans du Premier ministre, Abiy Ahmed, a eu lieu dimanche passé dans la capitale en guise de réponse à ces menaces. Des dizaines de milliers d’Ethiopiens se sont rassemblés dans l’enceinte de la capitale Addis Abeba suite à l’appel lancé par le Premier ministre, Abiy Ahmed, au lendemain des menaces faites par la nouvelle Alliance regroupant neuf groupes rebelles de déclencher une offensive armée sur Addis Abeba. Les fidèles d’Abiy ont juré de défendre la capitale contre les rebelles tigréens et dénoncé les efforts diplomatiques pour mettre fin au conflit dans le nord du pays. Ce rassemblement s’est tenu cinq jours après que le gouvernement a décrété l’état d’urgence sur l’ensemble du territoire, officiellement pour protéger la population du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) qui revendique depuis une semaine la prise de plusieurs villes stratégiques et n’a pas exclu de marcher sur Addis Abeba. Présente à ce rassemblement sur la célèbre place Meskel, la maire d’Addis Abeba, Adanech Abebe, a accusé : «les ennemis [de l’Éthiopie veulent] terroriser notre population». «Ils disent qu’Addis Abeba est encerclée, mais Addis Abeba n’est entourée que par son peuple incroyable, par ses enfants héroïques et vigilants», a-t-elle lancé. La maire d’Addis Abeba a également dénoncé l’attitude de l’administration américaine de Biden, très critique sur ce conflit et qui a annoncé la semaine dernière son intention de mettre fin à un accord commercial avec l’Éthiopie en raison des violations des droits de l’Homme durant cette guerre. «Nous ne sacrifierons pas notre liberté», a-t-elle déclaré, affirmant que «la place du TPLF est en enfer». Des manifestants brandissaient des pancartes exhortant les États-Unis à «arrêter de nous sucer le sang» ou dénonçant les médias occidentaux accusés de diffuser des «fausses nouvelles» exagérant l’avancée rebelle. Pour la population locale, la capitale Addis Abeba est une ligne rouge à ne pas franchir pour les terroristes de Tigré et leurs alliés. «Ils ne viendront pas à Addis parce que je pense que l’armée peut les détruire », a déclaré Kebede Hailu, vendeur de vêtements tout en ajoutant qu’« Il n’y aura pas de négociation. Ce sont des terroristes, ils devraient être enterrés et anéantis». Faut-il le rappeler, le 4 novembre 2020, Abiy Ahmed avait envoyé l’armée dans la région septentrionale du Tigré pour destituer les autorités régionales issues du TPLF, qu’il accusait d’avoir attaqué des bases militaires. Il avait proclamé la victoire le 28 novembre. Mais en juin, les combattants pro-TPLF ont repris l’essentiel de la région puis avancé dans les régions voisines de l’Afar et de l’Amhara. Aujourd’hui, l’Ethiopie est à deux doigt d’une guerre civile sanglante.
R.I