Enterrement en Pologne d’un Yéménite, mort à la frontière avec le Bélarus

Frontière Polono-Bélarusse

Sous un ciel bas, au milieu des champs et des bois de bouleau, quelques hommes de la petite communauté musulmane de la région polonaise de Bohoniki ont enterré dimanche un yéménite de 37 ans mort de froid et d’épuisement en tentant de rejoindre l’Union européenne depuis le Bélarusse. Après une prière dans la vieille mosquée en bois de ce village située à une dizaine de kilomètres de la frontière polono-bélarusse, les hommes ont porté le cercueil jusqu’au cimetière, situé sur le versant d’une colline recouverte de pins. Mostafa Morched al-Rimi est alors inhumé, en présence de son frère et de l’ambassadeur du Yémen en Pologne. Sa tombe, fraîchement creusée, est située dans la même rangée que celles d’autres victimes de cette crise. «C’est l’expression de notre respect et de notre solidarité avec cet homme décédé dans des conditions terribles. C’est une vraie catastrophe. C’est de la politique qui méprise les gens», affirme à l’AFP Ryszard Mozdabaïev, originaire de la péninsule ukrainienne de Crimée qu’il a fuie il y a huit ans. M. Mozdabaïev, qui réside dans la grande ville régionale Byalistok, à une cinquantaine de kilomètres de Bohoniki, est accompagné d’amis originaires de Crimée ou de Tchétchénie. La minuscule communauté musulmane locale – en majorité des descendants de Tatars dont la présence dans cette région du nord-ouest de la Pologne remonte au XIVe siècle – s’est engagée à organiser «de dignes cérémonies» à ceux ayant péri durant leurs tentatives de rejoindre l’Europe.