Mort avec un ballon dans les pieds 

Mazouza Abdelkader 

La ville des Roses a enfanté de grands sportifs et de bons footballeurs à l’image de Mazouza Abdelkader, ce grand révolutionnaire qui a fait partie de l’équipe du Front de libération nationale, celle de la liberté, du Onze de l’indépendance qui avait sillonné pas mal de grands pays pour montrer le combat libérateur de la noble cause, à savoir l’indépendance totale de l’Algérie. Mazouza Abdelkader ne fait plus partie de ce monde car emporté par une longue et cruelle maladie, mais une chose est sûre, il demeure vivant dans l’esprit de chacun de nous.
Mazouza Abdelkader est né le 4 août 1932 à Blida. Il occupait le poste d’inter-gauche. C’est un joueur doté d’un talent exceptionnel et spécialisé dans les dribbles. La preuve, le regretté Rabah Deriassa a chanté ses louanges, en même temps que le regretté Abdelkader Guessoum.
Mazouza Abdelkader a commencé à taper dans un ballon avec l’équipe locale de la ville des Roses, tout jeune il était militant de la noble cause. Il n’aimait pas la hogra, l’injustice du colonisateur. C’était un parfait nationaliste, et adhérer au FLN n’était pas chose facile. Comme tous les techniciens, Abdelkader était animé d’un esprit collectif, et c’est pour cela que Khabatou et Ibrir étaient séduits par l’élégance et la mobilité de ce garçon et le convoquent chez les Verts dans la formation post-indépendance.
Mazouza, malgré sa présence physique et sa technique de jeu en mouvement, savait être à l’occasion, un coéquipier collectif avec l’USM Blida. Il avait côtoyé les Brakni, Sebkaoui et d’autres grands footballeurs de l’équipe musulmane de la cité des Roses. Il était doté d’une frappe de balle d’une pureté exceptionnelle.
Mazouza Abdelkader a vadrouillé dans de grandes formations européennes. Il avait fait les beaux jours de Nîmes Olympique, club de première division française. Il était doué et avait devant lui, une excellente carrière, mais fut appelé par le devoir du pays pour une noble cause, à savoir l’indépendance de l’Algérie. Il répond présent sans hésiter un seul instant, et rejoint celle que l’on a surnommée l’équipe de la Liberté.
Mazouza Abdelkader a été un exemple de sérieux et de correction, il est issu d’un milieu nationaliste, il adorait son pays, il adorait jouer au football et reste un exemple de joueur de football qui possédait un tempérament de gagneur. Il s’est montré, tout au long de sa carrière, d’un sérieux exemplaire sur le terrain et sa vie de tous les jours. D’une stature puissante et en plus de sa technique, Abdelkader se servait de sa force physique et de son sens aigu dans les balles aériennes. Son apport était précieux du fait qu’il était souverain, balle au pied. C’était un authentique attaquant, et un bel exemple de sportivité, que ce soit avec ses coéquipiers, les joueurs adverses ainsi que les arbitres. Jamais il n’a eu un mot déplacé envers les officiels à l’USMB, Nîmes olympique ou l’équipe de la Liberté ou les Verts postindépendances.
Mazouza était l’animateur, le réalisateur, le créateur. Il symbolisait aussi cette Algérie qui gagne. Il était la classe à l’état pur.
Comme tous les footballeurs blidéens, il a confectionné, durant toute sa carrière footballistique, deux qualités : la recherche du football collectif et la maîtrise technique.
Mazouza Abdelkader avait commencé à jouer au ballon, tout jeune, au sein de la formation blidéenne avant d’émigrer en France où il devint au sein de la formation de Nîmes Olympique. Un fabuleux stratège. Il le fut aussi avec l’équipe nationale postindépendance en 1962. Il avait aussi la chance de connaître la génération des années 1950 avec les Maouche, Mekhloufi, Bentifour, Arribi, Chabri, Boubekeur, Defnoun, Benfedha, Kermali, les frères Soukhane, les frères Bouchache et Zitouni.
Mazouza Abdelkader était pourvu d’un bon dribble, doué dans les feintes du corps, spécialiste dans les petits ponts, avec une vitesse rapide. Jamais, au grand jamais, un footballeur de la classe de Abdelkader n’était aussi complet, malgré la présence de meilleurs techniciens au sein de l’Équipe nationale, plus spécialement celle du Front de libération nationale. Il avait traversé une période de progression constante qui lui a permis d’être dans l’effectif de pas mal de coachs algériens. Il peut se vanter d’avoir joué dans l’une des meilleures équipes historiques du football algérien, d’avoir fait partie de la formation de la Liberté.
Pour l’histoire combattante et pour des raisons de sécurité, Mohamed Boumezrag dont le stade de Chlef porte le nom, rend personnellement visite à chaque joueur pro-Algérien admissible dans l’équipe du FLN. Il établit des contacts amicaux avec chaque joueur avant de lui faire subir une légère pression morale tout en leur promettant que dans les cas où ils ne répondront pas présent, les joueurs n’avaient pas à craindre des représailles s’ils refusent comme l’ont fait par exemple Salah Djebaili, Kader Firoud (tous les deux au Nîmes Olympique) Ahmed Arab de Limoges ou encore Mahi Khenane du Stade Rennais. Cependant, les footballeurs que nous venons de citer ont été les premiers à faire partie de la première équipe nationale post-indépendance durant l’année 1962 avec un Kader Firoud comme entraîneur national. Mazouza qui évoluait au Nîmes Olympique a répondu présent pour rejoindre la Tunisie avec ses compagnons. Il avait toujours souhaité mourir en Chahid, les armes à la main, mais Abdelkader est mort avec un ballon dans les pieds.
Kouider Djouab