Débat sur le rôle des voyageurs européens dans la préparation des invasions

Période ottomane

Les participants à la rencontre internationale sur «L’Algérie à l’époque ottomane à travers le regard des voyageurs maghrébins et européens (1519-1830)», ouverte lundi à Oran, ont mis en exergue le rôle joué par les voyageurs européens dans la préparation des campagnes militaires françaises et espagnoles contre l’Algérie.
Les participants à cette rencontre scientifique, abritée par l’université Oran1 «Ahmed Ben Bella», ont indiqué que les voyages européens étaient l’un des épisodes du conflit entre les mondes musulman et chrétien, dans le cadre des croisades sur l’Orient pour tenter de pénétrer et d’occuper le monde musulman avec une focalisation sur l’Algérie.
A ce propos, le Dr Ahmed Renima, du département d’histoire de l’Université d’Oran1, a présenté une intervention intitulée «les voyageurs européens vers l’Algérie : un outil de pénétration et de domination». Le conférencier a indiqué que les voyageurs européens en Algérie étaient pour la plupart en mission officielle, encadrée par les autorités royales et papales, dans une stratégie d’affaiblissement de l’Algérie à l’époque ottomane, considérée comme une source de menace pour l’Europe.
Il a ajouté que ces campagnes sous couvert scientifique, «mais renfermaient en fait d’autres missions puisque ces voyageurs fournissaient des rapports détaillés pour être exploités dans les opérations de pénétration, qui ont pris fin avec l’occupation de l’Algérie en 1830».
Il a ajouté que l’Algérie à l’époque ottomane a été le théâtre de campagnes militaires européennes répétées, avant l’invasion française, en particulier française et espagnole pendant plus de trois siècles.
De son côté, le Dr Hamid Aït Habbouche, de la même université, a évoqué le livre «Description de l’Afrique» du voyageur Hassan El-Wazzane, dit «Léon l’Africain», et son importance dans l’écriture de l’histoire de l’Algérie au début du 16e siècle. Il a noté que cet ouvrage fournissait une description scientifique et précise de nombreuses questions concernant les coutumes et la nature des tribus africaines, ainsi que des observations sur les ressources naturelles et le climat du continent.
Le même intervenant a souligné que l’ouvrage, traduit dans diverses langues européennes, était utilisé à l’époque par les occidentaux pour dessiner des cartes de l’Afrique et livrait des secrets de l’Afrique et les clés de son occupation.
Pour sa part, Dr. Amel M’hamed El-Djabbou El-Kadhafi de l’Université de Benghazi (Libye) a évoqué les motivations religieuses et scientifiques des voyageurs maghrébins, soulignant l’importance de ces voyages dans la consolidation des relations entre les peuples du Maghreb et du Machrek arabes.
Au cours de la deuxième journée de la rencontre, plusieurs interventions seront présentées pour aborder les modèles de connaissance dans les récits de voyage algériens, la valeur scientifique des voyages dans l’écriture de l’histoire nationale, les conditions sociales, économiques, culturelles et scientifiques du pays durant la période ottomane, ainsi que d’autres questions liées aux voyages.
Cette rencontre internationale de deux jours enregistre la participation de chercheurs de différentes universités du pays, de Libye, Tunisie, Qatar et de France, rappelle-t-on.
R.C.