Les experts algériens tirent la sonnette d’alarme

La migration clandestine vers l’Algérie a doublé

La migration clandestine est en hausse vertigineuse et le nombre des immigrants clandestins vers l’Algérie a doublé pour atteindre au cours de l’année plus de 10.800 immigrants clandestins. Les nombreux foyers qui sont théâtres de conflits armés et l’absence totale d’une économie digne de ce nom, ont donné lieux à de véritables vagues humaines vers les frontières algériennes.
Le constat est plus qu’inquiétant et la sonnette d’alarme vient d’être tirée par des gendarmes hauts gradés et experts dans le domaine de la migration et de la sécurité, contre l’hémorragie «continue» du nombre colossal des migrants clandestins débarquant en Algérie en provenance de nombreux pays africains.
En effet, intervenant avant-hier à Alger en marge des travaux de la Journée d’étude sur «l’immigration clandestine en Algérie : problématiques et enjeux», organisé par l’Institut national des études de stratégies globales (Inesg), le lieutenant-colonel Sayeh Boussif, Chef de service de la Police judiciaire relevant du Commandement de la Gendarmerie nationale (CGN), a estimé qu’en 2021, 10.889 immigrants clandestins de différentes nationalités africaines ont été interceptés contre 5.825 en 2020, soit le double durant cette année. Ce n’est pas tout, le lieutenant-colonel de la Gendarmerie nationale dira plus : «Les services de la Gendarmerie nationale ont pu durant la période allant de 2018 à 2020 démanteler 445 réseaux de trafic d’immigrants de différentes nationalités, composé de 1.285 criminels», détaille-t-il en chiffres.
C’est dire combien l’évolution a été sensible, fatale et très inquiétante à la fois de l’immigration clandestine et des organisateurs et passeurs, et leurs impacts sur la sécurité et la stabilité de l’Algérie.
Le représentant de la Gendarmerie nationale a, par ailleurs, alerté sur l’existence d’une relation étroite entre l’immigration clandestine africaine, le crime organisé et les organisations terroristes, où lesdits criminels exploitent les conditions sociales difficiles des immigrants clandestins en leur assurant le transport vers les régions du Nord du pays, puis vers l’Espagne, tout en saisissant de fortes sommes en argent. Sur ce point, le lieutenant-colonel Sayeh Boussif a mis en garde contre l’émergence de ce fléau.
En termes de financement, Il dira que «chaque réseau de trafic d’immigrants africains possède un système de financement spécifique». Pour lui, la solution devant ce fléau menaçant se formule en deux plans, interne et externe du pays, le premier sur la création d’un Observatoire national de lutte contre l’immigration clandestine, puis par un travail conjoint entre les différentes autorités sécuritaires, quant au plan externe, la solution demeure sur l’intensification des efforts au plan international pour lutter contre ce fléau. Sur le plan humain, les deux experts Hassan Kacimi et Mizat Mohamed Saib, ont plaidé pour une prise en charge adéquate des immigrants clandestins arrivant en Algérie, au vu leurs nombres colossaux. Pour sa part, l’expert dans les affaires de l’immigration et des questions sécuritaires au Sahel africain, Hassan Kacimi, a appelé l’ONU à contribuer économiquement aux pays africains car, «l’Algérie ne peut faire face seule à ce phénomène de l’immigration clandestine qui est en vogue continue», a-t-il signalé. De son côté, Mizat Mohamed Saïb, expert en sociologie au Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread) a appelé à coordonner le travail entre les différentes autorités sécuritaires, appelant à «prendre en charge les enfants en détresse morale, particulièrement les adolescents africains qui sont exploités par des réseaux criminels dans la mendicité, ce qui nécessite leur rapatriement vers leurs pays d’origine», affirme ledit expert.
Sofiane Abi