Portrait de Maya Angelou

Un témoin méconnu des luttes afro-américaines

Femme noire et artiste engagée, Maya Angelou détonnait dans l’Amérique conservatrice des années 1950 et 1960. Toute sa vie, elle a écrit, dansé, chanté et surtout lutté aux quatre coins de la planète et aux côtés des plus grandes figures afro-américaines.
Maya Angelou, de son vrai nom Marguerite Johnson, est née le 4 avril 1928, à Saint-Louis, dans le Missouri. Son père, Bailey Johnson est concierge. Sa mère, Vivian Baxter est à cette époque infirmière. La jeune Marguerite descendrait d’une famille de Mendés de Sierra Leone. Son arrière-grand-mère, Mary Lee, aurait été une esclave affranchie qui aurait eu un enfant avec son ancien propriétaire.
Très tôt, ses parents déménagent avec leur fille et leur fils aîné, en Californie. La vie californienne se passe mal. Les parents ne parviennent pas à gagner assez d’argent et se séparent. Ils sont donc très vite obligés de laisser leurs enfants, qu’ils envoient en train à Stamps, dans l’Arkansas, chez Annie Henderson, leur grand-mère paternelle.
Cette dernière possède une grande épicerie générale qui, malgré la période économique passée a pu gagner un peu d’argent. Pour Maya Angelou, c’est alors le retour vers le Sud, raciste et ségrégationniste et vers un mode de vie marqué par la foi religieuse. La jeune Marguerite se rapproche alors de son grand frère Bailey, qui, à cause d’un bégaiement important, l’appelle « My » au lieu de « my sister ». Quelques temps plus tard, alors que les deux enfants lisent un livre sur la civilisation maya, Bailey se tourne vers sa sœur et l’appelle Maya. Ce surnom, elle le portera toute sa vie.
Lorsqu’elle a 7 ans, elle part rendre visite à sa mère à Chicago. Durant son séjour, elle est sexuellement agressée par son nouveau beau-père. Maya décide alors de garder le silence et de ne parler de cette histoire qu’à son frère Bailey. Quelques mois plus tard, elle apprend qu’un oncle a tué son beau-père. Maya est terrifiée et imagine que ce sont ses mots qui ont tué cet homme. Elle entre alors dans un profond silence qui dure plusieurs mois, plusieurs années selon certains.
Maya revient finalement en Californie lorsqu’elle a 13 ans, pour intégrer la Mission High School, une école privée de San Francisco dont elle est d’ailleurs la première élève noire. C’est une institutrice et amie de la famille, Bertha Flowers, qui lui redonne envie de parler en lui faisant découvrir la littérature de Dickens, Shakespeare ou Poe. Par la suite, Maya obtient une bourse pour étudier la danse et le théâtre à la San Francisco’s Labor School. Très vite, elle abandonne ses études pour devenir la première conductrice noire-américaine de ces tramways à traction par câble célèbres à San Francisco. Finalement, Maya reprend ses études quelques années plus tard. Quelques jours après avoir obtenu son diplôme, elle donne naissance à son fils, Guy. Maya a alors 16 ans et décide de quitter le foyer maternel. Elle doit donc élever seule son fils et travailler comme cuisinière pour gagner un peu d’argent.

Une carrière d’artiste
À 24 ans, elle épouse Anastasios Angelopoulos, un marin grec et commence à chanter et danser dans les bars. Marguerite Johnson devient officiellement Maya Angelou. Même si elle divorce rapidement, elle commence à voyager en Europe et se produit notamment en 1954 et 1955 avec la troupe du célèbre opéra Porgy and Bess. Dans le même temps, elle suit des cours de danse moderne avec la chorégraphe Martha Graham. Elle commence à se produire sur les plateaux de télévision en compagnie du danseur afro-américain Alvin Ailey et sort son premier disque en 1957, Calypso Lady.
Par la suite, elle joue dans la pièce de l’écrivain français Jean Genet, The Blacks. Cette pièce fut jouée à New York à partir du 4 mai 1961. Le succès fut tel que la pièce devint le « Off-Broadway » le plus longtemps joué. Avec James Earl Jones, Roscoe Lee Browne, Louis Gossett Jr., Cicely Tyson, Godfrey Cambridge et Charles Gordone, Maya Angelou joue cette pièce 1 408 fois.
À la fin de cette grande aventure théâtrale, elle écrit et joue dans Cabaret for Freedom, à nouveau avec Godfrey Cambridge, un Noir-américain qui avait abandonné ses études de médecine pour le théâtre.
(Suivra)
H.B.