L’année 2022 sera-t-elle la bonne ?

Augmentation de la production céréalière

Le ministre de l’Agriculture et du Développement rurale, Mohamed Abdelhafid Henni, prévoit une baisse des importations de céréales de l’ordre de 25% en 2022. Cette prévision faite par le département de
M. Henni intervient après une saison agricole 2020/2021 marquée par une grave sécheresse ayant entraînée une baisse sensible de la production céréalière du pays. Première conséquence, l’Office interprofessionnel des céréales (OAIC) n’a collecté que 13 millions de quintaux de céréales en 2021 contre 27 millions de quintaux un an auparavant. Pour couvrir ses besoins, l’Algérie importe entre 70 et 80 millions de quintaux de blé annuellement. En particulier, le blé tendre destiné à la production de la farine. En 2020, la facture des importations des céréales avait dépassé les 2,8 milliards de dollars. Pour 2021, cette facture serait plus lourde en raison de la baisse de la production locale de céréales et la hausse de leurs prix sur les marchés mondiaux. Selon les dernières données de la FAO, le prix du blé a augmenté de 31% et celui du maïs de 44% l’année passée.
Pour le Gouvernement algérien, l’augmentation de la production des céréales est devenue un objectif stratégique. La pandémie du Covid-19 est ses conséquences planétaires a remis à l’ordre du jour le renforcement de la sécurité alimentaire du pays. Ce n’est plus seulement une affaire de réduction de la facture des importations, mais il est surtout question de produire plus de céréales pour sécuriser l’approvisionnement des populations en produits de bases, en particulier durant la période des crises majeures.
Parmi les premières mesures prises par le dernier Conseil des ministres figure l’augmentation des prix à la production des céréales. Ainsi et après 14 ans de stagnation, le prix du quintal de blé dur payé aux agriculteurs est passé de 4.500 à 6.000 Da. Celui du blé dur de 3.500 à 5.000 Da et celui de l’orge de 2.500 à 3.400 Da. Ainsi et avec cette augmentation, l’Etat va payer aux agriculteurs algériens un prix de la tonne de blé tendre supérieur à celui du marché mondial.
En ce mois de janvier, la tonne de blé tendre sur le marché international est cédée à 271 euros, tandis que l’OAIC achètera lors de la campagne céréalière de 2022 la tonne de blé tendre l’équivalent de 315 euros. La décision prise par le Gouvernement de payer un tel prix au blé tendre vise à encourager les céréaliculteurs à le cultiver. La production de cette variété de blé dépasse rarement le 0,8 million de tonnes. Concernant le blé dur il sera payé aux agriculteurs à un prix équivalent à 378 euros la tonne et l’orge à 254 euros la tonne. Pour le blé dur et l’orge, le pays peut aisément couvrir ses besoins et éviter les importations. Un tel niveau des prix va encourager les agriculteurs à produire plus et surtout à vendre leur production à l’OAIC.
L’impact de la hausse des prix à la production en 2008 est là pour expliquer l’impact d’une telle décision. De 2000 à 2009, la production annuelle moyenne des céréales était de 30 millions de quintaux. Après l’augmentation des prix en 2008, la production annuelle moyenne est passée à 40 millions de quintaux de 2009 à 2017. Et depuis 2018, le prix payé par l’Etat aux céréaliculteurs est devenu insuffisant pour couvrir l’augmentation des prix des engrais et produits phytosanitaires et dégager une valeur ajouté.
A la faiblesse de la rentabilité de cette filière vient s’ajouter la sécheresse.
Le changement climatique est devenu une réalité en Afrique du Nord. La pluviométrie a sensiblement baissée dans le Nord du pays. En 2021, elle n’avait pas dépassé les 250 mm sur la majorité des wilayas de l’Ouest du pays, qui, en temps normal, recevait 350 mm de pluies annuellement. L’irrigation en général, et l’irrigation d’appoint en particulier au profit des céréales, est devenue incontournable pour assurer des rendements acceptables des céréales. La nouvelle donne climatique impose également la sélection de semences capables de résister au stress hydrique et aux parasites. La recherche agronomique doit être associée à l’effort national d’amélioration des rendements et de la production agricole. Si l’augmentation des prix à la production des céréales constitue une décision importante pour soutenir les céréaliculteurs, il reste qu’une stratégie nationale, associant le secteur des ressources en eaux, l’université et l’industrie doit être réfléchie pour que le secteur agricole deviendrait une locomotive de la relance et de la diversification de l’économie nationale. Nadji C.