Pas de répit pour les ménages !

La hausse des prix s’accélère à l’approche du mois de Ramadhan

Entamés dès le début de l’année 2022 par une envolée inattendue des prix des produits laitiers et des légumineuses, les ménages algériens pourraient souffrir plus dans les semaines à venir, à l’approche du mois de Ramadhan, marqué déjà par un contexte particulier de pénuries et de hausse des prix. Cette situation met à mal les consommateurs, notamment, ceux disposant d’un faible revenu et les pouvoirs publics qui se mettent en ordre de bataille depuis des mois pour éradiquer la spéculation et réguler les prix sur le marché, vainement. Cette inflation déprime les ménages et risque d’avoir des répercussions négatives sur la consommation et la croissance économique. Le défi est de taille.
Il faudrait trouver rapidement des solutions à l’érosion du pouvoir d’achat qui s’enfonce depuis septembre 2021. La classe moyenne est fortement touchée par cette «dépression» et s’inquiète de plus en plus de l’évolution de son niveau de vie. Pour une année de plus, pas de répit pour les consommateurs, notamment, pour une famille moyenne qui voit depuis quelques mois sa facture alimentaire grimper régulièrement. La hausse des prix à la consommation est devenue cyclique et n’obéit pas, pour la plupart du temps, au principe de l’offre et de la demande. Les ménages se sentent de plus en plus minés et perdent confiance.
L’absence du contrôle et la voracité des commerçants et même des industriels sont mises en cause dans cette situation de déprime, qui n’est malheureusement pas passagère. La flambée des tarifs que connaissent toutes les catégories de denrées alimentaires dont les légumineuses (lentilles, haricots rouges et blanc et les pois-chiches) poussent à croire que cette dépression est plutôt durable et nécessite l’intervention urgente des autorités pour réguler les prix sur le marché. L’huile, le lait conditionné en carton, les yaourts, le beurre, les légumineuses, les pâtes… etc. On dirait que «leurs prix ont augmenté du jour au lendemain». «Du jamais vu même en pleine pandémie et confinement», dira une mère de famille qui s’interroge sur les raisons de ces augmentations successives et excessives des denrées alimentaires. Les prix sont donc fixés librement par les commerçants ! Ce qui n’est pas le cas des marges bénéficiaires qui, par ailleurs, devraient obéir à des conditions strictes pour éviter la «manipulation des prix à la production et à la vente en passant par les intermédiaires». Certains commerçants ont augmenté à 100% jusqu’à 200% leurs marges bénéficiaires, a relevé le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, Kamel Rezig, auparavant, pointant des failles réglementaires.
En effet, cette manipulation pénalise durement les ménages qui subissent une hausse généralisée des prix à la consommation.
Par ailleurs, cette tendance haussière est annoncée depuis plusieurs mois par les industriels, notamment, du secteur agroalimentaire et aujourd’hui elle est devenue une réalité dans les rayons des supérettes, des épiciers du quartier et des supermarchés. Les Algériens disposant de petit budget ne peuvent plus se permettre certains produits, inaccessibles pour eux. Leur menu est devenu maigre. A ce rythme accéléré de l’inflation, la classe moyenne disparaîtrait et la sécurité alimentaire des Algérien serait menacée. Quelles sont les mesures à prendre pour endiguer l’érosion du pouvoir d’achat des Algériens ? Comment encadrer et contrôler les prix à la vente et surtout barrer la route à ceux qui monopolisent le marché de l’agroalimentaire ? C’est la question qui se pose et une réponse d’urgence s’impose pour remettre de l’ordre sur le marché. Du moins, la réflexion sur ce défi alimentaire s’impose.
«La mise en place d’un système transparent pour la régulation des prix au niveau des marchés s’impose», c’est la solution recommandée par les experts pour arrêter la spéculation et la hausse des produits.
De son côté, M. Kamel Rezig, veut plafonner par voie réglementaire «les marges bénéficiaires en vue de préserver le pouvoir d’achat du citoyen tout en prenant en considération les intérêts des commerçants». «Le texte de loi en question intervient pour obliger les commerçants et les agriculteurs à vendre leurs produits avec des marges raisonnables prenant en ligne de compte leurs intérêts commerciaux et le pouvoir d’achat des citoyens», a-t-il expliqué. En attendant l’entrée en vigueur de cette réglementation, entre autres, les ménages devraient se préparer, comme à chaque approche du mois de Ramadhan, à nouveau à la hausse de certains produits, largement consommés durant ce mois. C’est la tradition.
Samira Takharboucht