Le produit «Made in Africa» face à l’impasse réglementaire !

8ème réunion du Conseil des ministres de la Zlecaf

L’Algérie essaie de remettre de l’ordre dans ses priorités économiques et mise pour asseoir sa présence sur le marché africain sur la commercialisation de produits fabriqués localement. Le pays a déjà identifié ses cibles au sein de la Zone de Libre-échange continentale africaine (Zlecaf) pour se positionner avec une forte valeur ajoutée en vue de libérer les pays africains (consommateurs) de leur dépendance aux produits européens, transformés et revendu dix fois plus chers. C’est aussi l’objectif des 55 pays membres de ce Groupement économique africains qui veut se donner une nouvelle image et parvenir progressivement à un développement inclusif et durable au cours des 50 prochaines années.
Certes, les investissements au sein de la Zlecaf sont freinés à cause de la pandémie du Covid-19 qui a fortement touché le continent, mais beaucoup reste à faire pour bâtir un modèle économique et commercial commun plus solide et surtout solidaire. Plusieurs questions d’ordre réglementaires, juridiques et sécuritaires sont en suspens et nécessitent en urgence des réponses pour atteindre les objectifs tracés par l’Accord de la Zlecaf à l’horizon 2063. Les ministres du Commerce des pays membres de ce bloc commercial se sont réunis, hier à Accra (Ghana) pour discuter des «orientations nécessaires pour le règlement de l’ensemble des questions en suspens, notamment en ce qui a trait aux règles d’origine et offres tarifaires du commerce de marchandises au sein de la ZLECAf». Les règles d’origine qui sont un point clé qui définit la nationalité des marchandises et les protègent des pratiques commerciales malsaines et empêchent ceux qui ne sont pas membres de ce Groupement de bénéficier des préférences tarifaires et prévoit, dans ce cadre, un accord de réductions tarifaires spéciales. Peu de pays ont défini ces règles et levé les barrières tarifaires comme souligné dans l’accord visant à «déterminer tous les produits made in Africa». Il est aussi attendu que chaque pays membre élabore sa propre stratégie nationale pour la mise en œuvre de ce marché unique qui devra permettre d’»augmenter les flux commerciaux au sein du continent pour atteindre plus de 52%». La réunion du Conseil des ministres du Commerce de la Zlecaf devraient aboutir, lors de leur 8ème réunion de deux jours (28-29 janvier), pour répondre à ces questions en suspens.
Le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, Kamel Rezig, a déjà mis en avant les efforts entrepris par l’Algérie pour la mise en œuvre de cette zone. Cette dernière devra renforcer les échanges panafricains et favoriser le produit «made in Africa».
Il est, toutefois, difficile de se détourner du produit européen qui a depuis toujours «colonisé»le marché africain. Aujourd’hui, le défi est double : s’affranchir de cette dépendance et revoir ses partenariats avec les pays européens. Cette autre question sera soulevée, lors du Sommet Union africaine/Union européenne qui se tiendra du 17 au 18 février prochain, lors duquel les chef d’Etats des deux parties se pencheront sur la situation financière de nombreux pays africains, notamment, ceux en surendettement, qui peuvent faire échouer toutes les initiatives de mise en place d’un bloc commercial africain.
L’Algérie, la Tunisie, le Maroc, la Guinée et l’Angola et plusieurs autres pays se sont réellement engagés dans cette nouvelle démarche, en dépit de toutes les contraintes politique, sécuritaire, sociale et financière qui peuvent mettre en péril son opérationnalisation. L’Angola et la Guinée ont annoncé l’élimination progressive des droits à l’importation de produits originaires de la Zlecaf. Une démarche à suivre par les autres pays, encore réticents. Cependant, beaucoup reste à faire pour, notamment, sécuriser et contrôler la circulation des marchandises et des personnes au sein de cette zone qui regroupe une cinquantaine de pays prêts à affronter tous les dangers pour construire un nouveau modèle économique.
Certains pays africains comptent sur le soutien de la Chine et de la Turquie et même de l’Europe pour relever ce défi. L’objectif est d’ impulser l’investissement panafricain, encourager la concurrence et surtout «effacer les dettes des pays africains dans l’impasse». Pour rappel, l’Accord instituant la ZLECAf a été signé en mars 2018 à Kigali au Rwanda, «à la suite de la finalisation des principaux instruments juridiques, et il est entré en vigueur le 1er janvier 2021. Mais, il reste, toutefois, la définition des règles d’origine, les offres tarifaires et engagements sur les services qui seront abordés longuement durant cette 8ème réunion du Conseil des ministres du Commerce de la Zlecaf.
Samira Takharboucht