10.000 escrocs arrêtés en dix ans

Ils ont arnaqué 30.000 personnes

Procureur de la République, colonel à l’Armée, capitaine à la Gendarmerie, cadre à l’AADL, commissaire de Police, professeur d’Université, médecin, propriétaire d’une Agence immobilière, de Tourisme, Imam, chef d’entreprise, homme d’affaires, grossiste, les escrocs font l’usage de fausses qualités et des noms erronés pour tromper leurs victimes et arriver à leurs fins. L’argent. Dix-mille escrocs sont arrêtés, des milliers de milliards de centimes sont volés et trente-mille victimes sont dénombrées dans le cadre de plus de 9.000 affaires d’escroquerie diligentées durant la période allant de 2010 à 2020, selon un bilan établi à partir de statistiques annuelles des services de sécurité. Parmi les 30.000 victimes de l’escroquerie recensées au cours de la période considérée, de nombreuses sont riches, tandis que la majorité sont des gens aisés.
Un bilan lourd, un constat alarmant, un fléau en vogue, des victimes considérables et des pertes colossales, voilà l’état de lieu de l’escroquerie en dix ans. Pis, aujourd’hui et avec l’émergence des technologies, une autre forme de tromperie a vu le jour, il s’agit de l’escroquerie numérique. Les escrocs se sont mis à la technologie rien que pour agrandir leurs champs d’activités.
Une situation inquiétante. Durant leurs parcours, de nombreux escrocs notoires, comme ce fut le cas d’une triste célèbre femme propriétaire d’une agence de voyage fictive, où elle avait arnaqué, en 2014, plus de 200 de ses clients à Alger, tout en empochant des milliards de centimes. Autrement dit, la femme est de plus en plus impliquée dans les affaires d’escroquerie, où le nombre de la gente féminine a dépassé les 1.000 escrocs en dix ans.
Les escrocs ont ruiné de nombreuses familles en Algérie, tout comme ils ont bouleversé la vie à de nombreux d’autres citoyens. Les préjudices financiers ont été forts à payer puisque certaines victimes, ont perdu plusieurs centaines de milliards de centimes de leurs économies.
Les personnes riches et les sociétés publiques et privées sont les premières cibles, voire l’objectif privilégié des escrocs, car ils regorgent d’argent. Ils sont considérés comme une source de richesse. C’est ainsi que de nombreux importateurs, chefs d’entreprises, grossistes, commerçants, sportifs, artistes et bien d’autres, sont visités par les escrocs. D’autre part, les fraudeurs utilisent de différentes méthodes et recourent à de faux personnages de qualités captivantes pour attirer leurs victimes et gagner leur confiance, tout en subtilisant leurs biens mobiles. De faux officiers à l’Armée, de faux diplomates, des cadres erronés du LPP, de l’AADL, de faux cadres à la Banque, aux ministères, les escrocs ont utilisé tous genres de métiers, de grades, et autres hautes fonctions.

Le faux secrétaire au Conseil de la Nation et les centaines de victimes

Nous sommes en novembre 2017, lorsqu’un escroc notoire, longtemps recherché par les services de sécurité pour des affaires similaires, avait été arrêté en plein centre de la capitale par la Police de la Division Centre d’Alger pour une énième grosse affaire d’arnaque.
Arrêté avec un autre complice, l’escroc notoire s’est mis dans la peau d’un haut parlementaire au Conseil de la Nation pour détromper ses victimes. Il leurs avaient proposés de vrais locaux commerciaux appartenant à l’Office de promotion et de gestion immobilière (OPGI) dans la commune d’Ouled Fayet.
L’affaire avait été diligentée par des policiers enquêteurs de la Division Centre de la Police judiciaire. Ces derniers avaient reçu plusieurs renseignements faisant état de plusieurs ventes fictives de plusieurs locaux commerciaux appartenant à l’Office de promotion et de gestion immobilière (OPGI) d’Ouled Fayet.
Ainsi, une enquête avait été ouverte pour identifier les auteurs de cette grosse arnaque, au bout de laquelle deux escrocs notoires avaient été identifiés, l’un d’eux est un faux secrétaire au Conseil de la Nation et l’autre, son complice, un employé à l’OPGI d’Hussein Dey.
Les deux escrocs notoires avaient réussi d’arnaquer des centaines de personnes en se faisant passer pour des gens hautement placés à la hiérarchie de l’Etat et l’un d’eux prétendait d’avoir de l’influence et de la médiation dans des postes sensibles, une méthode criminelle qui avait permis d’augmenter le nombre des proies.
En centaines, les victimes se sont précipitées pour avoir un ou plusieurs locaux commerciaux à la fois dans la commune d’Ouled Fayet, voire la future métropole de la capitale avec ses milliers de futurs lieux de commerce.
Ils avaient payé une première tranche de 500 millions de centimes, transférée par chaque victime vers un compte postal en contrepartie d’un faux contrat de vente délivré par les deux escrocs. Les deux escrocs avaient réalisé une véritable fortune à partir de leur plan diabolique, tandis que les victimes croyaient à leurs rêves. Toutefois, le triste parcours des deux escrocs avait pris fin suite à leurs arrestations, ces derniers avaient été comparus devant la justice en 2017, ils avaient écopés des peines lourdes.

La fausse épouse d’un diplomate malien, l’importateur et les 2 millions d’euros

En août 2014, deux escrocs notoires maliens (une femme et un homme) activant dans un vaste réseau international criminel avaient été arrêtés par les gendarmes d’Ouled Chebel (Alger) dans le cadre d’une grosse affaire d’escroquerie, dont avait été victime un importateur algérien. Les deux escrocs se faisaient passer comme épouse d’un diplomate malien et son fils afin d’arriver à gagner la confiance des hommes riches algériens, comme ce fut le cas pour l’importateur et l’entrepreneur algériens, victimes.
En effet, l’importateur algérien, avait réceptionné, quelques mois avant l’arrestation des deux escrocs, une lettre recommandée envoyée depuis Bamako par une femme qui s’est présentée comme étant l’épouse d’un haut cadre de l’Etat malien, mort, selon la même femme. D’après l’enquête des gendarmes, la femme escroc avait expliqué dans sa lettre qu’elle avait hérité 2 millions d’euros de son époux avant sa mort, et qu’elle avait pu introduire cette somme en Algérie grâce à l’aide d’un diplomate africain qui travaille dans une Ambassade à Alger. Mais ne pouvant récupérer les 2 millions d’euros qui se trouve dans cette Ambassade, la fausse épouse du haut cadre à l’Etat malien avait demandé l’aide de l’importateur algérien en lui laissant le numéro de téléphone de son fils, le nommé M. I qui, lui, est établi à Oran.
En revanche, la Malienne avait promis à l’importateur algérien sa part du gâteau au cas où il arrivera à faire sortir les deux millions d’euros de l’Ambassade.
Ce dernier avait effectivement appelé au téléphone le fils de la femme escroc qui lui a confirmé l’histoire lors d’une petite conversation avant qu’un rendez-vous ne soit fixé à Alger. Cette entrevue sera tenue dans la maison de l’importateur, sise dans la commune d’Ouled Chebel, entre lui et soi-disant le fils de l’épouse du haut cadre de l’Etat malien. Lors de ce face-à-face, la victime algérienne avait promis d’aider la famille malienne, tout en se montrant en mesure de faire évacuer de l’Ambassade la somme d’argent en devise, mais en contrepartie il a exigé une part de 10%. Les deux hommes se sont mis d’accord et c’est le début de l’arnaque. Dans cet accord, l’importateur devra aussi faire parvenir une somme d’argent estimée à 500 millions de centimes qui devra être livrée à un émissaire (diplomate) de l’Ambassade d’un pays africain à Alger, où avec cet argent ledit émissaire les aidera à récupérer les 2 millions d’euros. Le jour suivant, le jeune Malien avait organisé un second rendez-vous avec sa victime, cette fois à Bab Ezzouar pour lui présenter l’émissaire africain qui travaille dans une Ambassade. C’est ainsi que l’importateur victime avait ramené avec lui les 500 millions de centimes et en contrepartie l’émissaire africain lui avait livré une valise noire, dont elle devait contenir les 2 millions d’euros. En recevant la valise, l’entrepreneur avait été sommé par ses arnaqueurs d’éviter d’ouvrir la valise, car l’argent qui est dedans est couvert par un produit chimique qui pourrait abîmer l’argent si le vent ou l’eau s’introduiront à l’intérieur de la fameuse valise. La victime avait été arnaqué par les deux escrocs, du moment qu’il ne s’est rendait pas compte qu’il venait faire face à une arnaque de point. Arrivant dans sa demeure, et en ouvrant la valise, une fois chez lui, l’importateur algérien s’est rendu compte de l’escroquerie qu’il venait de subir. La victime s’est approchée des gendarmes d’Ouled Chebel pour déposer une plainte contre ses arnaqueurs qui, au total, lui ont subtilisé 532 millions de centimes pour une fausse histoire de deux millions d’euros. Les gendarmes et après des investigations menées à Alger et Oran (dans le cadre de l’extension d’expertise), avaient arrêté les deux Maliens pour faux et usage de faux et escroquerie. Ils ont planifié le scénario avec la complicité de la fausse épouse du haut cadre malien qui, elle, réside à l’étranger et non pas à Bamako.
Sofiane Abi