Où va le Maroc ?

Un déficit commercial de 21 milliards de dollars en 2021

L’économie marocaine vient d’enregistrer son plus lourd déficit commercial depuis son accession à l’indépendance en 1956. Selon les statistiques communiquées récemment par les douanes marocaines le déficit commercial du Maroc en 2021 s’est établit à 199,74 milliards de dirham, soit l’équivalent de 21,18 milliards de dollars. Ce qui représente un creusement de 25% comparativement avec 2020, une année marquée par les conséquences de la pandémie sur l’économie mondiale. Selon les analystes, cette contre-performance contredit les discours et les rapports qui présentent l’économie marocaine comme étant dynamique. L’économie du Makhzen est très dépendante des importations et n’arrive pas à exporter plus pour combler un déficit de plus en plus lourd à supporter. D’autant plus que les réserves de change ne sont pas aussi importantes pour soutenir à moyen terme un déficit commercial qui dépasse les 20 milliards de dollars annuellement. A fin décembre 2021, les réserves de change du Maroc et selon le FMI, n’étaient que de 32 milliards de dollars. Mais ce montant des réserves de change n’aurait jamais été atteint s’il n’y avait pas cet accord au titre de la ligne de précaution et de liquidité lancé par le Fond monétaire international pour faire face aux conséquences socio-économiques du Covid-19. En 2020, le Maroc a emprunté auprès du FMI un montant de 2,15 milliards de DTS (Droits de tirages spéciaux), soit l’équivalent de 3 milliards de dollars.
Au mois d’août 2021, le Royaume chérifien sollicite, encore une fois, le FMI pour décaisser 1,3 autre milliard de dollars. Entre 2020 et 2021 les prêts publics garantis par l’Etat marocain ont été de 5,3 milliards de dollars. Ces crédits et selon le fond monétaire international, ont ainsi permis aux réserves de change de ce pays de passer 26,4 milliards de dollars en 2019 à 32,3 milliards de dollars en 2021. Mais le Maroc pourra-t-il poursuivre sa politique d’endettement extérieur pour maintenir ses réserves de change à un niveau supérieur à 30 milliards de dollars ? Rien n’est moins sûr. En 2021, les organismes assureurs, S&P et la Coface ont dégradés la note du Maroc, tandis que 50% des entreprises installées au Maroc font face à de grands retards de paiements.
Après avoir bénéficié des facilités de la part du FMI, le Maroc aura des difficultés à emprunter sur les marchés financiers internationaux. Avec l’inflation mondiale les taux d’intérêts seraient plus élevés.
Pour 2022, le déficit commercial de ce pays s’alourdira en raison du maintien à la hausse des prix des hydrocarbures. La facture des importations énergétique du Maroc a augmenté de 52% en 2021 par rapport à 2020. Et pour compenser l’arrêt des approvisionnements en gaz naturel algérien, le Maroc doit chercher de nouvelles voies pour s’approvisionner en cette énergie qui ne seront que plus coûteuses. Le Makhzen doit faire également face à des coûts de plus en plus élevés de l’occupation du Sahara occidental.
Des coûts qui vont aggraver encore plus le déficit de la balance commercial. Malgré les contres-performances de l’économie marocaine, le Makhzen a déjà mobilisé ses relais médiatiques pour maquiller la réalité et donner l’image d’un royaume «prospère». Un pays endetté et où plus de 22 millions de Marocains sur les 37 millions n’ont pas une protection sociale. Nadji C.