Pour la restitution du canon de Baba Merzoug

Initiative d’une association

Le Comité pour la restitution du canon Baba Merzoug veut organiser un voyage vers Brest où se trouve exposée cette pièce d’artillerie. En septembre dernier, lors d’une conférence organisée au Centre des Arts et de la Culture au Bastion 23 à Alger sur «l’histoire du canon Baba Merzoug et les voies juridiques pour sa récupération», des chercheurs ont souligné l’importance de récupérer le canon «Baba Merzoug», symbole de la force navale algérienne et chef-d’œuvre du patrimoine national. A cette occasion, le chercheur en histoire, Smaïl Boulbina avait donné un exposé détaillé sur les spécificités du canon fabriqué à Dar Ennhas en 1542 à côté de la Basse Casbah.

Avec ses 12 tonnes de bronze et ses 7 mètres de long, il pouvait projeter des boulets à 4.872 mètres, avait précisé le chercheur rappelant que ce canon constituait un rempart contre les attaques par les flottes occidentales ciblant Alger à l’époque. Plus récemment, dans un entretien accordé à deux médias français, France 24 et Radio France International (RFI), le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, a réclamé la restitution par la France de tous les biens, matériels et immatériels de l’Algérie qui sont les siens et «qui ont été déplacés dont certaines autorités, certaines personnes physiques ou morales françaises, se sont appropriés.» «Nous avons un canon à Brest, les archives, il reste même quelques crânes de héros de la résistance algérienne contre l’invasion française».

«On se demande, d’ailleurs, si c’est vraiment civilisé que de garder dans des musées les crânes de résistants algériens dont on fait des trophées. Cela pouvait s’expliquer à l’époque de la montée du colonialisme, mais pas à l’ère des indépendances et de la souveraineté des peuples», a-t-il dit. La réappropriation par l’Algérie de ses biens matériels et immatériels qui ont fait l’objet d’un pillage colonial serait un bon geste de la part de la France à l’occasion de la commémoration des Accord d’Evian. Il a rappelé que l’indépendance de l’Algérie a été chèrement reconquise. En effet, l’armée coloniale française appuyée par l’OTAN, avec ses bombardiers et son napalm, a été vaincue par l’Armée de libération nationale (ALN), formée de militants politiques, équipés en armements légers grâce aux pays frères et amis. La génération de Novembre 1954 a prolongé avec succès la résistance de plus d’un siècle à l’occupant oppresseur, depuis le premier jour où il a mis les pieds en Algérie. Le travail mémoriel mené actuellement met à nu la barbarie et la cruauté inconnues dans l’histoire contemporaine, dont à fait preuve le colonialisme.
L. A.