Encore très prisés à Blida

Bijoux traditionnels

La wilaya de Blida est réputée pour son artisanat des bijoux traditionnels dont l’aura est demeurée intacte à ce jour en raison de la beauté de leur design et de la précision de leur exécution, qui leur ont conféré une place de choix dans le cœur des femmes lors des occasions festives, dont particulièrement le «Chentouf» et «Cravache Boulahia», symbolisant, pour elles, l’authenticité et l’opulence.Les femmes de Blida, les mariées notamment, s’attachent particulièrement à se montrer dans leurs plus beaux bijoux traditionnels, remontant pour la plupart, à la fin de la période ottomane. Certaines les ont reçus en héritage de leurs grandes mères, ce qui les rend plus précieux encore, au moment où d’autres les ont acquis à une période plus récente.
Dans une déclaration à l’APS, Mohamed Aguoune, unique artisan de la wilaya exerçant encore dans l’artisanat des bijoux traditionnels, a relevé que le «Chentouf» et le «Cravache Boulahia» sont les bijoux traditionnels les plus prisés par les femmes de Blida, car symbolisant l’authenticité et l’opulence, notamment le «Chentouf», un collier composé de 23 pièces d’or anciennes (Louis d’or, dites Louise) attachées, à l’aide d’une aiguille et d’un fil, à un fil de velours noir. Il a souligné l’existence d’autres noms pour ce collier précieux, suivant le nombre de pièces d’or qu’il contient, tels que «Chentouf Bourabaà» et «Bouachra», portés jadis par les femmes des villes.
L’autre bijou symbole de la joaillerie de la wilaya de Blida, encore porté de nos jours lors des mariages, est le «Cravache Boulahia». Un bijou incontournable de la toilette nuptiale de la mariée, à qui il confère une élégance incomparable et surtout authentique.
Il s’agit d’un collier en or, conçu sous la forme de trois tresses suspendues à une petite boîte en forme de barbe.
Le bijou «Khit Errouh» (le fil de l’âme), un collier en or, sous forme de petites roses ornées de pierres précieuses, généralement porté sur la tête avec «Mharmette Leftoule» (foulard brodé) figure, aussi, parmi les plus illustres des joyaux de la wilaya, que les jeunes femmes s’attachent à porter lors des occasions festives.
Pour perpétuer ce précieux patrimoine, l’artisan Aguoune, soutenu par son fils, qui semble marcher sur les pas de son père en exerçant ce métier artisanal, a décidé l’ouverture, à Ouled Aich, de sa propre galerie d’art de bijoux traditionnels originaux, collectionnés, par lui, tout au long de sa carrière professionnelle (50 ans), dans le but d’en faire la promotion auprès du large public.
Ce nouvel espace englobera une exposition des divers bijoux traditionnels (datant de la fin de la période ottomane), qui font la renommée de Blida, dont le «Khelkhal» sorte de bracelets qui se portent à la cheville, «Ledjbine», qui se porte, en demi-cercle, sur le front, alors que ses deux extrémités sont rattachées avec un bout de tissu ou une chaîne en argent ou en or, formée de divers motifs floraux et géométriques, et le «Mchebbek» sorte de petit bijou qui se porte sur la poitrine.

Les bijoux traditionnels face
au risque de disparition
En dépit de la contribution prépondérante des femmes de Blida à la préservation des bijoux traditionnels et leur fierté à l’égard de ce legs précieux, cet artisanat est menacé de disparition, en raison des problèmes de commercialisation des bijoux traditionnels, qui sont le reflet le plus saillant de l’identité et du patrimoine local, a estimé M. Aguoune.
Cet artisan bijoutier de 63 ans, qui sous les encouragements de son père, s’est lancé dans ce métier depuis l’âge de 13 ans, a assuré que l’artisanat des bijoux est «plus que jamais menacé d’extinction», en raison, a- t-il dit, de «l’invasion du marché par les produits contrefaits aux prix nettement plus bas que les bijoux originaux», même s’il n’existe aucun lieu de comparaison entre la contrefaçon et les bijoux locaux qui se distinguent par un savoir-faire supérieur et une finesse extraordinaire.
M Aguoune, qui s’attache particulièrement à apporter une touche de modernité à ses bijoux, tout en préservant leur caractère original, estime, par ailleurs, que le meilleur moyen de réhabiliter cet artisanat et de le protéger du risque de disparition, est de «mettre fin à l’importation des produits de contrefaçon, parallèlement à la création d’espaces dédiés exclusivement aux bijoux traditionnels, en vue de faciliter leur commercialisation et leur promotion», a-t-il recommandé.
Seul artisan à pratiquer ce métier à Blida, M Aguoune s’entête, en dépit de la multitude de problèmes et contraintes auxquels il fait face, à poursuivre son activité, en assurant l’impossibilité, pour lui, d’abandonner cet art, considéré comme une «partie intégrante de notre identité et de notre authenticité, et dont nous avons le devoir de préserver, pour le transmettre aux générations futures», a-t-il soutenu.
R.C.