Ecrire c’est lire en soi pour écrire en l’autre

Se connaître soi-même

On revient à l’anecdote de « Socrate » : « connais-toi, toi-même » avant de chercher
à connaître les autres.C’ est d’autant plus vrai
qu’on ne peut pas écrire
sans commencer à se
connaître soi-même pour
comprendre les autres sur le plan des
sentiments, des désirs, des comportements
psychologiques et de tout ce qui
peut agiter intérieurement les individus.
Lire en soi pour comprendre ce
qu’est l’autre qu’on finit par découvrir
dans toute sa complexité intérieure.
Lorsqu’on s’est bien lu, on est supposé
avoir compris que les milliards
d’hommes qui peuplent la planète sont
autant d’individualités avec chacun des
envies, des intentions, un quotient intellectuel,
des capacités de mémorisation,
de réflexion, de raisonnement,
d’imagination, de concentration, de mémorisation
; bref, un ensemble de caractéristiques
qui permettent de le distinguer
des autres individus. Quand on
arrive à comprendre ce qui nous tourmente
intérieurement, on finit par savoir
ce dont sont préoccupés les autres
compte tenu du fait que chacun pense
différemment en ayant une conception
personnelle de la vie.
De plus, chacun a des projets dans la
vie, des projets de vie familiale, de vie
professionnelle, d’abord à l’état virtuel
c’est-à-dire qu’il en a la conception,
avant de passer à la réalisation qui
va peut-être s’avérer impossible. Ce
qu’on lit sur soi, c’est également l’ensemble
des revers, des déceptions, les
malheurs, peut-être des coups durs
qu’on a subis et qui ont eu un impact
pour l’avenir. Il y a aussi les joies éprouvées
personnellement ou en famille par
les succès qui ont été déterminants
pour la vie future, les conflits qu’on a
eus avec les voisins, les proches et qui
font partie des problèmes de la vie, on
en souffre et on en porte les stigmates
indélébiles. Ainsi nous devenons plus
tolérants vis-à-vis des gens réservés ou
trop expansifs, sinon hypocrites dans
leur comportement parce que tel est
leur nature.
Un romancier choisit des types particuliers
de personnages devant jouer le
scénario dans l’univers spécifique de
son oeuvre classique qui a un début,
une fin, des étapes intermédiaires.
Emile Zola, quand à lui, préfère les cas
pathologiques devant s’affronter perpétuellement
; par deux caractères sanguins
réputés pour leur caractère colérique
et par conséquent, ne devant
pas cohabiter. Zola en fait un couple
marié pour permettre aux lecteurs d’assister
à des scènes de ménage interminables.
Si vous ne connaissez Emile
Zola, il est fils d’ouvrier italien. Il s’est
formé en autodidacte et ça ne l’a pas
empêché de devenir un grand romancier
naturaliste. Il avait un ami belge
spécialiste en psychothérapie et psychanalyse
qui lui envoyait des revues
qui traitaient de sujets liées à ces spécialités
et surtout des caractères humains.
C’est pourquoi, la plupart de
ses personnages sont des psychopathes.
Savoir lire en l’autre, personnage
d’oeuvres littéraires
Il s’agit de personnages atypiques qui
se distinguent du commun des mortels
par la pensée, le regard, peut-être le niveau
de connaissances, comme dans
ce roman fondé sur la vie d’un jeune
plein d’ambition sociale cherchant à
faire son destin qui s’est avéré être
après des années un destin tragique
alors qu’au départ, il avait tout pour
mener une vie heureuse. Sa tenue vestimentaire,
son niveau intellectuel, sa
beauté physique le prédestinait à vie
à une heureuse. Mais l’itinéraire suivi
l’a conduit à la séduction puis au tribunal.
Dans les romans de Zola, les personnages
sont choisis en fonction de
leur état psychologique à une époque
importante de l’histoire, celle de l’exploitation
à outrance des masses ouvrières,
celles des mineures au service
d’une bourgeoisie industrielle qui cherchait
à gagner toujours plus. E.Zola leur
a consacré un roman « Germinal » pour
informer le monde sur cette galère de
travail des mineurs qui en plus d’être
mal payé, avaient un volume de travail
digne des esclaves.
L’auteur étant un spécialiste des caractères
humains, a constitué des couples
mal assortis pour faire la démonstration
que deux caractères sanguins ne
peuvent cohabiter ; lui, il a choisi un
homme et une femme de caractère sanguin
alcooliques tous les deux et on
assiste à des disputes quotidiennes.
Par ailleurs, comme il connaissait parfaitement
la réaction de chaque type
de situation donnée. D’abord, le fils de
ce couple, une fois grand et qu’il a atteint
l’âge adulte, il est devenu violent,
c’est pourquoi il s’est fait virer des
chemins de fer où il travaillait, parce
qu’il avait donné un coup de poing à
son chef. Cette violence, il l’a hérité de
son père qui frappait sa mère. Aussi,
ses parents ont plusieurs fois divorcé.
Les enfants qui naissent dans une telle
ambiance familiale ne peuvent pas être
équilibrés. Zola connait bien tous ces
phénomènes pour les avoir étudiés
dans les revues de psychiatrie que lui
envoyait régulièrement son ami belge.
« Germinal » est ce qu’on appeler un
roman réaliste, c’est-à-dire qu’il est
conforme à la réalité de le son temps.
Pour réaliser tous ses romans réalistes,
il a suivi la méthode expérimentale à
la manière de Flaubert, tous les deux
ont appartenu au mouvement surréaliste.
Les personnages qui jouent bien leur
rôle peuvent être des personnages
réels ou fictifs. L’auteur les a crées et
mis en scène pour accomplir des actions
qui sont les leurs et il les a
conçus de telle sorte qu’ils soient en
harmonie avec les autres pour créer
une illusion du réel dans l’univers romanesque.
Du roman réaliste au roman policier
en passant par le fait divers et
l’anecdote
Revenons au sujet « L’écriture c’est lire
en soi pour écrire en l’autre », c’est-àdire
qu’il faut bien se connaitre, pour
connaitre l’autre et le comprendre. Et
puisqu’on parle de réalisme, de fait divers,
d’anecdote et de roman policier,
parlons du Belge Simenon, spécialiste
hors catégorie du roman policier, pour
en avoir écrit prés de trois cents. Si
vous connaissez le roman policier, il
est inspiré des faits divers, et il n’y a
pas de plus réaliste qu’un fait divers
de catégorie « méfait » qui rapporte le
récit récent d’un assassinat en indiquant
bien qui est la victime, dans
quelles condition elle a été assassinée,
le mobile et l’auteur présumé du crime
deviennent l’affaire du romancier, la
matière essentielle de l’auteur du
roman. « Le veuf » admirablement bien
écrit par Simenon, est un roman qui raconte
l’histoire d’un homme abandonné
par sa femme que la police retrouve
morte dans une chambre d’hôtel. Mais
comment a-t-elle pu arriver à passer
de vie à trépas. Son mari fait semblant
d’être intrigué et dans le meilleur des
cas, il aurait mené l’enquête à son
compte.
L’enquête menée par la police est arrivée
à la conclusion que la dame s’est
suicidée. Au cours d’une reconstitution
psychologique, il finit par comprendre
que c’est à cause de lui que sa compagne
s’est donné la mort. Le fait divers
sert de prétexte et de point de départ
à une vraie auto psychanalyse de l’enquêteur.
La vie de l’homme intéressé par le seul
souci du confort, son optimisme, ses
comédies, sa mauvaise foi, ont amené
sa femme au suicide. Après une reconstitution
psychologique, ce mari coupable
s’est avéré être un lâche, normalement,
il est condamnable et doit se
considérer comme tel. Bien des affaires
de meurtres où la femme est victime
innocente, sont prises en main par des
enquêteurs policiers qui veulent mettre
au grand jour les responsabilités. Et
une fois la victime et l’auteur du crime
connus, elle devient l’affaire du tribunal.
On a dans les affaires suivies par
Simenon, cette histoire d’une femme
tuée par son mari qu’elle trompait.
L’anecdote, source d’inspiration de
bien des romanciers célèbres
Les romans qui partent des informations
données par l’anecdote sont généralement
les meilleurs, au début ils
sont assurés d’avoir une coloration
pour devenir les meilleurs parmi les
autres récits romanesques qui ont puisé
à d’autres sources.
Le roman anecdotique et réaliste, tiré
souvent d’un fait divers, s’est défendu
par l’intervention du narrateur chargé
de lui donner une coloration grâce à
son imagination. Imaginez la longueur
du fait divers en tant que récit bref et
d’actualité occupant un petit carré
d’une page de journal, par rapport au
roman qui a un volume de 200 pages
au minimum, on se rend compte de
l’importance du travail du narrateur
qui doit savoir broder par son style et
pour obtenir un roman digne d’appartenir
à la famille des romans réalistes.
Il ne faut pas oublier André Gide qui
est parti d’un simple fait divers pour
bâtir un roman de prés de 500 pages «
Les faux monnayeurs ».
Boumediene Abed