Saluer en terre d’Islam

Des rites religieux et des convenances sociales

Saluer en terre d’islam est un signe de politesse, une pratique rituelle ayant pour but de marquer son appartenance à la communauté des croyants. Le salut en Islam est une forme d’engagement à rassurer autrui sur terre, à lui souhaiter la paix dans ce monde et dans l’au-delà, cela correspond exactement en contenu sémantique du mot «salam» adressé à quelqu’un ou à un groupe que l’on rencontre en chemin pour exprimer la considération ou le respect des autres.
Et faire fi des expressions rituelles de politesse, c’est ignorer les autres ou ne pas chercher la familiarité. Dans la société traditionnelle, cela peut entraîner une mise à l’index ou la réciproque des membres de son groupe social.

Saluer est presque une obligation
en Islam
C’est tellement vrai que les musulmans en arrivent à saluer les invisibles comme les esprits que l’on ne voit pas, mais dont la présence reste pesante. Par exemple, on a coutume de dire «salam aâlikoum», lorsqu’on entre dans une mosquée où il n’y a encore personne. Cependant, pour saluer, il faut une force de caractère qui donne du sens au «salam» dans le système de relations entre individus d’une communauté de croyants. Beaucoup de passages dans le Coran mettent en évidence le devoir de saluer, même s’il s’agit de partenaires hors du commun. Jugez-en par ce passage relevé dans la sourate «Houd» : Nos envoyés apportèrent à sidna Ibrahim (qlsddssl) la bonne nouvelle. Ils dirent : «Salut !», il répondit : «Salut» et il apporta sans tarder un veau rôti». Il s’agit ici donc d’anges envoyés par Dieu auprès d’un prophète pour lui annoncer une bonne nouvelle. Mais avant d’aller à l’essentiel, on se salue de part et d’autre, telle doit être la règle en Islam où hommes et femmes ont l’obligation de se saluer en se disant «paix» quel que soit le lieu de rencontre, avant de passer au vif du sujet. (sourate Houd, aya : 69). La récurrence du mot «paix» dans le texte sacré est à prendre en considération dans la vie quotidienne pour se rapprocher de Dieu et entretenir des relations apaisées et humaines avec autrui. La sourate «Ibrahim» aya 23, montre comment les meilleurs croyants seront-ils accueillis au paradis : «On introduira ceux qui croient et qui font des œuvres bonnes dans les jardins où coulent les ruisseaux. Ils y demeureront immortels, avec la permission de leur seigneur – ils y seront accueillis avec le mot : «Paix !». Dire «salam» dès qu’une occasion se présente est un acte de solidarité avec les autres et de respect des paroles de Dieu. Cela fait partie des bonnes actions. Et les actes de l’individu arrivé dans l’au-delà sont mis sur le plateau de la balance le jour du jugement. Il n’y a de récompense du bien que le bien. Devant la vertu et devant le pêché, il faut de l’humilité. Le salut pour l’au-delà est une quête de paix, une quête de repos de l’âme. Il y a là une préfiguration du monde du futur, celui de l’au-delà. La doctrine du salut a une grande valeur. Le Coran en donne toute la pleine et entière signification selon laquelle celui qui entre au paradis a gagné quelque chose, il a remporté une victoire qui a permis de sauver une âme.
La sourate Al Hijr en parle en des termes plus clairs : «ceux qui craignent Dieu seront au milieu des jardins et des sources : «Entrez ici, en paix et en sécurité». Cette aya importante met en évidence la récurrence de «salam» déterminante comme dans la réalité où les musulmans soucieux d’être polis s’évertuent à se le dire pour marquer leur solidarité et leur respect vis à vis d’autrui.

Le salut en Islam est lié à toutes les écoles religieuses, ou juridiques
Qu’elles soient juridiques, hanifites, malékites, chaféites, hanbalites, elles recommandent toutes «le salut» comme un acte méritoire parmi d’autres et pouvant être suivi d’une récompense.
Dans le cas contraire, celui du non-respect des convenances, il faut s’attendre à la punition variable selon la gravité de la faute. Beaucoup de gens ne saluent jamais pour de multiples raisons : parce qu’on ne leur rend pas la réciproque ou qu’ils n’ont pas le niveau nécessaire qui leur permette de comprendre l’importance du salut. Pour un bon musulman plein de sagesse, quiconque salue possède la foi, car on ne salue pas à tout bout de champ, parce que c’est la règle imposée ou que l’on cherche à exprimer sa déférence vis-à-vis des autres, sinon à ne pas se singulariser au risque d’être montré du doigt. Il faut comprendre qu’en ville où des millions de gens se croisent sans se connaître on est dispensé du salut. Et là où l’acte de saluer prend toute sa dimension, c’est dans les petits villages où la solidarité est très forte, là chacun en tant que musulman pratiquant, donne de son âme et de son corps. Le don est perçu comme un lien avec les autres. On considère que tout musulman doit se retrouver dans la morale et l’éthique en commençant par l’essentiel : «le salut».
Abed Boumediene