Qui sont les principaux clients de l’Algérie ?

Crise du gaz naturel en Europe

L’Allemagne veut rajouter l’Algérie dans la liste de ses fournisseurs de gaz naturel. C’est ce qu’a déclaré, récemment, le ministre allemand de l’économie, Robert Habeck, lors d’une rencontre avec des hommes d’affaires allemands inquiets des conséquences d’un brutal arrêt des importations de gaz naturel et de pétrole Russes. Le gouvernement allemand compte mettre un terme aux importations de gaz naturel russe d’ici à juin 2024. Et à partir de cette date, l’Algérie figure déjà dans le lot des pays qui vont fournir du gaz à l’Allemagne. Trois jours après cette annonce du ministre allemand de l’Economie, le 5 mai 2022, le producteur allemand de pétrole et de gaz naturel Wintershall Dea annonce son intention d’acheter à la société italienne Edison sa participation de 11,25% dans le projet gazier Reggane Nord, situé dans le Sud-Ouest algérien.
L’information rapportée par une revue spécialisée précisera qu’une fois l’opération conclue les parts de Wintershall dans ce gisement seront de 30,75%, contre 40% pour Sonatrach et 29,25% pour l’espagnol Repsol. Dans son communiqué, la compagnie allemande explique que ce positionnement a pour but de mieux profiter du rôle que l’Algérie s’apprête à jouer dans la fourniture de gaz aux pays de l’Union européenne.
« Avec son important potentiel, l’Algérie est un candidat de choix pour un partenariat énergétique renforcé avec l’Europe… Outre le gaz naturel, le pays dispose également d’un potentiel important pour le développement d’énergie à faible émission de carbone, notamment l’hydrogène, l’énergie solaire et éolienne, ainsi que la capture et le stockage du carbone «, ajoute le communiqué de Wintershall. A travers ce communiqué, le gouvernement allemand affiche clairement sa nouvelle stratégie énergétique. Le gisement Reggane Nord concerné par ce transfert de participation produit près de trois milliards de m3 de gaz naturel annuellement.
Dans le Sud de la Méditerranée, l’Algérie reste le principale fournisseur de gaz naturel de l’Europe. Les principaux clients de l’Algérie concernant le gaz naturel et le gaz naturel liquéfié (Gnl) sont l’Italie (13 milliards de m3), l’Espagne (8), la Turquie (5,4), la France (3) le Portugal (2,5) et la Grèce (01). Les contrats avec ces pays ont été renouvelés entre 2019 et 2020 pour une durée de 10 ans. Les contrats précisent également que chaque deux ans, les prix du gaz naturel sont renégociés selon les conditions des marchés. Des négociations que Sonatrach mène actuellement avec ces partenaires. En moyenne, Sonatrach exporte annuellement 42 milliards de m3 de gaz naturel (gazoduc) ou sous forme de Gnl.
En raison de la guerre en Ukraine et les sanctions qu’impose l’Union européenne à la Russie le marché international du gaz naturel a été mis sous pression. Et dans la rive Sud de la Méditerranée, seule l’Algérie dispose d’une importante capacité d’exportation de gaz naturel.
La Libye, autre exportateur de gaz et en raison de l’instabilité, n’a pu vendre que 5,7 milliards de m3 en 2019. Pourtant le gazoduc sous-marin Greenstream, qui relie ce pays à la Sicile en Italie dispose d’une capacité de 11 milliards de m3.
Autre gazoduc, le trans-adriatique. Il relie la mer Caspienne à l’Italie sur une longueur de 880 km, en traversant cinq pays. Il a une capacité de 10 milliards de m3. Sauf que le gaz du trans-adriatique a un coût supérieur à ses concurrents. Enfin, il y a l’Egypte. Mais les exportations de Gnl de ce pays restent modestes et n’ont pas dépassés l’équivalent de 6,5 milliards de m3 de gaz naturel en 2021. Sans aucun doute, l’Algérie reste et de loin le plus grand producteur et exportateur de gaz naturel dans le bassin méditerranéen. La capacité du gazoduc vers l’Italie dépasse les 32 milliards de m3. Celui vers l’Espagne, le Medgaz, 10,5 milliards de m3. Soit un total de 42,5 milliards de m3. A ajouter une capacité additionnelle de 56,5 millions de m3 de gaz naturel liquéfié, soit l’équivalent de 34 milliards de m3 de gaz naturel. Pour augmenter ses exportations de gaz naturel, Sonatrach doit produire plus. De lourds investissements seraient nécessaires pour développer les nouveaux gisements et intensifier la recherche et l’exploration. Seules conditions pour répondre à la forte demande de l’Europe en gaz naturel.
Réda C.