L’imam comorien Ahamada Mmadi expulsé

France

Expulsé du territoire français manu militari pour avoir cité un verset du Coran, il y a un an, lors du sermon de l’Aïd El-Kebir, en juillet 2021, c’est le triste sort qui a été réservé à l’ex-imam de la Grande Mosquée de Saint-Chamond, Ahamada Mmadi, et à sa famille, le jour de la célébration de l’Aïd el-Fitr. Un raffinement de cruauté de la République laïque, sans doute.
Bouté hors de France, lundi 2 mai, vers son pays d’origine, les Comores, avec son épouse, sa fille de 3 ans et ses deux jeunes fils, âgés de 18 mois et 5 mois, c’est le sort peu enviable subi par le dignitaire religieux musulman pour avoir commis quel délit hautement répréhensible, quel crime de lèse-majesté ? Avoir récité le verset demandant aux «femmes musulmanes d’obéir à leur mari, de veiller aux droits d’Allah et à ceux de leur époux».
Des paroles qui, sorties de leur contexte, ont mis le feu aux poudres dans une France d’en haut qui s’embrase jusqu’à la déraison, dès qu’il est question de la loi de 1905, des droits des femmes et de l’islam.
Aussitôt cloué au pilori par l’extrême droite et la préfète de la Loire, laquelle l’a suspendu de ses fonctions cultuelles pour un prêche jugé « discriminatoire et contraire à l’égalité femme/homme », l’imam Ahamada Mmadi, à l’instar de ses homologues des deux autres religions monothéistes, qu’ils soient curés, évêques, pasteurs ou rabbins, ne faisait que se référer à un texte sacré gravé dans le marbre non pas de la Bible ou de la Torah, mais du Saint Coran.
« J’ai juste cité un verset du Coran. Ce ne sont pas mes mots, mais ceux du prophète et l’on me traite de terroriste ! C’est comme si on reprochait à un curé ou un rabbin de citer un texte sacré extrait du Livre de leur religion », s’insurgeait-il alors, en pure perte. Un an plus tard, l’opprobre et l’expulsion qui le frappent confineraient au grotesque, s’ils ne révélaient une islamophobie d’Etat alarmante. Elle est marquée du sceau du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin (intrinsèquement plus Gérald que Moussa…), et porte l’empreinte de son rouleau compresseur de la dissolution. Celui qui raye de la carte les associations musulmanes luttant contre l’islamophobie et toutes les discriminations dont les citoyens français de confession musulmane sont victimes.