L’Algérie remet les pendules à l’heure

Relations avec l’Espagne

Devant la précipitation
avec laquelle la Commission
européenne a réagi à
l’annonce mercredi dernier
de la Présidence algérienne
de suspendre le
Traité d’amitié conclu
entre l’Algérie et l’Espagne
il y a 20 ans, la commission
de l’Algérie auprès de
l’Union européenne a tenu
à ramener le problème à
ses dimensions réelles.algérienne a précisé que l’UE a
réagi «sans s’assurer que cette
mesure n’affecte ni directement,
ni indirectement ses engagements
contenus dans l’Accord
d’association Algérie-Union européenne
». Quant à «la prétendue
mesure d’arrêt par le Gouvernement
des transactions courantes
avec un partenaire
européen, elle n’existe en fait que
dans l’esprit de ceux qui la revendiquent
et de ceux qui se sont
empressés de la stigmatiser», a
précisé la commission de l’Algérie
auprès de l’UE.
En fait, l’UE a réagi «sans consultation
préalable, ni vérification
aucune, auprès du Gouvernement
algérien», seulement en
écoutant le point de vue de l’Espagne
porté par le ministre espagnol
des Affaires étrangères,
José Manuel Albares. Dans un
communiqué commun, le chef de
la diplomatie de l’UE Josep Borrell
et le vice-président de la Commission
en charge du Commerce
Valdis Dombrovskis ont jugé la
décision algérienne «extrêmement
préoccupante». L’Algérie,
qui s’en tient toujours au Droit international
et la légalité internationale,
veut dédramatiser les
choses. «En ce qui concerne les livraisons
de gaz à l’Espagne, l’Algérie
a déjà fait savoir par la voix
la plus autorisée, celle de Monsieur
le président de la République,
qu’elle continuera à honorer
tous ses engagements pris
dans ce contexte, à charge pour
les entreprises commerciales
concernées d’assumer l’ensemble
de leurs engagements contractuels
», a rassuré la commission
de l’Algérie auprès de l’UE. La
précision concernant «les engagements
contractuels» des entreprises
commerciales concernées,
ne passe pas inaperçu.
Début avril, dans une déclaration
à l’APS, le Président-directeur général
du Groupe Sonatrach, Toufik
Hakkar, à propos des exportations
gazières vers l’Europe,
avait souligné que «depuis le
début de la crise en Ukraine, les
prix du gaz et du pétrole explosent.
L’Algérie a décidé de maintenir,
pour l’ensemble de ses
clients, des prix contractuels relativement
corrects. Cependant,
il n’est pas exclu de procéder à un
‘’recalcul’’ des prix avec notre
client espagnol». Cela signifie, de
toute évidence, que Sonatrach
envisage de revoir à la hausse le
prix du gaz qu’elle livre à l’Espagne
à travers le Gazoduc Medgaz.
Cette déclaration intervenait
après le revirement surprenant,
et pour le moins inamical, voire
hostile à l’Algérie, du Premier espagnol
sur la question du Sahara
occidental, après le rappel pour
consultations de l’ambassadeur
algérien à Madrid. L’ancien occupant
colonial, l’Espagne, et l’actuel
occupant colonial, le Maroc,
se sont alliés pour maintenir le Sahara
occidental dans le statut de
dernière colonie en Afrique. L’Algérie
a commencé, dès le 19
mars, par rappeler son ambassadeur
dans l’attente d’une rectification
par l’Espagne de sa position
alignée sur le Maroc. Il n’en
fut rien comme l’explique le communiqué
de la Présidence de la
République. Au contraire, les autorités
espagnoles se sont enfoncées
dans leur erreur de positionnement
sur la question du
Sahara occidental. «Les autorités
espagnoles se sont engagées
dans une campagne tendant à
justifier la position qu’elles ont
adoptée sur le Sahara occidental
en violation de leurs obligations
juridique, morale et politique
de puissance administrante
du territoire qui pèsent sur le
Royaume d’Espagne jusqu’à ce
que la décolonisation du Sahara
occidental soit déclarée accomplie
par les Nations unies», a-t-il
été expliqué dans une déclaration
de la Présidence de la République.
«Ces mêmes autorités qui
assument la responsabilité d’un
revirement injustifiable de leur
position depuis les annonces du
18 mars 2022 par lesquelles le
gouvernement espagnol actuel a
apporté son plein soutien à la
formule illégale et illégitime de
l’autonomie interne préconisée
par la puissance occupante, s’emploient
à promouvoir un fait accompli
colonial en usant d’arguments
fallacieux».
«Cette attitude du gouvernement
espagnol s’inscrit en violation de
la légalité internationale que lui
impose son statut de puissance
administrante et aux efforts des
Nations unies et du nouvel envoyé
personnel du secrétaire général
et contribue directement à
la dégradation de la situation au
Sahara occidental et dans la région
».
Lakhdar A.