De la conquête par Tarik Ibn Ziad aux principautés

Andalousie

La civilisation andalouse florissante durant des siècles de productions, d’édifications, d’inventions et de découvertes arabo-musulmanes, est, de nos jours, omniprésente, à l’exemple de la musique andalouse. Les Maghrébins, à l’origine de cette rencontre fructueuse de l’Occident avec l’Orient, en Espagne, ont su conserver jalousement le patrimoine musical andalou porteur de références arabo-musulmanes.

Les andalous ont laissé une œuvre immense ; celles des mathématiques d’Al Khawazizmi, de la philosophie d’Ibn Rochd, fondée sur le syllogisme et l’effort de réflexion (idjtihad), d’Ibn Khaldoun né à Tunis, mais d’origine andalouse, père de la sociologie et de la méthode scientifique, en histoire. Et que dire de ceux qui ont sauvé de l’oubli, la philosophie des auteurs de la Grèce antique, et des bâtisseurs des plus belles villes de l’Andalousie comme Tolède, Grenade, Cordoue dont l’architecture originale ont toujours, depuis la chute des principautés, inspiré les constructeurs de l’Europe du Sud pour les édifices publics, administratifs, religieux judiciaires.

L’Andalousie, partie intégrante de l’Empire islamique
La civilisation des musulmans sous l’impulsion des gouvernants a été l’œuvre d’hommes qui ont placé l’intérêt public bien au-dessus du leur. Ce qui a permis l’émergence de générations de penseurs, hommes de sciences et de lettres, d’artistes en tous genres, de poètes.
Ibn Hazm, Ibn Khafadja, Ibn Djoubaïr, Ibn Rochd, et bien d’autres nés dans la prospérité d’un pays en plein développement sur tous les plans, ont donné naissance au mythe andalou qui a exalté Bonaparte et un roi anglais au point de leur donner envie d’aller à la conquête de l’Egypte, soit pour une colonisation et d’une histoire inspirée de l’héritage andalou émaillé d’orientalisme et d’occidentalisme. Même si cela ne s’est pas concrétisé, on sait que l’occupation de l’Andalousie a suscité des œuvres littéraires d’auteurs américains et européens comme «les contes de l’Ahambra», de l’Américain Washington Irving ou «les aventures du dernier abencérage» de Chateaubriand.

Le savoir de l’antiquité a été transmis à l’Occident par l’Andalousie
Grâce aux grands penseurs de l’Islam, l’Europe n’aurait pas bénéficié des acquis scientifiques, philosophiques, réalisés depuis l’antiquité. Jusqu’à sa disparition en 1198, Ibn Rochd, s’est consacré à l’étude de la pensée philosophique d’Al Farabi considéré comme une référence aux Orientaux ainsi qu’aux Andalous et dont les œuvres ont été largement commentées par Ibn Bajja. Ibn Rochd s’est inspiré de ce dernier pour une meilleure connaissance d’Aristote ; il a vécu le temps «de la prospérité du progrès scientifique et philosophique ainsi que de la traduction des œuvres grecques de l’antiquité dans la langue du Coran.
L’Andalousie avait bénéficié aussi d’autres traductions du grec à l’arabe, qui avaient été effectuées à Baghdad. Ainsi, Séville, Grenade, Cordoue étaient devenues des foyers de rayonnement de toutes les disciplines du savoir en mathématiques, astronomie, sciences naturelles, médecine, philosophie, d’Aristode et de Platon. Une partie des travaux arabes comme ceux d’Ibn Rochd a été traduite et transmise vers le 12e siècle, à la langue latine. Ce qui n’avait pas été réalisé par la traduction des œuvres éminentes pour être mises au profit de tous les pays européens, il a été en Sicile au temps où elle avait été musulmane. En voyant alors se profiler à l’horizon les signes d’un modernisme prochain. Jacques Berque, qui a été le traducteur d’un grand nombre d’ouvrages arabes et du Coran, parle à propos de l’Andalousie sous l’angle de la diversité historique, intellectuelle, idéologique, politique.
La société andalouse a connu une longue période faste à la faveur d’un système d’irrigation qui a permis l’irrigation des terres pour le développement de l’agriculture. A moins d’avoir des documents à la fois crédibles et exhaustifs, on ne peut pas faire le bilan de l’héritage andalou pour se rendre compte de l’expansion de la civilisation arabo musulmane. Les illustrations que quelques périodiques ont diffusé donnent à penser que les édifices qui font la beauté des villes andalouses comme Tolède, Grenade et autres ont été des modèles propres à donner des idées à des constructeurs de villes ; ils ont suscité de l’admiration et des imitations tout de même louables et pour lesquelles on a cherché un cachet esthétique.
Les imitateurs voient dans ces constructions des villes andalouses beaucoup d’originalité dans les motifs architecturaux jamais trouvés ailleurs. Et spontanément, des écrivains ont découvert dans le paysage littéraire andalou des œuvres d’une beauté inégalable et qui les ont inspirés pour leur forme et leur fond. Ibn Hazm s’est, là-dessus, donné en exemple pour son chef d’œuvre « le Collier du Pigeon » assez poétique pour inciter des poètes d’autres horizons à en produire de semblables pour émerveiller. Tel a été « Le Four d’Elsa » du grand poète Aragon, sommité de la poésie française contemporaine ». La littérature d’expression arabe de l’Andalousie a inventé un genre littéraire, dont les auteurs sont de grands écrivains de la trempe d’Ibn Battouta qui, parti de Tanger, a fait le tour du monde, par bateau et au terme duquel il a mis en forme un livre d’un millier de pages environ constituées de notes de voyage. Ce qu’a fait l’Andalou «Ibn Djoubaïr» qui, au terme d’un long voyage par bateau, a composé un livre en trois tonnes pour décrire tout ce qu’il avait vu, entendu, retenu d’intéressant pour les lecteurs. On ne peut pas terminer sans dire que ce travail n’est qu’une modeste contribution pour la connaissance du patrimoine andalou.
Abed Boumediene