« Exige beaucoup de toi-même et attends peu des autres ainsi beaucoup d’ennuis te seront épargnés » (d’après Confucius, célèbre philosophe chinois de l’antiquité)

L’expérience a apporté la preuve que tout ce que peut entreprendre un homme : faire des études, créer un commerce, se lancer dans une aventure artisanale pour laquelle on a des prédispositions, nécessite beaucoup de savoir, de savoir-faire, de volonté et de convictions.

Cela a beaucoup de mérite car le résultat est le fruit de ses efforts personnels. Personne ne viendra vous demander des compensations puisque vous avez réussi par vos efforts personnels. Donc ce qui a été dit par Confucius est vrai de son temps (6e siècle avant l’ère chrétienne) et ça l’est beaucoup plus aujourd’hui. Bien des gens très pauvres à l’origine ont réussi à vivre dans l’aisance après, grâce à une bonne gestion de leur temps qu’ils ont consacré dans les moments les plus durs à aplanir les difficultés qui causent bien des désagréments à notre quotidien.
«Exige beaucoup de toi-même», signifie fais le maximum chaque jour pour arriver à améliorer ton niveau de culture, arriver à maîtriser les fondamentaux : les qualités essentielles intellectuelles, physiques et morales sans lesquelles il n’y a pas de vie équilibrée. Ah ! Que c’est beau de réussir par soi-même et de voir ses efforts couronnés de succès. Quand on a un travail de force à faire, il est préférable de ne solliciter l’aide de personne, car celui qui viendra prêter main forte pour aider peut être intéressé par le gain et au fond de lui-même, il pensera avoir été mal payé pour le travail accompli et dira toute sa vie qu’il a trop donné pour une récompense minable. Les gens sont très malins de notre temps, chacun espère obtenir beaucoup pour le moindre service, ils ont appris à ne rien donner pour rien. Et faire soi-même une chose est beaucoup mieux, on n’a pas d’ennuis et on n’a de compte à rendre à personne. « Apprendre à ne compter que sur soi-même », telle est la devise de ceux qui ne croient pas en l’aide d’autrui.

Exige beaucoup de toi-même
Tel est l’état d’esprit de ceux qui apprennent à se débrouiller seul pour ne rien devoir à personne. La vie au quotidien nous a appris la que la plupart de ceux qui rendent service attendent toujours des compensations, pour ne pas dire la réciproque. Rares sont ceux qui rendent service aux autres pour le plaisir de faire du bien, ils ne le font jamais sans contrepartie et il y a beaucoup d’individus malveillants et profiteurs si bien que ces personnes pleines de qualités humaines étonnent tout le monde pour leur comportement si compatissant et altruiste qui ne demande rien sous n’importe quelle forme. Ainsi, il arrive que ces personnes qui ne demandent rien aux autres, se fassent aider par des anonymes qui leur tombent du ciel. Cela est arrivé une fois, un soir, dans une gare de chez nous où un homme d’un certain âge est descendu du train avec quelques voyageurs, il avait trois caisses assez lourdes et il n’avait que deux mains et comme il avait l’habitude de ne rien demander à personne, il avait combiné un plan pour les transporter, prendre à chaque fois deux paquets jusqu’à une petite distance, les poser et revenir pour le troisième, c’est à ce moment qu’arriva, comme s’il était tombé du ciel, un jeune homme qui s’est proposé de lui transporter deux paquets jusqu’à destination. L’homme arrivé d’on ne sait où et paraissant fatigué de ses paquets et du voyage en train, accepta et tant pis pour la somme qu’il pouvait lui demander, le plus important c’est d’avoir été sauvé. L’inconnu fit le transport des paquets jusque devant la porte et étonnamment il partit en ne donnant que juste le temps de bien le remercier et de lui dire, combien il demandait pour l’aide précieuse et louable. Il me répondit, « vous avez tort d’avoir pensé à me payer alors que je l’ai fait bénévolement et pour le plaisir », puis il partit en me disant un au revoir dénotant la joie d’avoir aidé quelqu’un en difficulté. Quant à moi, je suis resté sidéré quelque moment alors que pendant longtemps j’ai toujours pensé qu’il ne reste plus de cette catégorie de gens qui apporte une aide sans contrepartie.
Le principe, « ne rien donner sans la réciproque, reste de rigueur chez l’écrasante majorité de gens ». Ainsi, les croyances selon lesquelles, c’est Dieu qui récompense tous ceux qui font preuve de compassion et d’altruisme même pour les démunis, n’ont plus cours chez l’écrasante majorité qui ont gardé le principe qu’il ne faut rien donner sans la promesse de recevoir quelque chose en retour. On raconte cette belle anecdote de chauffeur de taxi qui est malade d’argent. Il faisait les plus longs trajets, avait un véhicule très confortable pour le transport des familles et c’était un bon conducteur, mais il avait le vice d’être sans pitié pour le prix des voyages et même vis-à-vis des gens de sa famille.
Une fois, il est allé rendre visite à sa propre fille pour lui proposer d’aller au bled pour elle et ses enfants. La fille accepta immédiatement en pensant que c’était gratuit. Et sitôt dit, sitôt elle et ses enfants étaient prêts. La bonne femme passa de très bonnes vacances de plus d’un mois dans la maison de son mari et près de sa vieille maman. Et à la veille de la rentrée des classes, elle dit à son papa que c’était le moment de repartir, les enfants devaient rentrer en classe.
Le papa-taxieur était un phénomène, il transportait le jour et la nuit, surtout quand il y avait une forte demande. Il trouva un moment qui leur convenait. Il fit faire le long voyage à sa fille et à ses enfants qui retrouvèrent enfin leur lieu habituel quand tout à coup, il leur annonça que cet aller et retour du bled n’étaient pas gratuits, et qu’il ne sortirait pas de la maison sans avoir empoché le prix des deux voyages. Le mari intérieurement ahuri, sortit, le temps de trouver quelqu’un qui lui prêterait la somme. Il revint avec le prix des deux voyages qu’il remit à son beau père impitoyable et qui avait dit qu’il ne sortirait pas sans s’être fait payer jusqu’au dernier sou. Sitôt payé, on laissa partir froidement le mauvais père et grand- père des enfants. La femme et son mari étaient comme assommés par ce qui leur était arrivé, une histoire unique dans les annales mais c’est une belle leçon pour les parents qui avaient appris que désormais, il ne faut compter sur personne et qu’il valait mieux partir au bled par les transports publics comme à l’accoutumée sans avoir à payer une somme aussi ruineuse.

Ainsi beaucoup d’ennuis te seront épargnés
Les deux histoires fantastiques mais qui font partie de notre vécu donnent beaucoup à réfléchir sur les relations entre individus et les ennuis que peuvent vous causer ceux à qui vous avez rendu des services et ceux qui vous les ont rendus. La plupart des individus pensent qu’un service rendu exige de celui qui en a bénéficié à rendre la pareille, il est appelé un jour ou l’autre à rendre la réciproque d’une façon ou d’une autre. Alors, pour ne pas prendre le risque d’avoir à payer cher à qui que ce soit, il faut beaucoup exiger de soi-même, sinon on s’expose à des désagréments.
Une fois c’était un professeur qui avait reçu un don de livres rangés dans des caisses à transporter dans une voiture et pour cela il lui fallait solliciter l’aide d’un collègue qui possède un véhicule, sinon prendre un taxi. Le premier à qui il a demandé, s’est montré intéressé par les livres et a émis le vœu de trouver quelques titres qui l’aideraient dans son travail. Le professeur l’a barré au crayon rouge.
Le deuxième a qui il a expliqué son problème ne lui a pas demandé de compensation, c’est un vrai ami qui avec sa voiture il l’a aidé à transporter les caisses d’une adresse à une autre et il est reparti immédiatement sans qu’on ait eu le temps de lui offrir une tasse de café. On finit par bien comprendre que les hommes sont différents et qu’il faut se tenir sur ses gardes pour ne pas avoir d’ennuis, car les gens ne se gênent pas pour oser, comme quelqu’un qui a osé demander à un vieux cultivateur un passe- partout qui est une longue et large scie servant à couper les arbres et qu’il venait d’acheter, le malin emprunteur n’a même pas laissé au cultivateur le temps d’essayer l’instrument qu’il venait d’acquérir, et le problème, c’est qu’il ne pouvait sous aucun prétexte le lui refuser, le cultivateur a dû lui le solliciter, dans le passé, pour quelque chose d’important. Normalement, il est impoli de demander à quelqu’un un objet tout neuf et nouvellement acheté. Cette histoire s’est passée exactement comme elle a été racontée et fait partie du vécu d’une région de chez nous et elle remonte à plus de quatre vingt dix ans.
Les gens se l’ont racontée au fil des générations pour mettre en garde ceux qui empruntent de l’argent, des objets utiles à des gens qui peuvent oser vous demander un jour la réciproque ou l’impossible. Pour éviter ce genre d’ennuis, il vaut mieux garder ses distances vis-à-vis de tous, faire très attention où on met les pieds et autant que possible faire tout par ses propres moyens et éviter d’être redevable de quoi que ce soit.
Boumediene Abed