Transition énergétique et urgence d’un nouveau management stratégique de Sonatrach

Energie

La récente orientation du Gouvernement algérien concernant la maîtrise énergétique est une prise de conscience de la mise en place d’un nouveau modèle de consommation énergétique. Le monde connaîtra à l’horizon 2022/2030/2035, un profond bouleversement de la carte énergétique et du pouvoir à l’échelle mondiale.2.7. Évaluer le degré de compétitivité des outils, équipements et immobilisations utilisés dans le contexte d’évolution technologique international. Cette opération d’audit consistera à rassembler l’information sur les caractéristiques techniques, et les conditions de fonctionnement des équipements et de gestion des immobilisations, évaluer ses équipements et immobilisations corporelles et incorporelles, le niveau des stocks dormants, (objectif stock zéro) supposant de connaître le niveau d’automatisation, le niveau de performance, les besoins de maintenance non satisfaits et enfin la compétence du personnel utilisateur. Cela permettra d’analyser les forces et les faiblesses technologiques des équipements, les alternatives stratégiques sur les programmes d’investissements, le besoin de formations techniques et d’acquisitions de savoir-faire.
2.8. Concentrer le développement de Sonatrach en amont qu’en aval – noyau dur de l’entreprise, évitant la dispersion, en se spécialisant dans ses métiers de base. Pour les autres activités existantes, comme le raffinage, le transport, la transformation et la distribution, seuls les audits pourront tracer les actions concrètes à mener en envisageant soit d’internaliser l’activité, soit de l’externaliser avec une priorité au profit des cadres et travailleurs du secteur de certaines activités ou le partenariat afin d’éviter la dispersion source de gaspillage des ressources et d’inefficience de l’entreprise.
2.9. Sur le plan organisationnel, évaluer l’efficacité de la structuration actuelle en fonction des axes stratégiques de Sonatrach, mettre en place des structures organisationnelles plus adaptées à ses missions et évaluer les systèmes d’information en temps réel quant à leur efficacité sur le plan délai, coût et atteinte des objectifs. Et ce, afin de déterminer le test d’efficacité des structures et organigrammes existants, de leur compatibilité avec les contraintes existantes, l’évaluation des circuits et analyser les supports d’information de gestion, afin de raccourcir les délais source de surcoûts et des propositions concrètes pour améliorer l’organisation.
2.10. Revoir le système comptable, pour plus de transparence. Sonatrach, bien qu’il existe une direction de l’audit au niveau de la direction générale, établit souvent un bilan consolidé où l’on ne cerne pas correctement les centres de coûts, du fait de ce que les économistes appellent les comptes de transfert, pouvant voiler la mauvaise gestion d’une division. Aussi faute de comptes physico-financiers à prix constants, les ratios de gestion sont d’une signification limitée pour apprécier la performance. D’où l’urgence de mettre en place des comptabilités analytiques, afin de discerner les centres de coûts en temps réel et de mieux adapter les structures organisationnelles à la mission et aux contraintes de Sonatrach.
2.11. Analyser l’ensemble des règles juridiques influençant le secteur énergétique (environnement légal et institutions publiques), afin de permettre une gestion transparente des coûts et des contrats. Cela suppose la mise en place d’une formation pointue et d’ instruments adaptés aux normes internationales, ce qui devrait permettre des économies, de développer le partenariat dans la transparence, de mieux définir les projections économiques et financières et permettre les prévisions par la simulation / modélisation et donc aider à la prise de décision en temps réel, afin d’éviter les nombreux litiges qui se chiffrent en dizaines de millions de dollars.
2.12. Pilier de Sonatrach, un audit de la gestion des ressources humaines qui est le fondement de l’efficacité de Sonatrach, reposant sur le dialogue permanent avec le collectif des cadres et travailleurs et le renforcement des liens- centre de recherche -université, Sonatrach, l’importante décision 312/DG du 31 juillet 2021, (89 articles 96 pages) concernant les nouvelles modalités de passation des contrats accorde la priorité aux secteurs nationaux avec un objectif atteindre un taux de plus de 40% .Car force est de reconnaître que seulement pour le poste de services au niveau de la balance des paiements, (appel aux compétences étrangères, posant la problématique de l’exode des cerveaux ), a été entre 2010/2019 entre 10/11 milliards de dollars de sorties de devises par an et en 2021 selon la Banque mondiale de 6 milliards de dollars, une grande fraction étant largement accaparée par Sonatrach. La performance des ressources humaines, repose sur une formation permanente, ce qui implique un audit mettant en relief nettement la typologie du personnel existant, l’adéquation de la formation aux besoins de Sonatrach, la disponibilité des compétences adéquates, les politiques de recrutement, l’évolution de la productivité du travail, les appréciations des mesures d’incitation et enfin, l’évaluation du climat et de la culture d’entreprise de Sonatrach (audit social et audit de la culture), dont la prise en compte d’une gestion plus rationnelle des importantes sommes des œuvres sociales que consacre, annuellement, Sonatrach.

En résumé, dans plusieurs audits sous ma direction entre 1974 et 2020, ainsi que des cadres dirigeants du ministère de l’Énergie, de Sonatrach et d’experts indépendants, il nous a été impossible de cerner avec exactitude les coûts de production de ses différentes structures. D’où l’impossibilité pour cette société qui irrigue indirectement à travers la dépense publique toute la société, de se porter en bourse à l’instar d’une grande société comme Gazprom ou d’autres compagnies internationales. Sonatrach est soumise des contraintes majeures, existant des limites actuellement, produisant au maximum de ses capacités, ne pouvant exporter plus souvent, au maximum ¾ milliards de mètres cubes gazeux, au détriment du cyclage et de la bonne santé des gisements, surtout avec le désinvestissement et la forte consommation intérieure liée à l’actuelle politique des subventions qui risque de dépasser entre 2025-2030 les exportations actuelles. D’une manière générale, la nouvelle stratégie énergétique est inséparable d’une vision stratégique globale tenant compte des nouvelles mutations mondiales . Actuellement plusieurs départements ministériels se télescopent concernant la transition énergétique, à savoir le Ministère de l’Energie à travers ses structures Sonatrach et Sonelgaz, les différents institutions et commissariats dont le ministère de la transition énergétique sans oublier le Ministère de l’Environnement et le département aménagement territoire relevant du Ministère de l’Intérieur, idem pour les départements s’occupant de l’Économie (je préconise un grand ministère de l’Economie). Il ne suffit pas de faire des lois (mentalité du bureaucrate) mais de s’attaquer à l’essence du blocage qui est l’écosystème. C’est à ce titre que le Président de la république lors de sa visite à Oran le 24 juin 2022 a déclaré que la lutte contre la bureaucratie est une priorité du redressement national. La bureaucratie bloque les énergies créatrices donc le développement, favorise les délits d’initiés, dont les surfacturations en devises et en dinars, renvoyant à la bonne gouvernance et de l’urgence d’une coordination sans faille des institutions de contrôle, politiques et techniques afin de relancer l’économie nationale et assurer la nécessaire cohésion sociale
Pr des universités, expert international
Dr Abderrahmane Mebtoul
(Suite et fin)