Une oeuvre chevillée aux célébrations de l’indépendance

«El Hamdoulilah mabqach istiîmar fi bladna»

En plus de l’hymne national
et des chansons
patriotiques, elle
s’était imposée comme
un hymne populaire du
recouvrement de l’indépendance,
écrite et
interprétée par le cardinal
du chaâbi, Hadj
M’hamed El Anka : «El
Hamdoulilah mabqach
istiîmar fi bladna», une
chanson chevillée aux
célébrations de cette
date historique très
chère aux coeurs des
Algériens, célèbre elle
aussi ses 60 ans.

Depuis son enregistrement sous
forme de clip en 1963, cette chanson
revient chaque année sur les
petits écrans des Algériens, magistralement
interprétée par le
père fondateur du chaâbi coiffée
de sa célèbre chechia, comme un
hommage à ceux qui ont donné
leurs vies pour une Algérie libre
et indépendante, et un gage de
bon augure et de prospérité pour
l’Algérie de tous les futurs.
Dans un entretien à l’APS, le chercheur
en histoire de la musique et
du patrimoine melhoun, Abdelkader
Bendameche, a confié
qu’entre février et mars 1962,
alors que la libération se profilait
à l’horizon, un groupe d’artistes
de la Radio algérienne ont demandé
à Hadj M’hamed El Anka
d’écrire et de composer une
oeuvre pour la fête de l’Indépendance
du pays.
Le cardinal avait alors écrit et
composé cette fameuse chanson
pour la jouer la première fois le 3
juillet 1962, devant un groupe
d’amis dans une placette près de
La Casbah d’Alger, alors que le
pays attendait la proclamation
de l’indépendance sur des charbons
ardents, poursuit le chercheur
et spécialiste du melhoun
et du chaâbi.
Le 31 octobre de la même année,
une cérémonie de célébration de
l’indépendance est organisée à la
salle Atlas à Alger en présence
du premier président de la République
algérienne, Ahmed Benbella,
et de nombreux invités de
marque dont la figure révolutionnaire
latino-américaine Ernesto
Guevara.
Le programme de cette cérémonie
comptait, entre autres, une
prestation de la chanteuse tunisienne
Safia Chamia (1932-2004),
une représentation de la pièce de
théâtre «132 ans» du regretté Ould
Abderrahmane Kaki (1934-1995)
et le tant attendu M’hamed El
Anka et son hymne à l’indépendance
et à la liberté.
Le succès que connaît cette
oeuvre est tel que le cardinal est
convié à enregistrer sa création
dans un disque 33 tours, très à la
mode dans les années 1960, et
qui contenait une compilation des
plus grands succès de cette
époque. «El Hamdoulilah mabqach
istiîmar fi bladna» est désormais
conservée dans un premier
support d’enregistrement et
devient diffusable à la radio.
Abdelkader Bendameche indique
qu’en février 1963 l’un des clips
les plus connus des Algériens a
été enregistré dans un espace de
la radio nationale décoré pour
l’occasion, et où le cardinal, accompagné,
entre autres musiciens,
du grand pianiste Mustapha
Skandrani et du génie de la
musique algérienne Mahboub
Safar Bati, a rendu hommage aux
«hommes qui se sont sacrifiés
dans les maquis, dans le désert et
les montagnes» pour que «vive
l’Algérie libre et vive la jeunesse».
En plus de son grand orchestre, El
Anka était accompagné d’une chorale
composée pour l’occasion,
qui comptait essentiellement El
Hachemi Guerouabi, âgé d’à peine
24 ans, Boudjemaa El Ankis, Ahcène
Said ou encore Tahar Ben
Ahmed.
En 2012, c’est autour de Hocine
Lesnami et Hamidou que de
jeunes voix de la chanson algérienne
ont donné à cette oeuvre
une grande bouffée de jeunesse et
d’élégance contemporaine avec
des arrangements modernes et
un clip montrant l’Algérie indépendante
50 ans plus tard, réalisé
par Djaafar Gacem.
A cette occasion, pour les célébrations
du 50e anniversaire du recouvrement
de la souveraineté
nationale, de nombreux jeunes
chanteurs et musiciens, de la génération
de l’indépendance
s’étaient appropriés de nombreux
chants patriotiques qu’ils ont
remis au goût du jour avec des arrangements
et des orchestrations
modernes.
R.C.