Marché noir de la devise : l’éternel casse-tête pour l’Etat

Des experts du FMI sollicités pour trouver des solutions

Sur les places du change parallèle du dinar (Square Port-Said) qui fait office de bureau de change au noir, les cambistes suivent l’actualité et l’évolution des devises étrangères, notamment, de l’euro et du dollar avec la plus grande attention, mais aussi vigilance. Pour eux, la valeur de ces deux devises en particulier n’obéit qu’à la loi de l’offre et de la demande, directement liée à la recherche par les entreprises et commerçants de devises convertibles pour faire fonctionner leurs affaires. Toute la problématique réside, en effet, dans la convertibilité de la monnaie nationale, en dévaluation progressive et ça dure depuis des années !

Bien qu’illégal, le marché noir de la devise est relativement toléré. La réforme du secteur financier et sa numérisation ne suffiront pas seuls à réguler le marché parallèle de la devise et surtout à convaincre les réseaux organisés des cambistes à se conformer à la loi. La relance du projet de la convertibilité du dinar est aussi nécessaire pour rendre le dinar plus lourd face aux monnaies étrangères. Une piste que préconisent de nombreux analystes financiers.
Ils appellent sans cesse les autorités nationales à agir et à réformer en urgence ce secteur pour redresser les finances du pays, mais aussi pour réguler le marché parallèle de la devise. Ils s’attendent d’ailleurs à des engagements fermes de réformes. Le marché noir de la devise en Algérie tout comme celui du Niger et du Nigeria attirent souvent les analystes qui décortiquent l’état de ce marché ainsi que sa résistance face au temps et aux changements. Les médias aussi.
Bien que les conclusions soient généralement les mêmes, l’Etat algérien veut avoir l’avis des experts du Fonds monétaire international (FMI) pour résorber ce marché parallèle. Des experts du FMI sont mandatés par l’Algérie pour évaluer et étudier de façon approfondie le marché parallèle de la devise dans le pays, selon le média arabophone, Echourouk. L’objectif est de trouver des solutions à cette situation et réguler l’informel financier «hors contrôle» depuis des décennies. Aujourd’hui, les autorités doivent intervenir vite pour capter l’argent informel, d’autant plus que les réserves de change du pays sont en baisse.
La question à laquelle les pouvoirs publics tentent de répondre est : Comment transférer l’ensemble des devises qui circulent sur le marché parallèle vers les circuits bancaires? Des experts dans le domaine financier ont déjà répondu à cette question. Cependant, les propositions des experts du FMI sont attendues avec «intérêt». Ils pourraient proposer des raccourcis pour réduire l’afflux des citoyens vers le marché noir de la devise. L’Etat cherche ainsi à rattraper les échecs des précédentes tentatives de résorption du marché parallèle du change, à ciel ouvert.
En mai 2019, lors de son intervention sur les ondes de la radio nationale, Chaîne III, le directeur général de la Bourse d’Alger, Yazid Benmouhoub avait préconisé de «suivre une feuille de route qui s’étalerait sur une période de 10 ans ou plus, et qui aboutirait à assécher toute cette masse monétaire», a-t-il souligné. Concernant la convertibilité totale du dinar, les pouvoirs publics préfèrent attendre le moment opportun.
Tout comme le changement de monnaie qui «n’est pas une option», selon l’actuel Premier ministre,
Aïmene Benabderrahmane, à l’époque où il était ministre des Finances, expliquant dans une déclaration à la presse au mois de mars 2021, qu’«une monnaie fait partie de la stabilité d’un pays et le pouvoir libératoire d’une monnaie étant de 10 ans, après le retrait des billets». Le moment n’est pas opportun pour opérer des changements de grande ampleur : changer de monnaie ou rendre le dinar totalement convertible. Le dinar aujourd’hui ne peut être exporté.
Les pouvoirs publics doivent agir vite pour réguler le marché parallèle du change, car l’absence de traçabilité dans les opérations de change représente un danger pour l’économie nationale qui lutte contre toutes formes de crimes financiers dont la fuite des capitaux. La masse monétaire M2 qui circule hors circuit bancaire a dépassé les 32% en 2020, en hausse de plus de 12%.
Pour venir à bout de l’informel financier, la numérisation des réseaux financiers est primordiale en attendant de mettre en place des solutions concrètes au marché informel de la devise et éradiquer les réseaux de cambistes qui dictent leur loi sur le marché noir de la devise. Ce fléau qui gangrène l’Algérie doit disparaître. Les entreprises et les start-ups pourraient aussi contribuer à la relance du secteur financier du pays. La Bourse d’Alger devrait reconstituer sa trajectoire.

Samira Takharboucht

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