Un gardien de but spectaculaire qui a marqué sa génération

Abderrahmane Ibrir

Qui est Abderrahmane Ibrir ? Pour ceux qui ne le savent pas, c’est un Dellycien qui a quitté sa ville très jeune. Une localité coquette dont les habitants parlent l’accent algérois et qui sont surnommés «lahouistate».

C’est un excellent gardien de but de l’équipe de football algérienne combattante pour la noble cause celle de l’indépendance de l’Algérie. C’est un franco-algérien qui est né le 10 novembre 1919 dans la charmante localité historique de Dellys. Qui de nous ne se souvient-il pas de la mort de ce dernier en date du 18 février 1988 qui est survenu en mer au large de Sidi-Fredj. C’était la consternation. Il adorait la pêche et son embarcation avait chaviré causant le décès de ce dernier. Il a fallu quelques jours de recherche pour que son corps soit repêché. Ibrir Abderrahmane habitait El Biar, et toute sa population et l’Algérie entière était en deuil par la perte de cet icône du football algérien.
Ibrir Abderrahmane évoluait au poste de gardien de but après la guerre de libération nationale de l’Algérie avec l’équipe post indépendance puis devient pendant quelques mois le sélectionneur des Verts.
Ibrir Abderrahmane a évolué de 1946 à 1947 au Girondins de Bordeaux, puis de 1947 à 1951 au FC Toulouse, puis de 1951 à 1954 à l’Olympique de Marseille. Il a été sélectionné plus de six fois avec l’Equipe de France de 1949 à 1950, alors qu’il évoluait sous les couleurs du FC Toulouse. Cependant, il est à noter que Ibrir Abderrahmane a débuté le football avec l’AST Alger de 1938 à 1940 pour signer une licence avec l’USM Alger de 1939 à 1940 puis passe à la fameuse équipe de football formatrice de jeunes talents l’OM Saint Eugène de 1940 à 1945, et enfin, il se retrouve au Mouloudia Club d’Alger de 1944 à 1946.
Ibrir était un gardien de but très doué. Il avait le gabarit d’un gardien de but. C’était un gentil garçon, un véritable gentleman qui a occupé les bois de différentes formations de football que ce soit dans l’hexagone, qu’en Algérie. C’était un titulaire indiscutable, un gardien volant qui avait séduit par son éducation et par son personnage élégant. Jamais un mot déplacé. C’était d’abord un équipier, presque un joueur de champ. Il respectait tout le monde. Les dirigeants de l’époque, que ce soit avec l’USMA que le MCA, le convoque pour lui faire signer une licence au sein des rouges et noirs de Soustara. Il devient une pièce maitresse au sein de cette formation de l’Algérie indépendante. Il était le plus fantaisiste et le plus fantastique gardien de but de sa génération, excellent sur la ligne de but et spectaculaire dans les sorties aériennes. Au fil du temps, il devint la bête noire de plusieurs formations algérienne telles l’ES Guelma, le MC Oran, l’ASM Oran, l’USM Bel-Abbès, le RC Kouba, et plusieurs autres équipes très huppées.
Le Grand gardien de but qu’il était, et qui sait très honorablement exprimer au sein de l’Equipe nationale de France, n’avait pas pu prendre sa place avec le Onze de la liberté à cause de la présence de Ali Doudou et de Abderrahmane Boubekeur, et aussi parce qu’il avait rejoint la formation du Front de libération en 1959. Cela n’empêche que Ibrir Abderrahmane fait partie des trente-deux Ambassadeurs du football algérien qui avaient défendu la noble cause de l’Algérie libre et indépendante.
Abderrahmane donnera toute la mesure de son talent au sein de l’équipe nationale post-indépendante que ce soit en qualité de footballeur que celui d’entraineur des Verts.
Il était très fort dans les balles aériennes et efficaces dans ses interventions à l’intérieur de la surface de réparation et au-delà lorsque les conditions de jeu l’exigent.
Abderrahmane Ibrir était un personnage calme, posé et surtout élégant. Il était très estimé au sein de la communauté El biaroise. Que dire de lui maintenant qu’il nous a quitté, si ce n’est qu’il a été un personnage éduqué, d’une parfaite correction, que ce soit sur les terrains de football ou en dehors. Sa présence dans les bois était indispensable au bon rendement de son équipe car il savait la diriger et donner l’exemple quand il le fallait. Abderrahmane se montrait très adroit dans les remontées offensives en distillant à partir de sa cage de bonnes balles de contre-attaques, et surtout il faisait trembler ses adversaires par sa corpulence et de son physique d’athlète bien bâtie. Cela n’empêche que sur le terrain, il était d’une gentillesse exemplaire. Il avait la qualité et l’art de diriger, de manœuvrer et d’orienter sa défense. Il savait participer pleinement à un match soit en relançant le jeu, soit en le gelant une fois en possession de la balle. Il avantageait ses coéquipiers par ses dégagements précis que ce soit de la main que du pied.
Abderrahmane Ibrir était un footballeur élégant, jamais un mot déplacé qui a donné tout son talent comme gardien de but, il était d’un calme olympien et d’une sûreté qui impressionnait, la preuve comme gardien de but il avait toujours son mot à dire. Et ce n’est pas un hasard qu’il fut sélectionné par six fois au sein de l’équipe de France.
Une fois l’ indépendance acquise, il devient l’entraineur de l’Olympique du Kef (Tunisie) 1961-1962), puis il prend en charge pour quelques mois la sélection algérienne (1962-1963), ensuite il devient entraineur du MCA en 1978-1979, l’ESMK (1982-1983) et la JS El Biar en 1987- 1988. Il inculqua sa méthodologie de travail à son fils Athmane qui avait fait une brillante carrière comme milieu de terrain et après une brillante étude en technique de sport, Athmane devint manager entraineur au Canada puis entraineur manager au sein de l’Académie de la FAF.

Kouider Djouab