Porteur d’émotion ou miroir d’état d’âme

Visage

Que d’informations un visage peut donner sur l’intériorité de chacun et la différence infinie des individus ! Pour qui en a l’expérience, toute figure est porteuse de messages à décrypter.

Il nous est arrivé de nous promener dans les grandes artères d’une ville uniquement pour observer les visages des gens que nous croisons pour essayer d’interpréter leur regard sur le monde qui les entoure. Les uns paraissent tristes, et cela se voit par leur démarche, d’autres sont totalement absents, ils ont l’esprit ailleurs, quand ils nourrissent des rêves impossibles ou qu’ils regrettent d’avoir raté des occasions. Il y a aussi ceux qui font l’effort de paraître normaux par leur attitude attentionnée frisant parfois l’effronterie. A d’autres moments, ces individus peuvent avoir l’air hagard sous le prétexte qu’ils sont désespérés, affairés, pensifs, malgré eux ils sont capables de vous bousculer ou de vous marcher sur les pieds inconsciemment.

Ce que le visage suggère
Les hommes de la préhistoire ignoraient le visage, déterminant pour l’interaction comportementale et dans tous les milieux. Il paraît, et cela demande une vérification, que les peintures rupestres, qui remontent à des millénaires en arrière, ne donnent pas à voir les visages avec leurs traits particuliers permettant de les distinguer. Le visage qui entre dans l’étude du comportement personnalisé a une importance pour autrui. Il a commencé à devenir un objet de souci avec l’invention du miroir. Dans le langage gestuel, il occupe une place essentielle pour ce que nous apportent comme messages les yeux, la bouche, les joues, le moindre froncement des sourcils, dans une communication qui se veut claire, précise, fructueuse, utile à la transmission de la connaissance, secrète.
Cette communication peut être destinée aux seuls initiés, familiarisés avec le langage ésotérique. Avant l’invention du langage articulé, c’est-à-dire des mots, la moindre mimique est déjà une communication pour quiconque fait preuve de vigilance pour saisir au vol un message. Les scientifiques versés en la matière ont étudié les réactions du bébé par rapport au visage des gens qui l’entourent. Ces derniers par leur visage peuvent les faire rire aux éclats ou les faire pleurer. N’oublions pas qu’au fil des premiers mois après sa naissance, le bébé développe une mémoire des visages de plus en plus infaillible.

Le visage, à l’image de l’état d’âme
Au fil des siècles, le visage est mis en valeur pour la parole. Il garde sa place dans la communication mais le langage a fini par prendre le dessus par son rôle primordial. A quoi bon avoir un visage beau ou laid si la parole fait défaut, dans un monde où la communication orale et écrite dépend de la compétence de chaque participant à l’échange langagier. Le parler et l’écrit sont plus valorisants. La parole qui sert à dissimuler le visage, peut servir à mentir et peut-être même à trahir, tant le langage articulé, par ses subtilités, est capable d’exprimer ce que l’on a au plus profond de soi, de séduire, d’exercer une influence capitale. « La parole est ce qu’il y a de meilleur et de pire », a dit Esope. Dans tous les pays, particulièrement du monde occidental, on transforme le visage pour donner à ceux qui le désirent un nouveau look, une physionomie conforme à un mouvement de la jeunesse, à des idées venues d’ailleurs, ce qui explique le piercing aux oreilles, aux lèvres, à la langue, aux paupières, au nez. L’extravagance dans les comportements bizarres est telle qu’il est difficile de parler de psychologie scientifique qui soit en mesure d’apporter des explications sur ce que nous avons au fond de nous-mêmes. Par les cheveux longs, les boucles métalliques, les teintes, la tenue vestimentaire, l’homme se rapproche du signe par son comportement. En plus de la similitude avec le singe, l’homme rappelle des comportements animaux. Leurs visages, si on les observe avec beaucoup de concentration, ressemblent au renard ou à l’âne, sinon au hibou, à la chèvre ou au chameau et la liste est longue. Même du point de vue comportemental, la similitude frappante, nous incite à une réflexion approfondie. Les fabulistes qui ont mis en scène des animaux n’y ont-ils pas appris beaucoup de choses, puisque leurs fables servent à instruire les hommes. La naïveté, la docilité, la ruse, la peur, la lâcheté symbolisée par les animaux, font partie du monde humain.
Abed Boumediene