La grande offensive des DSI et SSI contre la spéculation

Plus d’un millier d’arrestations exécutées par les gendarmes

En touchant à l’économie nationale, à la sécurité alimentaire et, de ce fait, à la stabilité du front social, les spéculateurs des produits alimentaires de base ont, quelque part, défié l’Etat. Inconscients de la gravité de la situation sur le marché national de l’approvisionnement alimentaire, sur les pénuries répétées des produits de large consommation, et sur les conséquences catastrophiques que peuvent en découler, les spéculateurs ont, de ce fait, attiré les foudres de l’Etat.

Aujourd’hui, les spéculateurs font l’objet d’une véritable razzia menée par les services de sécurité. La lutte contre les deux fléaux économiques, la spéculation et la contrebande, bat son plein à travers le territoire du pays. Durant les neuf premiers mois de l’année en cours, les différentes Brigades et Sections relevant du Commandement de la Gendarmerie nationale (CGN), ont traités et résolus 3.691affaires liées aux fléaux de la spéculation et de la contrebande, impliquant près de 5.700 personnes, à travers lesquelles 1.117 individus ont été placés en détention provisoire, tandis que 236 autres ont été placés sous contrôle judiciaire, c’est ce qu’a annoncé, avant-hier, le Colonel Lounis Mili, Directeur de la Sécurité publique et de l’Emploi au Commandement de la Gendarmerie nationale (CGN). Conscient de l’importance conjoncturelle, le Commandement de la Gendarmerie nationale a été contraint, face aux nombreuses opérations ciblant la spéculation et la contrebande, deux fléaux qui touchent en plein fouet l’économie nationale et sa sécurité, de rendre le bilan global de la lutte contre la spéculation, ce crime économique bien organisé. Lors d’une conférence de presse animée à Alger et consacrée à la présentation du bilan des activités des unités de la Gendarmerie nationale en matière de lutte contre la contrebande, la spéculation, le détournement des produits de large consommation subventionnés et les pratiques commerciales frauduleuses, le Colonel Mili de la Gendarmerie nationale a indiqué que «partant de l’importance extrême accordée par le commandement de la Gendarmerie nationale à la sécurité alimentaire, des plans d’actions annuels et conjoncturels en cas de découvert toute pénurie dans l’approvisionnement du marché sont mis en place». Suite à l’observation d’une pénurie de certains produits de consommation durant la dernière période à l’instar d’huile de table et du semoule, à cause de pratiques commerciales illégales (spéculation et monopole) de certains commerçants, des unités de la Gendarmerie nationale ont agi avec force et la réplique a été à la hauteur des attentes de l’Etat.
«Nos éléments qui sont mobilisés, jour et nuit, pour contrer la spéculation, ont élucidé 3.691 affaires impliquant 5.694 individus», a précisé le Colonel Lounis Mili ajoutant qu’en tout et durant les neuf premiers mois de l’année en cours, «1.117 personnes ont été placées en détention provisoire et 236 autres sous contrôle judiciaire», fait part le conférencier. Quant aux produits saisis, «il s’agit de très grandes quantités», fait observer le Directeur de la Sécurité publique et de l’Emploi au Commandement de la Gendarmerie nationale (CGN).
A partir des opérations qui ont été menées entre la période allant de janvier à septembre dernier, nous avons saisis «1.226,481 tonnes de farine, 951,097 tonnes de blé tendre, 91,698 tonnes de blé dur, 211,662 tonnes de semoule, 29,032 tonnes de sucre, 20,958 tonnes de poudre de lait, 28.098 litres de lait, 418.090 litres d’huile de table, 63.493 tonnes de pâtes alimentaires et 1.398 têtes de bétail, soit l’équivalent de 262.500.055 DA», démontre en chiffres le haut responsable à la Gendarmerie nationale. Soulignant une hausse dans les affaires traitées à ce sujet par rapport à la même période de l’année dernière, le directeur de la sécurité publique et de l’emploi au Commandement de la GN a précisé que «la production nationale en produits de base dépasse la consommation de 1,5%» et que la pénurie «est due à la cupidité de certains commerçants en quête d’argent
facile». Par ailleurs, le Colonel Lounis Mili a qualifié de très bons les résultats acquis par les gendarmes au cours de leur lutte face à la spéculation. «Grâce aux informations préalables qui leur sont parvenues, les unités de la GN ont mené ces opérations de saisie grâce à des descentes sur certains entrepôts, aux contrôles inopinés au niveau des routes ou aux patrouilles de la GN et des brigades des gardes frontières dans le cadre de la lutte contre la contrebande», dira-t-il. Les premières grandes vagues d’arrestations des spéculateurs avaient commencé durant la période de la pandémie de la Covid-19, une période durant laquelle le fléau de la spéculation avait pris une proportion très alarmante, où de très nombreux commerçants, livreurs, délégués médicaux, grossistes, pharmaciens et bien d’autres acteurs, ont dissimulé de grandes quantités pharmaceutiques et médicales, notamment des bavettes, des produits pharmaceutiques d’hygiènes, et même des médicaments conçus pour soutenir les personnes atteintes par le virus Covid-19.

5.000 spéculateurs arrêtés durant
le Coronavirus
C’est par là qu’une véritable opposition, lutte et combat à la spéculation avait débuté. Durant la période allant de l’année 2020 à 2021, la lutte contre la spéculation des prix, la fraude, la pratique commerciale illicite et l’escroquerie a battu tous les records, autrement dit, près de 5.000 individus, la plupart des commerçants, grossistes et revendeurs, impliqués dans la spéculation, ont été interpellés, au cours de la période signalée, dans le cadre de vastes opérations et mandats de perquisitions menée par les gendarmes.
Tout a commencé en 2020, l’année durant laquelle une grande campagne menée par les gendarmes et visant les milieux des spéculateurs avait été déclenchée suite à des instructions fermes du président de la République. Depuis, la guerre est ouverte contre les acteurs commerciaux auteurs de nombreuses affaires de spéculation. Semoule, farine, bavettes, huile de table, sucre, pomme de terre, œufs et bien d’autres produits alimentaires de premières nécessités, les spéculateurs ont privé des millions de consommateurs algériens des produits alimentaires de base en vue d’en retirer une plus-value et un bénéfice de taille. Un acte classé criminel, selon les hautes autorités du pays qui, face à cette situation alarmante qui peut déclencher des émeutes, des manifestations et grogne des citoyens, ont agi rapidement en déclarant une «guerre» ouverte contre les spéculateurs. D’abord, sur le plan répressif, des milliers de spéculateurs ont été arrêtés depuis l’année 2020 puis, sur le plan juridique pénal, un arsenal de lois punitives a été mise en place pour contrecarrer les plans diaboliques des spéculateurs. Il s’agit du durcissement des peines de prison et de réévaluation des amendes, les spéculateurs sont avertis à l’avance. En janvier 2022, et en visite dans la wilaya d’Oran, le ministre du Commerce et de la promotion des exportations, Kamel Rezig, avait assuré que la nouvelle loi contre la spéculation «sera appliquée à la lettre et toute personne stockant l’huile ou autre produit de base à des fins spéculatives sera traduite en justice». «Une loi sévère qui condamne jusqu’à 30 ans de prison ferme et une amende lourde qui peut dépasser les deux millions de dinars contre chaque personne impliquée dans une affaire de spéculation sur les prix des produits de base», avait mis en garde le ministre du Commerce. Sur le plan répressif, en 2020, la lutte contre la spéculation avait été couronnée par l’arrestation de 4.454 spéculateurs dans le cadre de 4.180 affaires traitées et résolues, selon plusieurs communiqués rendus publics par la Gendarmerie nationale. En plus de ce nombre très considérable, les gendarmes avaient récupéré plus de 3.000 tonnes de produits alimentaires sans parler d’autres produits, tels que les parapharmaceutiques qui sont également considérables.

La Gendarmerie sur les trousses
des spéculateurs
Le Commandement de la Gendarmerie nationale contrôle un taux de couverture de 93% du territoire national, qui relève de sa compétence territoriale, tout comme il arrive à couvrir également 85% du réseau routier, soit un avantage sur le terrain. Garantir une présence efficiente sur l’ensemble du territoire national pour mieux lutter contre le fléau de la spéculation et celui de la contrebande, les unités de la Gendarmerie nationale ont dû mener, depuis l’année 2020, de vastes opérations contre les milieux de la spéculation impliquant, parfois, des centaines de gendarmes. En coordination avec d’autres partenaires, les différentes Brigades et Sections relevant de la CGN ont déployé des efforts considérables afin de garantir la sécurité et la tranquillité des citoyens et leurs biens mais, également la sécurité alimentaire et l’économie du pays, à travers les interventions et opérations accomplies par les différentes unités, notamment celles spécialisées en l’occurrence le Détachement Spécial d’Intervention (DSOI), les Sections de Sécurité et d’Intervention (SSI) et les différentes brigades spécialisées (Section de recherches, protection des mineurs, environnement, patrimoine culturel, etc). Rien qu’en 2021, et dans le cadre de la lutte contre la spéculation, et dans le but de garantir la sécurité et la tranquillité des citoyens, préserver l’économie nationale, éradiquer la spéculation dans les produits de large consommation, et en exécution des dispositions de la loi n° 15-21 portant lutte contre la spéculation et incriminant ces actes et aggravant les peines y afférentes, les différentes unités de la Gendarmerie nationale avaient procédé, durant l’année précisée, au traitement de 401 actes criminels liés à ce fléau, ce qui avait abouti à l’arrestation de 561spéculateurs et la saisie de 12.000 tonnes de pommes de terre, 194.776 tonnes de farine, 16.920 litres d’huile de table et d’autres matières de large consommation. Un an après, soit en 2022, d’autres milliers de spéculateurs sont arrêtés, la guerre à la spéculation est loin d’être gagnée.
Sofiane Abi