Histoire, arts et urbanisme

Tlemcen

Tlemcen est l’une des villes les plus anciennes et les plus importantes d’Algérie, avec sa richesse culturelle et son histoire ancienne qui rayonnent aujourd’hui de splendeur, à travers les époques islamiques qui se sont succédés sur ses terres, notamment la dynastie des Zayanides et la diversité de son patrimoine culturel et urbain envoûtant.Musée à ciel ouvert, Tlemcen renferme «une soixantaine de sites du patrimoine classés au niveau national», dont ceux datant de la période préhistorique comme le lac de Karrar près de la ville de Ramchi et le site de Mouilah dans la ville de Maghnia qui «remonte à la période atrienne qui caractérisait l’Afrique du Nord», explique l’attaché à la direction de la Culture de Tlemcen, chargé de l’inventaire des sites archéologiques, Sofiane Bouzidi. Le spécialiste ajoute que les Romains y ont établi au IIIe siècle, «deux petites colonies, «Pomaria», dans l’actuel quartier antique d’Agadir, et Altava» à Beni Mimoun», néanmoins, poursuit-il, les périodes islamiques étaient «les plus riches», au regard du legs patrimonial, identifié jusque-là.
Le chercheur souligne qu’à elle seule, la ville de Tlemcen compte «70 % des sites et monuments islamiques d’Algérie» avec leur «richesse et leur diversité culturelle et urbaine», à l’instar de la Citadelle «El-Machour», le «Minaret de la mosquée d’El-Mansoura», ainsi que le «Mausolée de Sidi Boumediene». L’archéologue explique que l’héritage islamique de Tlemcen renvoie à des «époques différentes et successives perceptibles par leurs mosquées», à l’instar de celles, d’ «Abou El Hassan El Tensi» qui date de la période des Zianides, la grande Mosquée de la période des Almoravides avec un minaret Zianide, ou encore, la Mosquée de Sidi Al-Yidun qui remonte à la période ottomane. La ville était également fortifiée par «plus de 13 portes», construites sous le règne de Yaghomrasen Ben Ziyane, premier roi de cette grande dynastie, néanmoins, «la plupart de ces portes furent détruites par l’armée coloniale française», a-t-il ajouté. Autre repère historique de cette grande ville, «l’Ecole Techfiniya» de l’époque des Zyanides, était un repère de la science et de la connaissance et une des plus grandes d’Afrique et du Monde arabe, détruite par l’occupant français. Les grands savants ne sont pas en reste dans le rayonnement de Tlemcen, certains y sont nés et d’autres y ont vécu, à l’instar de, Abderrahmane Ibn Khaldoun, père de la Sociologie et de l’Histoire, Cheikh Chouâïb Ibn El-Hassan El-Andalousi El-Telemsani, connu sous le nom de «Abou Mediène», décédé dans cette médina mystique qui par ailleurs, aura vu naître, Ibn Marzouq El Hafid et l’inventeur Abou El-Hassan Ali , connu sous le nom d’Ibn El-Fahham, ou encore, le militant politique de première heure pour l’Indépendance de l’Algérie, Messali El-Hadj.
Héritage ancestral, l’artisanat constitue une autre fierté de Tlemcen, avec les vêtements traditionnels, «Chedda», célèbre costume nuptial classée par l’Unesco et réalisée avec un grand savoir-faire, ainsi que les différents types de bijoux et d’accessoires utilisés comme ornements des vêtements féminins de différentes périodes. Dans le même domaine, figure l’art du tissage en soie dorée, chère et de haute qualité, réalisé avec «Lemremma», un outil traditionnel. Tlemcen est également réputée par l’art de la poterie traditionnelle du village côtier de «Baidar» à Marsa Ben M’hidi, ainsi que ses broderies, la gravure sur cuivre et sur bois, en plus des industries textiles et la fabrication des céramiques, du cuivre, des chaussures et autres maroquineries. Cette région est aussi connue pour le carnaval «Airad» de Béni Sennous, célébrant «Yennayer», le nouvel an amazigh, une pratique qui conserve encore ses spécificités, inscrite au patrimoine culturel national immatériel.
Elle rayonne aussi grâce à sa grande école Gharnati de la musique andalouse et ses grands Cheikhs, Larbi Ben Sari et Abdel Karim Dali notamment, alors que dans les Arts plastiques, le nom de Bachir Yellès, doyen des artistes peintres et premier directeur de l’Ecole des Beaux-Arts, se distingue, tout comme l’écrivain Mohamed Dib en littérature, dont les écrits ont atteint le rang de l’universalité.
Tlemcen comprend également des institutions culturelles qui œuvrent pour la promotion et la préservation de sa mémoire, à l’instar du «Musée national d’art et d’histoire», le «Musée national de la Calligraphie islamique», le «Musée du Moudjahid» et le «Centre d’interprétation du Costume traditionnel algérien», unique en Afrique et dans le Monde arabe.
R.C.