La décision du G7+ Australie de plafonner le prix du pétrole russe à 60 dollars est-elle opérationnelle ?

Energie

Au moment où le G7+ Australie ont décidé de plafonner le prix du pétrole russe à 60 dollars à compter du 5 décembre 2022, le cours du pétrole a été coté le 4 décembre 2022 à 85,42 dollars le Brent et à 80,34 dollars le WIT et le gaz au niveau boursier qui a culminé il y a quelques mois à plus entre 300 et 350 dollars le mégawattheure a été coté pour le cours de novembre de 2022 à une moyenne de 100 dollars Et face aux incertitudes de l’économie mondiale, où le FMI annonce une récession pour 2023, Lors de la réunion de l’Opep+ le 4 décembre, les représentants des treize membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs dix alliés ont convenu de garder le cap décidé en octobre d’une réduction de deux millions de barils par jour jusqu’à fin 2023.

Les acheteurs qui ne respectent pas le prix plafond ne pourront pas obtenir de services, comme l’assurance des expéditeurs, de la part d’entreprises de l’un ou l’autre des pays membres de la coalition (les pays du G7 et l’Australie) qui contrôlent plus de 90% de ces segments d’assurance.Ce mécanisme du prix plafond a été conçu pour réduire les revenus de la Russie où selon l’Institut Montaigne [3], les ventes de pétrole russe ont atteint 179 milliards de dollars en 2021, contre 62 milliards pour le gaz. L’Union européenne était son plus grand partenaire commercial. et, par conséquent, sa capacité à financer sa guerre contre l’Ukraine, où selon l’Agence internationale de l’énergie, les recettes pétrolières et gazières représentaient environ 45 % des recettes du budget fédéral de la Russie en 2021.
Le mécanisme selon ses concepteurs devrait permettre également de faire des ajustements, de façon à ce que le prix plafond puisse être ramené à la baisse. La coalition envisage également d’imposer, au début de 2023, un prix plafond semblable pour les produits pétroliers d’origine russe autres que le pétrole brut.
Cela rentre dans le cadre de la mise en œuvre intégrale des propositions de la Commission européenne « Ajustement à l’objectif 55 » afin de réduire de plus de 116 milliards de mètres cubes, d’ici à 2030 des importations russe soit plus de 75%mais devant se tourner vers d’autres fournisseurs et accélérer la transition énergétique expliquant le dernier accord à long terme entre le Qatar et l’Allemagne. Mais selon l’AFP le plafonnement pourrait avoir un effet limité à court terme : le cours du baril de pétrole russe (brut de l’Oural) évolue actuellement autour des 65 dollars, soit à peine plus que le seuil décrété. L’interdiction pourrait avoir des effets pervers pas seulement pour Moscou, où les exportations par canalisations représentent 92% contre 8% pour le GNL, voir la pénurie d’hydrocarbure s’accroître en raison de la baisse du pétrole russe (la Russie est le 2e exportateur mondial), et les prix de l’énergie augmenter à un tel point que le monde se retrouve pénalisé par ces sanctions renforçant la récession économique mondiale et l’inflation surtout des pays dépendant du gaz russe comme l’Allemagne, à un degré moindre la France grâce au nucléaire. En fin de compte le continent perdant étant l’Europe et les gagnants les USA qui ne dépendent pas du gaz russe, accroissant leur part de marché et la Chine bénéficiant d’un bas prix des hydrocarbures. Car le prix plafond ne fonctionne que s’il est en dessous ou égal à celui du prix du marché, et avec les incertitudes dues aux facteurs géostratégiques et pas seulement économiques, il est presque impossible de connaître le prix dans six mois ou une année et plus dans trois mois ou plus, expliquant l’attitude de statu quo de l’OPEP lors de sa réunion du 04/12/202

5.-Et la stratégie énergétique de l’Algérie dans ce contexte mouvant ?
La stratégie future européenne pour ne pas dépendre fortement du gaz russe, sera d’accélérer à la fois la diversification de ses fournisseurs et surtout la transition énergétique. Le passage à une économie décarbonée devenant donc un véritable enjeu géopolitique où le gaz est perçu comme une énergie de transition indispensable, dans le cadre d’un mix énergétique. Dans ce cadre l’Algérie peut devenir un acteur stratégique au niveau de la région méditerranéenne grâce à son potentiel en énergies renouvelables 3000 heures de solaire par an. Il est prévu 40% de la consommation intérieure horizon 2030/2035 et une partie à l’exportation à travers des interconnexions une politique de rationalisation de la consommation intérieure sobriété et efficacité énergétique par une nouvelle politique de subventions ciblées, l’encouragement d’investissement grâce à des partenariats gagnants -gagnants peut accroitre capacités d’exportations de gaz pouvant passer de 43 milliards de mètres cubes gazeux fin 2021 à 70/80 milliards de mètres cubes gazeux horizon 2025/2027, passant de 10 à 20/25% de ses capacités d’exportation vers l’Europe à travers la plus grande canalisations Transmed via Italie 33 milliards de mètres cubes gazeux, fonctionnant actuellement en sous capacités et le MEdgaz,capacité 10 milliards de mètres cubes gazeux plus les exportation en GNL, à court terme pouvant accroitre tout au plus 4/5 milliards de mètres cubes supplémentaires, sans oublier le projet avec le Nigeria et l’idée de relancer du projet GALSI dont en 2012 ,les études de faisabilité existants devant seulement être réactualisées qui devait être relié à la Corse, ayant dirigé une mission pour le compte de l‘Algérie pour défendre ce projet d’une capacité de l’époque de 8 milliards de mètres cubes gazeux estimé en 2012 à 3 milliards de dollars du fait de travaux techniques complexes, projet qui avait été avorté par les élus de la Sardaigne.
En conclusion, au moment où s’est tenue en Italie le 03 décembre 2022 le Forum Rome-MED, je livre sans aucune modifications aux lecteurs la synthèse de mon interventions sur le même sujet sans aucune modification, l’une à la rencontre des experts au sommet France – Afrique tenu à Paris les 06/07 décembre 2013 reproduite dans la revue CAFRAD/UNESCO, la seconde au Sénat français à l’invitation du professeur Jean Pierre Chevènement en juin 2015 au moment où s’est tenue en Italie le 03 décembre 2022 le Forum Rome-MED, dans deux de mes interventions sur le même sujet l’une à la rencontre des experts au sommet France – Afrique tenu à Paris les 06/07 décembre 2013 reproduite dans la revue CAFRAD/UNESCO, la seconde au Sénat français à l’invitation du professeur Jean Pierre Chevènement en juin 2015, concernant les enjeux énergétiques en Méditerranée et les relations Algérie Europe, où les dynamiques modifient les rapports de force à l’échelle mondiale et affectent également les recompositions politiques à l’intérieur des États comme à l’échelle des espaces régionaux. l’énergie, particulièrement, est au cœur de la souveraineté des États et de leurs politiques de sécurité.
Dr Abderrahmane Mebtoul
Pofesseur des universités
Expert international
(Suite et fin)