Réduction des déficits: L’Etat exclut tout financement extérieur !

Le projet de loi de Finances 2023 adopté à l’unanimité par les sénateurs

Après plusieurs débats, le projet de loi de Finances (PLF) 2023 a été voté, jeudi dernier, unanimement par les sénateurs, approuvant ainsi l’ensemble des dispositions introduites dans ce texte. Ce dernier a prévu une série de nouvelles mesures de soutien à l’investissement, aux ménages, et pour accélérer l’inclusion financière. Une ligne directrice pertinente a été adoptée pour ainsi moderniser la gestion budgétaire et mettre en place, progressivement, une gestion par objectif, plus transparente pour une meilleure gouvernance des finances publiques, plus de visibilités et de performance.
L’Etat compte dans sa nouvelle stratégie de renouveau économique, le renforcement de l’investissement et la modernisation de son système financier et bancaire, indispensable pour attirer les capitaux étrangers et promouvoir la production nationale, générer de la devise des exportations hors-hydrocarbures.
Il a pu compter, jusque-là, sur la hausse des cours du pétrole pour dégager d’importantes recettes, lui permettant de renforcer ses dépenses budgétaires qui s’élèvent à plus de 13.786 milliards de dinars contre plus de 7.901 milliards de dinars de recettes, attendues au titre de l’exercice de 2023.
Selon ce même texte, voté à l’unanimité par le Conseil de la Nation, «les recettes budgétaires totales prévisionnelles entre 2023 et 2025 augmenteraient de 4% en moyenne pour atteindre 7.901,9 milliards de dinars en 2023, 8.187,2 milliards de dinars en 2024 et 8.454,6 milliards de dinars en 2025».
La croissance des recettes de l’Etat sera soutenue par la fiscalité pétrolière qui devrait augmenter durant la même période «à une moyenne annuelle de 2,9%, estimée sur la base d’un prix de référence de 60 dollars le baril, pour passer de 3.298,5 milliards de DA en 2023 à 3.409,6 milliards de DA en 2024 et à 3.502,2 milliards de DA en 2025». Quant aux recettes ordinaires, elles devraient grimper de «4,8% en moyenne au cours de la période 2023-2025, et devraient passer de 4.603,4 milliards de DA en 2023 à 4.777,6 milliards de DA et à 4.952,4 milliards de DA en 2025».
Résultat : le budget de l’Etat «connaîtra une amélioration en termes de rentabilité de la fiscalité ordinaire qui atteindra les 59% du total des recettes budgétaires, contre seulement 41% des recettes fiscales pétrolières».
La hausse des ressources ordinaires démontre la volonté de l’Etat de diversifier ses ressources de financements et de l’investissement, ce qui aiderait le pays à soutenir son rythme de croissance qui devrait atteindre 4,1%, et lutter contre l’inflation devenue pratiquement chronique afin de la stabiliser à 5,1%. Les actions mises en place par l’Etat, ces deux dernières années, l’ont aidé à ralentir le rythme de l’inflation et éviter les pénuries à travers une lutte continue contre la spéculation et la corruption. Le maintien de la dynamique de soutien aux ménages et aux entreprises pour la prochaine année prouve, également, l’attachement de l’Etat à son caractère social, toutefois dans une vision économique rénovée.
Les transferts sociaux continuent de peser lourd sur le total des dépenses de fonctionnement, évaluées à 9.767 mds de DA. Le ministre des Finances, Brahim Djamel Kassali, a souligné le déséquilibre budgétaire qu’il faut corriger à travers l’accélération des réformes et le développement de l’investissement et la lutte contre l’informel. Le déficit budgétaire, au titre de l’exercice de 2023, est estimé à 4.092,3 mds de DA (-15,9% du PIB), alors que le déficit global du Trésor devrait atteindre, quant à lui, en moyenne 6.586,3 milliards de DA au cours de la période 2023-2025 (-23,7 du PIB). Interrogé sur le financement du déficit budgétaire et public, le ministre avait indiqué que l’Etat devrait recourir au marché financier intérieur et aux Fonds de régulation des recettes (FRR) qui devrait atteindre en 2023, 2.300 milliards de dinars, grâce à la hausse des recettes pétrolières qui devraient atteindre plus de 50 milliards de dollars, d’ici la fin de l’année en cours. Il a exclu tout recours au financement externe.
L’Etat a réussi aussi à renflouer les réserves de change qui «devraient passer de 59,7 milliards de dollars fin 2023 à 69 milliards de dollars fin 2025, représentant respectivement 16,3 et 19,3 mois d’importations de biens et services hors facteurs de production», selon le texte de loi.
L’Etat s’attend à un excédent de sa balance commerciale qui «devrait enregistrer un excédent de 9,4 milliards de dollars en 2023, puis 11,3 milliards de dollars en 2024 et 11,6 milliards de dollars 2025». Quant à la balance des paiements, elle «devrait enregistrer un excédent de 5,7 milliards de dollars en 2023, atteindre 6,5 milliards de dollars en 2024 et 6,8 milliards de dollars d’ici la fin de 2025». L’Etat devra néanmoins accélérer ses réformes et s’adapter aux transformations économiques internationales pour renforcer sa stabilité financière. Anticiper la période après-guerre.
Samira Takharboucht