L’imam Iquioussen expulsé au Maroc par la Belgique

Feuilleton politico-judiciare

Que la frustration de Gérald Darmanin doit être grande, au lendemain de l’épilogue de l’imbroglio politico-judiciaire dont il n’est pas ressorti grandi… Oui, que la frustration du ministre de l’Intérieur doit être grande, au lendemain de l’expulsion vers le Maroc de l’imam dont il avait fait subitement l’ennemi public n° 1, mais qui avait réussi à passer à travers les mailles du filet, lui infligeant un camouflet cuisant au beau milieu d’un été incendiaire.
Eh oui, car le bannissement de Hassan Iquioussen n’est pas marqué de son sceau, mais de celui de la secrétaire d’Etat belge à l’asile et la migration, Nicole de Moor. En d’autres termes, ce que la France a échoué à faire, la Belgique l’a réalisé hier, vendredi 13 janvier. Il faut dire que le Maroc a entre-temps fini par infléchir sa position, acceptant de lui délivrer un laisser-passer.
« Cet homme est né en France, cette expulsion est un déracinement pour lui, ce n’est pas un retour et c’est un véritable exil. Sa vie privée et familiale est définitivement disloquée », a aussitôt réagi, en le déplorant vivement, l’avocate de l’imam Iquioussen, Me Lucie Simon.
« Aujourd’hui, c’est une famille entière qui est séparée et qui ne pourra certainement plus être reconstituée, nous attendons le jugement sur le fond du Tribunal administratif de Paris, si l’arrêté d’expulsion était annulé, la France devra assurer son retour», a-t-elle souligné.
Comme de bien entendu, les deux proches voisins, la Belgique et la France, s’autocongratulent, se flattent d’être enfin parvenus à bouter hors d’Europe leur nouvelle bête noire, en usant d’une langue de bois toute diplomatique. Nicole de Moor s’est ainsi félicitée de « la bonne coopération » avec la France, martelant : « Nous ne pouvons pas permettre à un extrémiste de se promener sur notre territoire. Toute personne qui n’a pas le droit d’être ici doit être renvoyée ». De leur côté, les proches conseillers de Gérald Darmanin, qui auraient été mieux inspirés d’avoir le triomphe modeste, ont déclaré : « C’est une grande victoire contre le séparatisme ».
Crieront-ils à nouveau victoire dans le prétoire, à l’issue de l’audience du 16 février prochain ? Là est la question… En l’espèce, c’est à la justice qu’il reviendra de trancher, après avoir été saisie de la plainte déposée contre Gérald Darmanin par Hassan Iquioussen pour « diffamation » à son encontre.