La Russie spectatrice, même pour les JO ?

Compétitions internationales

Les athlètes russes sont bannis depuis presque un an de quasi toutes les compétitions internationales, mais pour les JO de Paris, le débat est encore ouvert. Face aux appels de Kiev, Moscou a dénoncé samedi l’appel à bannir ses sportifs des JO 2024 comme «absolument inacceptable». En Russie, le départ des grandes marques internationales et le boycott marquent en tout cas les esprits.

Qui est le premier ?
Qui est le meilleur ? Plus qu’une question classique et récurrente, la compétition est presque un art de vivre en Russie. Surtout en matière de sport. Mais depuis le départ des grandes marques internationales, se fournir en équipement est devenu un casse-tête, déplorent beaucoup de sportifs. Des patins à glace ? Le prix a doublé de 40 000 à 80 000 roubles. Des pantalons de ski chauds pour s’entraîner en hiver ? Là aussi, on se frotte les yeux face aux étiquettes : de 2 000 roubles à 3 500. Des chaussures de course à pied aux équipements pour le hockey sur glace, la liste du matériel devenu quasiment hors de prix est longue. Et selon certains, en termes de qualité, le compte n’y est pas. Pour Ekaterina Udachnaya, qui vit à Saint-Pétersbourg, le hockey est une passion. Son fils de 14 ans y joue depuis dix ans. Elle-même s’occupe depuis sept ans d’un magazine en ligne pour populariser ce sport auprès des enfants. Il y est question d’entraînements, d’événements… et de conseils pour les équipements. Pour elle comme pour de nombreuses familles, la facture s’est considérablement alourdie cette année. Et encore, les équipements sportifs sont relativement disponibles dans cette discipline, explique-t-elle : la Russie a énormément développé dans ce domaine – comme dans beaucoup d’autres – les importations dites «parallèles», soit des importations via des pays tiers.

Une mue douloureuse
Les rangs des clubs se sont en revanche sérieusement éclaircis, raconte Ekaterina Udachnaya. Nombreux sont les enfants qui sont partis jouer et s’entraîner à l’étranger, «en Asie centrale, en Europe et en Amérique». «Même nos partenaires les plus proches ont cessé de venir chez nous, nos amis du Kirghizistan, du Kazakhstan», ajoute-t-elle avec une voix qui se brise. Rita n’accable personne. «Qu’est-ce que les parents étaient censés faire d’autre ? Bien sûr que les enfants doivent pouvoir faire ce qu’ils aiment». Pour autant, la mère de famille blonde et souriante ne comprend pas l’exclusion des athlètes russes des compétitions : «Je pense qu’en général, en principe, boycotter un pays est quelque chose de très étrange. Le sport devrait pouvoir se développer. Les relations sportives ne doivent en aucun cas être influencées par quoi que ce soit». Pour le sport de compétition, la mue est elle aussi souvent douloureuse. Qu’il s’agisse de patinage ou de ski de fond, la Russie est pour la première fois cet hiver passé de compétiteur majeur à commentateur isolé sur le banc de touche. «Des choses plutôt curieuses se passent dans cette compétition de biathlon», commentait ainsi la semaine dernière le quotidien Kommersant, alors que la Coupe du monde venait de débuter en Allemagne. Dans ce sport où brillent souvent les Russes, la domination des rivaux habituels comme les Norvégiens se fait désormais presque sans partage, explique le journal.