« Brûler le Coran, ce n’est pas la liberté d’expression, c’est un acte inadmissible »

Outrage à l’Islam

Il fait partie de ces redoutables pyromanes du vivre-ensemble venus du froid, l’extrémiste de droite Rasmus Paludan met le feu au Coran pour mieux embraser les esprits, sous l’étendard de la liberté d’expression. Un étendard qu’ils sont nombreux à brandir sur le Vieux Continent, et dans lequel ils se drapent même avec un cynisme confondant, pour calomnier et outrager l’islam et les musulmans… en toute liberté. En janvier dernier, à Stockholm, devant l’ambassade de Turquie, c’est sous cet étendard si facile à porter haut, que la sacro-sainte liberté d’expression s’est de nouveau tristement consumée. Le Dano-suédois Paludan l’a réduite en cendres, une fois encore, une fois de trop, dans le brasier de son nationalisme vengeur. Sage parmi les sages, le très estimé Torbjörn Hedberg, 83 ans, un mathématicien de grand renom, membre de l’Académie royale suédoise des sciences de l’ingénierie depuis 1987, a été révulsé par ce nouvel autodafé abject. Et il l’a fait savoir sans la moindre ambiguïté, dans les colonnes du quotidien suédois Dagens Nyheter. « La liberté d’expression doit être défendue et si Paludan veut dire quelque chose sur l’Islam, il devrait être autorisé à exprimer ses opinions. S’il souhaite présenter ses opinions par écrit, il devrait également être autorisé à le faire. Mais un Coran brûlé n’est pas une opinion. Brûler le Coran ne relève pas de la liberté d’expression. Brûler le Coran, c’est un acte inadmissible visant à provoquer la colère, en particulier parmi les musulmans en Suède et à l’étranger », a-t-il fermement désapprouvé. Et de renchérir : « La police doit empêcher cela dans l’avenir. Les autorités suédoises doivent élaborer une loi et imposer des amendes appropriées à de tels actes. Nous demandons à la police et aux procureurs d’être prêts à faire face à nouveau à des comportements intolérables de Paludan et le tribunal doit déterminer si l’interprétation du concept de liberté d’expression, dans la loi en vigueur en Suède, est correcte ou non ». La semaine dernière, à Ankara, lors d’une conférence de presse conjointe avec le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu, le Secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a lui aussi condamné vigoureusement l’autodafé du Saint Coran, tout en se félicitant du « signal positif » qu’envoie sa condamnation sans réserve par le Premier ministre suédois Ulf Kristersson : « Brûler un livre saint est un acte honteux, et dans ce contexte, je comprends les sentiments des musulmans en Turquie et dans le monde, j’ai donc fermement condamné cet acte », a-t-il martelé.